La rupture.
« Tu l'aimes ? »
Ses yeux dévièrent pour rencontrer la douceur marine qui transpirait de leurs photos de voyages.
« Oui, évidemment. »
Un sourire incertain se dessina sur ses lèvres, comme à la recherche de ce qu'il devait ressentir à cet instant. La nostalgie de ces moments heureux ? Le regret de l'avoir perdue ? Peut-être était-il trop tôt pour la nostalgie et trop tard pour les regrets.
« Alors, pourquoi cette rupture ? »
C'était vrai après tout, pourquoi ? C'était lui qui lui avait demandé de partir. Alors pourquoi fallait-il que ce soit lui qui souffre et elle qui s'épanouisse ?
« Elle ne m'aimait plus. Elle n'arrivait juste pas à partir. Tu la connais, elle déteste blesser les gens. »
Un soupir d'exaspération s'échappa des lèvres de son ami.
« Alors tu l'as aidée ? En la larguant tu lui as épargné la responsabilité de le faire ? »
Leurs yeux se rencontrèrent.
« Oui.
— Ce n'est pas juste ton égo qui a refusé qu'elle te lâche et qui a préféré fuir avant qu'elle ne parte ? »
On a tous un peu peur de l'abandon, non ? Même lorsque l'on sait que les choses sont éphémères.
Sa main tremblante attrapa l'un des cadres. Avec une minutie parfaite, il en épousseta chaque millimètre. Il sourit tristement avant de déposer le cadre dans la poubelle à déchets non recyclables.
✽
À venir et devenir.
« Qu'est-ce que tu comptes faire maintenant ? »
Le regard de la jeune fille la transperça de haine à l'entente de ses mots. Elle prit son sac et sortit sans se retourner.
« Alessa ! »
Elle ne se retourna pas. Elle marcha d'un pas déterminé jusqu'à la gare et prit le premier train. Destination : inconnue.
Enfin posée. Calme, seule, elle s'enfonça dans son siège.
Elle eut l'impression d'avoir oublié quelque chose, quelque chose d'important. Elle ne savait même pas si c'était une date, un évènement, quelque chose de matériel.
Alors elle fouilla son sac, se disant que peut-être elle se souviendrait de ce qu'elle avait oublié.
Pas de téléphone. Pas de clefs non plus. Et elle avait laissé son bracelet, le dernier cadeau que son père lui avait fait.
Elle n'avait plus rien à oublier maintenant.
Alors elle regarda par la fenêtre du train, le paysage défilait et l'emmenait loin.
Et la voix de sa mère continuait de lui demander « Qu'est-ce que tu comptes faire maintenant ? ».
✽
Réciprocité.
« Tu es magnifique. »
Elle le regarde, allongé dans le lit. Il ne lui répond pas, lui tourne le dos.
« Tu dors ?
— Non.
— Je t'aime. »
Il ne répond pas.
« Tu dors ?
— Non. »
Elle le sait. Elle l'a toujours sût. Mais jamais il ne lui dirait. Et jamais elle n'oserait admettre qu'elle le sait.
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Tribulations et bafouilles
RandomLivre pour toutes les choses qui n'ont rien à voir avec mes autres histoires. Peut contenir principalement des poèmes et des nouvelles.