Chapitre 6 : Mémoire de Pragma : Les larmes du Phénix.

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Notes de l'auteur : La vie est trop courte, alors n'attendez pas qu'elle vous le prouve.

Quelques jours plus tard. J'étais dans l'enclos en train de tondre les Safojons, lorsque ma mère arriva relativement énervée.

— Je peux savoir ce que tu fous ici ?

Je pivotai brièvement ma tête et vis ma mère, le visage fatigué, ses cheveux ondulés désordonnés et ses yeux animés par l'agacement.

— Maman, tu devrais être au lit. Les médecins viendront te chercher demain pour te faire passer des examens à Estajos. Tu dois te reposer. Dis-je en reprenant ma tâche.

— Ce n'est pas toi qui vas me dire quoi faire. Maintenant, retourne-toi et regarde-moi quand je te cause.

Je me tournai vers elle, décelant la colère dans son regard et dans sa voix.

— Si tu souhaites parler de papa, je suis réellement désolé de ne pas avoir pu être là. Je m'efforcerai de faire au mieux pour le remplacer à la ferme. Déclarai-je d'un air morose.

— Mais on n'a pas besoin de toi ici ! Pourquoi tu as démissionné ? Il y a des stagiaires et ton oncle qui nous aide. Tu vas donc m'accompagner à Estajos demain et tu reprendras du service avec ton équipe.

— Non maman, j'ai pris ma décision affirmai-je fermement, serrant la tondeuse pour contenir l'émotion qui montait en moi. Je vais rester ici.

— Il en est hors de question ! S'écria-t-elle en toussant violemment.

Je me précipitai pour la soutenir, mais elle repoussa ma main.

— Calme-toi, maman. Tu dois te reposer. Tu sais aussi bien que moi que c'est le mieux pour la ferme. Tonton ne pourra pas constamment être là, surtout qu'il n'a jamais su s'occuper des bêtes. Et même si les stagiaires dépannent, cela est loin d'être suffisant. Sans oublier que ton état de santé t'empêche de travailler pour le moment.

— Je ne veux rien savoir. Ton père n'aurait, en aucun cas, toléré que tu renonces à être zoologiste pour cette raison.

— Je ne comptais pas le rester indéfiniment. J'envisageais d'occuper ce poste durant une dizaine d'années, jusqu'à ce que papa et toi ne parveniez plus à gérer la ferme. À ce moment-là, j'avais déjà pris la décision de récupérer le flambeau, car cette ferme était tout pour papa et elle représente aussi beaucoup pour moi.

Je vis la douleur passer sur son visage, ma décision concernant mon avenir allait à l'encontre de la sienne et de celle de mon père et elle ne pouvait pas le concevoir.

— Elle a beau être précieuse à tes yeux, tu étais en train de vivre ton rêve, ce qui n'est pas donné à tout le monde. C'est du pur gâchis.

— Les rêves ont tous une fin et le mien s'arrête malheureusement plus tôt que prévu. L'important pour moi, c'est que la ferme puisse rester un héritage dans notre famille.

— Ce n'est pas ton rôle de penser à tout ça. Ton père souhaitait la vendre une fois que nous n'aurions plus été en état de nous en occuper. La seule chose qui comptait pour lui, c'était de vous soutenir dans vos choix, celui d'être vétérinaire pour Luna et zoologiste pour toi.

— On en reparlera après tes analyses, maman. Mais pour le moment, la ferme a besoin de moi. Et toi, tu es dans l'obligation de te reposer.

C'était bien la première fois que je voyais ma mère dans cet état. Elle savait que quoiqu'elle pourrait dire, cela ne changerait rien à mon choix et cela la rendait malade d'une autre manière qu'elle pouvait l'être. Je me serais moi-même donné des coups en me voyant lui parler ainsi, avec cet air de chien battu.

À la Recherche d'une LégendeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant