Million Dreams - Moriarty (OS Albert)

▪︎ One-Shot

"And I kept runnin' for a soft place to fall, And I was runnin' far away, Would I run off the world someday ?

But no, take me home, Take me home where I belong, I got no other place to go" : Runaway - Aurora

𖥸

Le jour où Albert descendit du fiacre pour plonger ses deux pieds dans la terre sèche qui meublait la route en face de l'orphelinat, cela faisait presque dix ans qu'il y avait rencontré ses frères. Le brun remerciait le cocher alors que la poussière s'élevait à ses jambes.

Malgré son adolescence tumultueuse et le fait qu'il soit désormais lieutenant-colonel dans l'armée, Albert n'avait jamais cessé de se rendre à l'orphelinat dès que l'occasion se présentait. Pourtant, l'atmosphère était différente aujourd'hui. Peut-être à cause de la date, ou peut-être était-ce à cause du bruit.

Les rires des enfants. Il y en avait bien trop. Non pas que le jeune homme leur souhaitait malheur, mais habituellement, les enfants d'ici n'étaient pas aussi bruyants.

Albert retira son chapeau qu'il garda en main tout en passant le portail. Les religieuses présentes à l'extérieur qui s'occupaient de l'endroit vinrent l'accueillir, comme à leur habitude, un sourire irradiant leurs visages.

Aussi étrange que cela soit possible, le jeune homme continuait de trouver du réconfort dans ce lieu éloigné de la ville, mis à l'écart de la société. Car il n'existait pas d'autres endroits qui l'aient jamais fait se sentir aussi vivant.

Un endroit où l'hypocrisie ne régnait pas encore, où l'image que l'on donnait n'était pas importante. Un lieu où il pouvait réellement aider, étant donné que son plan avec ses frères n'avait pas encore commencé. Il savait qu'il faudrait attendre encore quelques années de préparation.

-Dans l'autre sens Lizzie ! hurlait un enfant, coupant court à ses pensées.

Dans l'herbe un peu plus loin à sa gauche, deux cercles d'enfants qui se tenaient les mains étaient formés. Un plus grand encerclait le petit. Tandis que le premier tournait dans le sens des aiguilles d'une montre, l'autre effectuait l'inverse.

-A droite !

Mais parmi ces enfants se tenait une adulte. Une jeune femme qu'il n'avait jamais vu à l'orphelinat. Elle se trouvait dans le grand cercle, traînée dans un sens par les enfants qui chantaient une mélodie à travers leurs rires. Et du sien.

Les religieuses n'avaient pas besoin d'entendre sa question silencieuse, alors qu'il ne quittait pas les enfants des yeux.

-Lady Elizabeth Weeler, Monsieur. Lady Weeler vient de façon presque quotidienne depuis trois mois maintenant. Les petits l'aiment beaucoup, et ses contributions nous aident énormément.

Et bien qu'Albert rêvait d'une société sans classes, il ne put s'empêcher de se demander pourquoi une dame de la noblesse dansait de manière insouciante avec des orphelins, pieds nus dans l'herbe qui tachait sa robe rose pâle. Il ne saurait dire par ailleurs la couleur précise de ses cheveux détachés et maintenant désordonnés, bruns ou roux.

-Non à gauche maintenant ! Lizzie !

-Attention ! criait-elle à son tour. Le premier mot qu'il entendit d'elle.