Chapitre 7

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Avery

Si les caméras avaient réellement filmé la scène, je me serais faite l'immense plaisir de les mettre en ligne. Malheureusement, elles n'ont pas encore été activées par l'agence. Je continuerai à le lui faire croire aussi longtemps que possible. Il se pointe chez moi, m'agresse et m'accuse sans même avoir une seule preuve ? Je savais qu'il tenait un haut niveau de débilité mais là on a atteint un niveau supérieur.

On toque à nouveau à la porte, si c'est encore lui, c'est mon poing qu'il aura dans le visage et non la paume de ma main. J'entoure la poignée avant de la tourner pour l'ouvrir. Ces cheveux roux, ces yeux marrons, je commence à les connaître par cœur.

—   Tu viens aussi m'accuser de la vidéo qui tourne ? Accusais-je directement.

—   Euh...non, c'est quoi cette histoire ? Me réplique-t-elle avec un ton calme.

D'un geste de la main je l'invite à entrer, j'aime la personnalité d'Irina et je ne m'empêcherais pas de passer du temps avec elle à cause de son imbécile de frère.

—   Tu veux quelque chose à boire ?

—   Tout sauf un matcha. Me dit-elle avec un petit ricanement.

—   Café ? En lui souriant.

—   Parfait. Elle s'installe sur le tabouret autour du plan de travail de la cuisine.

Je prépare son café, mon matcha et m'installe face à elle. Nos sourires s'échangent. Elle ne me questionne pas mais attend mon explication. Je me lance sans vraiment réfléchir à mes propos, lui explique que son frère est venu quelques heures plus tôt pour énoncer ses doutes sur moi et sur ce que j'avais pu faire.

—   Il tient tellement à sa place dans l'équipe, tu sais... M'annonce-t-elle, mais ce n'est pas une raison pour venir devant chez toi et te parler ainsi.

—   Il se pourrait que je l'ai giflé, aussi.

Ses yeux s'écarquillent directement, un sourire se forme sur ses lèvres et son petit rire retentit quelques instants plus tard.

— Bien joué. Me dit-elle en riant. Jamais personne ne lui a tenu tête.

Ça je l'ai su dès le premier jour. Il n'accepte aucune remarque, tient des dires envers les personnes qu'il ne connait même pas.

—   J'ai peut-être une idée assez amusante pour te venger. Son doux sourire se transforme en un sourire démoniaque.

J'aime cette phrase, je ne suis pas du genre à me venger mais il le mérite. Si je peux m'en amuser un peu je vais le faire avec le plus grand des plaisirs.

—   Je t'écoute ? Lui demandais-je sans aucune hésitation.

—   Une bucket-list, je te fais une liste de tout ce qui l'énerve un maximum et comme il doit se tenir à carreau et ne plus faire de vague. Je pense que ça peut être très intéressant.

Je ne l'ai jamais autant aimé qu'à ce moment précis de ma journée, un avant-goût de ses réactions se forme automatiquement dans ma tête, ses réactions toutes plus drôles les unes que les autres.

—   Donc, je te fais aussi une petite bucket-list pour toi. Lui demandais-je.

Elle n'a pas l'air si d'accord que ça, j'ai bien vu comment elle regardait Trey l'un des membres de l'équipe de son frère. Elle a l'air de nature assez timide, bien qu'elle essaie de prouver le contraire. Je veux pouvoir l'aider.

—   Je pars demain pour deux-trois semaines, je dois terminer mon reportage sur les volcans avant la rentrée. Me réplique-t-elle. Mais je veux être au courant dès que tu coches une case de mes idées. On se lance, alors ? Insiste-t-elle.

Je lui tends ma main sans aucune hésitation, la sienne me rejoint et nous nous serons la main avec un sourire aussi diabolique l'une que l'autre. J'aime la tournure que prend mon été et ma nouvelle vie, ici. Nous ne pourrons être que de grandes amies après cette aventure que j'adore déjà.

Je sors une feuille blanche de la commode du salon, pose un pot avec de nombreux stylos de couleur au centre. Elle ne tarde pas à commencer sa liste. Irina enchaîne l'écriture de ses idées rapidement. Elle ajoute des petits carrés devant chaque phrase pour que je puisse les cocher. 

Nos sourires s'élargissent au fur et à mesure qu'elle note ses idées de plus en plus originales. Le café et le matcha refroidissent, oubliés devant nous, tandis que nous sommes absorbés par la bucket-list.

—   Très bien, voici quelques-unes de mes idées pour que tu puisses faire tourner mon frère en bourrique. 1 : Vider le réservoir de sa voiture, 2 : du sel dans son café, 3 : lui envoyer ton chien pendant un entraînement. Je peux t'assurer qu'il ne restera pas calme longtemps.

—   J'adore, et si j'ai d'autres idées tu m'autorises à les rajouter ? Lui demandais-je.

—   Bien sûr, ajoute tout ce que tu veux ! Plus c'est audacieux, mieux c'est. Me répond-elle en souriant.

Je hoche la tête, satisfaite par son enthousiasme. L'énergie positive entre nous rend l'atmosphère joyeuse et détendue, un contraste frappant avec l'affrontement initial. Le temps passe vite alors que nous échangeons des idées et des rires. Chaque suggestion semble plus inventive que la précédente, et nous prenont plaisir à imaginer les réactions démesurées d'Aaron.

—   Bon, je dois avouer que je suis impatiente de voir comment il va réagir. Dit Irina en regardant sa liste avec fierté. N'oublie pas de m'envoyer des nouvelles, je veux voir la panique dans ses yeux !

—   Compte sur moi, dis-je en lui faisant un clin d'œil.

Elle se lève, prête à partir et je la suis jusqu'à la porte. Nous échangeons un dernier sourire avant qu'elle ne passe le seuil.

—   Bonne chance avec ton reportage, amuses-toi bien et tu me donnes des nouvelles, d'accord ?

—   Merci, évidemment que tu auras des nouvelles et amuse toi bien avec mon frère ! me répond-elle en souriant.

Je referme la porte derrière elle, un sourire éclatant sur le visage. La journée a mal commencé mais se termine magnifiquement bien. Ce nouvel été promet des aventures palpitantes et je suis ravie d'avoir trouvé une nouvelle amie aussi amusante que moi.

Je retourne à la cuisine, mes pensées déjà tournées vers les plans que je vais mettre œuvre. Chaque idée me fait sourire, je sais que cette expérience sera mémorable. Ma vie ici ne m'a jamais paru aussi prometteuse qu'aujourd'hui.

J'ouvre le frigo et y sors le bac à légumes. Je dîne seule ce soir, encore. Depuis qu'on a emménagé ici, j'ai dû voir papa deux fois. Il est tout le temps au travail ou en déplacement. Je me demande encore pourquoi déménager était si important si c'est pour de toute manière n'être jamais à la maison.

Alors que je commence à éplucher les concombres, le bruit des petites pattes de Jolie Cœur se mettent à résonner sur le carrelage. C'est l'heure pour elle de faire un tour dehors. J'attrape la télécommande qui ouvre la baie vitrée. Jolie Cœur sort quasiment immédiatement pour se rouler dans l'herbe. Au moins, l'une de nous deux profite vraiment de ce nouveau départ. Moi, je me sens plus seule que jamais dans cette grande maison vide.

Je termine d'éplucher les concombres et les coupe en rondelles. J'y ajoute un peu de vinaigrette puis me sers mon dîner en m'installant à la table, seule face au silence. Dehors, la nuit commence à tomber, teintant le ciel de nuances rosées. Jolie Cœur finit par revenir, sa fourrure couverte de brins d'herbe. Elle s'assoit près de moi, espérant un petit morceau de concombre.

— Désolée, ma belle, ce soir c'est léger, dis-je en lui caressant la tête.

Je soupire et contemple mon assiette. Peut-être que ce n'est pas qu'une question de lieu ou d'environnement. Peut-être que c'est moi qui dois apprendre à trouver ma place, où que je sois.

Mon téléphone vibre à travers la poche de mon jeans, je l'attrape et le pose sur la table. Sûrement, enfin, une réponse de mes amies à New York. Raté, juste un rappel de mon application pour m'indiquer que mes règles devraient arriver d'ici quelques jours. Super, il ne manquait que ça à ma vie.

Mes amies ne me répondent plus, ma seule amie ici s'en va pour quelque temps faire un reportage. Mon père n'est jamais là. Et ma seule notification c'est quoi ? mes règles qui débarquent.

Amour à Contre-CourantOù les histoires vivent. Découvrez maintenant