Faith
La porte s'ouvre dans un léger grincement. Je me dirige vers la salle de bain, et le contact de l'eau froide contre ma peau me tire doucement des brumes du sommeil. Chaque goutte qui glisse le long de mon visage semble me ramener à la réalité.
Dans le salon, la lumière du matin danse à travers les rideaux tirés, projetant des ombres mouvantes sur le sol. Alban est étendu sur le canapé, son torse nu se soulevant lentement au rythme de sa respiration. La couverture, négligemment jetée, ne couvre que ses jambes, laissant à découvert sa peau. Son avant-bras repose sur son front, et sa bouche est légèrement ouverte.
Un sourire m'échappe.
Nous avons inversé les rôles, apparemment.
Quelques jours plus tôt, c'était lui qui veillait sur moi, ses yeux posés sur mon visage endormi, comme s'il tentait de déchiffrer un mystère. Je me souviens encore de la sensation étrange de son regard sur moi, cette conscience de sa présence à quelques pas, assis sur une chaise, silencieux.
Une idée saugrenue que de m'observer ainsi, une idée qui, à chaque fois que j'y pense, me laisse un goût de gêne.
Qu'est-ce qui avait bien pu lui passer par la tête pour qu'il choisisse de me regarder ainsi ? Que cherchait-il à comprendre ou à ressentir ?
Ces questions me hantent encore, bien que je sache que je n'aurai probablement jamais de réponse. Peut-être qu'il s'agissait simplement d'un moment de curiosité, ou d'un désir inexpliqué de me voir vulnérable. Ou, peut-être que je me fais trop d'idées.
Je détourne les yeux de son corps étendu, juste au moment où il se tourne, enfouissant son visage contre les coussins, comme pour se cacher de la lumière du jour ou de mes pensées errantes. Un soupir m'échappe, presque inaudible, et je me dirige vers la cuisine, où je me sers un verre d'eau. Je m'installe à table, le verre froid entre mes mains.
L'horloge sur le mur indique huit heures moins le quart.
Je me suis levée si tôt pour pouvoir retourner chez moi, récupérer quelques affaires oubliées. Cette routine de laver à la main le même uniforme chaque soir commence à me peser.
Peut-être que Sara sera à la maison, mais à neuf heures, mon père, lui, sera sûrement déjà parti, absent comme toujours.
Je reste un moment assise là, immobile, écoutant le tic-tac régulier de l'horloge qui semble marquer le passage du temps. La maison est silencieuse, presque trop. Je prends une longue gorgée d'eau, et le froid du liquide contre ma langue me ramène à la réalité.
Un grincement soudain émanant du canapé retient immédiatement mon attention. Je tourne la tête d'un geste brusque et aperçois Alban, assis là, la bouche légèrement ouverte, le souffle court et saccadé, comme s'il avait été réveillé d'un mauvais rêve.
D'un mouvement instinctif, je me lève et me dirige avec empressement vers lui, mes pas résonnant sur le parquet. Une inquiétude s'empare de moi.
— Alban ? murmuré-je doucement, en posant une main tremblante sur son épaule. Je... Je vais t'apporter un verre d'eau.
Il reste silencieux, son regard fixé sur un point invisible devant lui, perdu dans un vide qui m'échappe. Sans attendre sa réponse, je saisis le verre d'eau qui trône, oublié, sur la table. Je m'agenouille à ses côtés, le cœur battant, mais avant même que je ne puisse lui tendre le verre, il m'attire soudainement contre lui, ses bras m'enveloppant dans une étreinte à la fois désespérée et protectrice.
Je reste figée, surprise par cette proximité inattendue, puis lentement, je l'entoure à mon tour de mes bras, serrant son corps contre le mien. L'espace d'un instant, le temps semble suspendu, ne laissant que le tic-tac régulier de l'horloge et le ronronnement discret du frigo pour nous rappeler que nous étions encore dans cette réalité.
VOUS LISEZ
Forgotten Memory
RomanceDans le quotidien de Faith Davis, la solitude est une compagne constante, une ombre qui la suit où qu'elle aille. Elle serait prête à tout pour être aimée par les autres, mais semble toujours échapper à leur affection. Pour Alban Johnson, ce sont le...