Louna se sentait bien. Ses parents en étaient ravis. Elle ne leur racontait pas ses journées, mais son visage avait repris de belles couleurs et était surtout illuminé d'un beau sourire. La boule dans son ventre avant d'aller à l'école avait disparue.
Ça, c'était sans compter ce fameux jour.
L'étudiante se rendait à l'université, comme tous les jours depuis maintenant un mois. Son cours n'était pas le plus intéressant, mais elle s'accrochait. Ni ses parents ni ses camarades ne devait apprendre qu'elle avait encore une fois échoué. Ce n'était pas pensable pour la jeune femme. Ses camarades de classe ne lui avaient jamais adressé la parole et, évidemment, Louna ne l'avait pas fait en retour. C'était à peine s'ils avaient remarqué sa présence.
Parfois elle se surprenait à les observer et à se demander ce qu'ils pouvaient bien penser d'elle. S'ils se disaient qu'elle était bizarre ou peut-être même muette. À chaque de ses heures, elle restait stoïque sur sa chaise, à noter son cours, les yeux rivés sur son écran même lorsqu'il n'y avait rien à écrire. Croiser le regard de son professeur était la chose à éviter.
— Mademoiselle ?
Son professeur venait d'interpeller l'une des étudiantes présentes dans la salle, mais Louna ne leva pas les yeux. Il n'y avait pas de raison qu'il s'adresse à elle.
— Mademoiselle ? répéta-t-il d'un ton plus ferme.
La jeune femme se posa une question. Et si c'était à moi qu'il s'adresse ?
La cœur menaçant se sortir de sa poitrine, Louna osa lever la tête vers le professeur. À sa grande surprise, ses yeux étaient rivés sur elle, tout comme le reste de la classe. Elle se décomposa, les joues rouges de honte.
— Je peux savoir ce que vous faites ? demanda-t-il sèchement.
Louna essaya tant bien que mal de sortir un son de sa bouche, mais elle en fut incapable. Elle était tétanisée. Ses membres étaient comme paralysés.
— Si vous n'avez pas envie d'être là, vous pouvez partir.
Sa gorge se noua. Les larmes lui montèrent aux yeux. Elle discerna à peine les rires de ses camarades tant elle essaya de se contrôler. On lui avait souvent fait une telle remarque, comme quoi elle n'était pas investie, qu'elle était nonchalante et qu'elle ne s'intéressait pas à ce qu'on lui racontait. C'était faux. Louna était simplement si paniqué à l'idée d'être entourée d'inconnus qu'elle ne bougeait pas, ne sachant pas comment réagir.
Aucune réponse ne sortit de sa bouche. Si elle l'avait pas, ses larmes auraient coulé dans la seconde.
Puis son professeur a repris son cours, comme si de rien n'était. Mais cette fois-ci, Louna ne voulait plus être là. Le bruit des doigts sur les claviers, cette phrase qui se répéta incessamment dans sa tête, accompagné du rire des autres. Sa tête allait exploser. Non, tout son corps allait exploser.
Elle essaya de se concentrer, en vain. Ses pensées devinrent de plus en plus étouffantes, au point que Louna se décida à faire ce qu'il y avait de mieux pour elle, même si cela signifiait s'humilier une nouvelle fois devant tous ces inconnus. Pour se donner le courage de se lever sous leurs regards et de prendre la porte, elle se dit que, de toute façon, elle ne les reverrait jamais. Qu'elle allait enfin abandonner, comme d'habitude.
Alors, tout en retenant ses larmes, elle s'exécuta sans tenir compte des réprimandes du professeur.
Une fois dans le couloir, la jeune femme ne pleura pas. Elle se sentait nulle et incapable. Cela faisait plusieurs jours qu'elle ne l'avait pas pensé, et cette pensée lui brisa un peu plus le cœur. Finalement, rien n'avait changé.
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Apprends-moi à vivre
RomansaUne thérapie, des étudiants, des souffrances et de l'amour : le cocktail parfait !