« Ça va mieux ? »
Erun'Hak n'entend cette question qu'à moitié, plongé dans un état second de calme et de plénitude. Sa thérapie dure depuis presque un an et chaque séance est toujours aussi salvatrice. Son esprit peut s'égarer vers des pensées plus saines et son corps se détendre.
Assis aussi confortablement que possible sur sa chaise de fortune, unique commodité à laquelle il a droit durant ses séances, il porte les vêtements réglementaires gris et ternes des détenus du centre pénitentiaire de Condé-sur-Sarthe. Il entrouvre péniblement les yeux et perçoit le plafond de béton de sa cellule, puis le visage félin de celui qui, une fois par semaine, lui rend visite afin de lui prodiguer son soutien.
Ses iris d'un rose sublime, caractéristique de la race des Bastet'Kas, lui offrent une vue enchanteresse. Il les a toujours trouvés beaux. Leur corps fin et élancé, leur manière de se mouvoir, gracieuse et fluide, leur visage de chat rayonnant de bonté. Ces séances, qui constituent le seul contact qu'il a avec le monde extérieur, sont une bénédiction pour lui, un lien avec le réel qui l'empêche de sombrer dans les abysses de la solitude.
Mais cette fois, l'Essence de son bienfaiteur le laisse dans un état plus passif que d'habitude. Le Bastet'Ka a été généreux dans l'utilisation de son énergie vitale, qui parcourt maintenant chaque membre du détenu.
« T'y es pas allé de main morte... dit Erun'Hak calmement.
— Je pense que tu en avais besoin.
— Tu parles, ça m'a sonné. T'es sûr que tu sais ce que tu fais ? demande-t-il d'un ton sarcastique, un léger rictus affichant ses canines.
— Tu oublies qui m'envoie prendre soin de toi. Si les dirigeants de la Nation m'ont choisi, c'est parce que je sais très bien ce que je fais, lui répond-il en haussant les sourcils.
— Mouais. Je préférais la mignonne qui venait avant toi.
— Et bien peut-être que si tu n'avais pas fait n'importe quoi avec elle, elle serait encore en train de s'occuper de toi aujourd'hui, et je n'aurais pas à supporter ton attitude ingrate. »
Erun'Hak se tait quelques instants. Ses yeux se ferment alors qu'il prend une lente inspiration. Le Bastet'Ka passe derrière lui et appose doucement ses mains sur son crâne et sa tempe, continuant d'infuser son Essence.
« C'est vrai, j'ai déconné. Hey, le prends pas personnellement, d'accord ? lui demande-t-il avec une sincère sympathie. Tu sais que je te respecte pour ce que tu fais.
— Ne t'en fais pas, je ne vais pas me vexer pour si peu. Après tout, on est presque amis, non ?
— Presque, lui répond-il avec un timide sourire. Bon, des nouvelles de la Nation Ash'Keth, quelques potins à partager ? Comment ça se passe pour vous, là-bas ?
— Les choses s'arrangent. Des accords sont en cours de négociation avec les humains concernant l'échange de l'Essence. Cela nous permettra de réveiller nos frères et sœurs en stase. Les Dirigeants ont bon espoir.
— Et toi, t'en penses quoi ? lui demande-t-il en relevant les yeux vers lui.
— Si cela permet d'éviter de nous ingérer dans leurs conflits armés, je suis pour.
— En parlant de conflits, t'as des nouvelles ? » demande-t-il avec une certaine excitation.
Son compagnon félin soupire avant de répondre.
« Les guérillas entre l'Alliance des Pays de Centrafrique et les groupuscules terroristes au Cameroun touchent à leur fin. Avec nos frères et sœurs dans leurs rangs, l'APC est sûre d'être victorieuse.
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Black Coats #1 : Improductifs
Ciencia FicciónFrance, 2091. Après avoir fui leur planète d'origine, des exilés Ash'Keths, extra-terrestres humanoïdes aux caractéristiques animales, se sont installés sur Terre et y cherchent leur place. Suivez les péripéties de quatre d'entre eux, jugés improduc...