Chapitre 10

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Louna avait été raccompagnée par un "ami".

Le regard de Maria à la vue du sourire de sa fille adorée pétillait d'enthousiasme. Elle venait de voir un jeune homme la déposer devant la maison. Elle ne savait qui c'était, mais si Louna souriait de cette manière, c'était qu'elle l'appréciait.

— Tu me le présentes ? lança-t-elle au moment où elle passa la porte.

Louna leva les yeux au ciel.

— Qui ça ?

Qui ça ? répéta sa Maria en la prenant dans ses bras, avant de déposer un baiser sur son front. Ton chauffeur !

— Maman..., répondit Louna en se décollant de sa mère. C'est Mathieu, il est à la thérapie avec moi.

Les mains jointes sous son menton, Maria ne réalisait. Sa fille allait toujours à ce groupe et, mieux encore, elle s'était faite un ami !

— Ooooh...

— Ne commence pas.

— J'ai rien dit.

— Je te vois venir.

— Je suis juste contente de voir que tu t'intègres dans ta nouvelle université.

La remarque de Maria se voulait attendrissante, mais elle eût pour effet de braquer Louna. M'intégrer, tu parles.

— J'ai fait un malaise, confia-t-elle à sa mère en posant ses mains sur les tables. C'est pour ça qu'il m'a déposée. Rien de plus.

Le regard de sa mère s'attrista. Allait-elle guérir un jour ?

— Ma chérie... Viens, dit-elle en ouvrant ses bras que Louna rejoignit à la seconde. Ça va aller mieux, je te le promets.

— Je crois pas, Maman. J'essaie, pourtant, renifla-t-elle.

— Je sais... Je sais.

Elle n'avait pas la solution, et elle ne savait pas si ses paroles étaient véridiques. Évidemment, Maria voulait voir sa fille heureuse, mais comment, par quels moyens, elle ne pouvait pas le dire. Elle s'inquiétait plus qu'elle ne le montrait.

Louna se sentait de plus en plus à l'aise à la thérapie. Elle n'avait plus constamment la boule au ventre, sauf que Louise et Juliette entraient dans son champ de vision, se sentant toujours aussi coupable de ses paroles, mais aussi redevable du geste de la rousse. Mais de là à la remercier, elle n'en était pas prête. Après tout, si elle avait fait un malaise, c'était entièrement de sa faute.

Sauf qu'elle redoutait une chose : que Juliette étale ses problèmes devant tout le monde, y compris elle-même.

Louna ne se sentait pas légitime. Les autres souffraient réellement, alors qu'elle passait son temps à minimiser ses propres souffrances, convaincue qu'elle n'avait pas le droit de se sentir mal lorsque d'autres semblaient endurer des épreuves bien plus graves. Quand elle regardait Sami avec sa jambe en moins et qui respirait la joie de vivre, elle s'en voulait d'être comme ça. Elle s'en voulait d'être elle. Mais elle ne savait pas comment changer.

— Bonjour, bonjour ! s'écria l'animateur, faisant au passage sursauter l'entièreté du groupe.

— Salut, Dan. Qu'est-ce que tu nous prépares ? lança Léa en pointant du doigt les fiches qu'il tenait dans la main.

— Ça, dit-il en les levant au ciel, c'est ce que vous allez faire aujourd'hui... Une pièce de théâtre !

Le cœur de Louna menaça de s'arrêter. Une pièce de théâtre, avait-il dit. Théâtre, théâtre. Sa hantise. Sa plus grande peur lorsqu'elle était encore au lycée, les travaux de groupe, les activités... Ils étaient censés l'aider dans cette thérapie, pas le contraire. Elle ne pouvait pas le faire, c'était encore trop compliqué pour elle.

Apprends-moi à vivreOù les histoires vivent. Découvrez maintenant