Chapitre 21

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— Louna, attends !

La jeune femme s'était ruée vers la cage d'escaliers dès la fin de la thérapie. Fuir, voilà ce qu'elle voulait faire. Mais les pas derrière elle se firent de plus en plus bruyants, jusqu'à ce qu'une main se dépose sur son épaule.

— Laisse-moi tranquille, dit la blonde en s'en dégageant.

— Louna, s'il te plaît.

La mâchoire crispée, l'étudiante se retourna pour affronter Juliette.

— Quoi ? cracha-t-elle sèchement.

La main sur la nuque, la rousse chercha ses mots, ce qui ne lui ressemblait absolument pas.

— J-Je suis fière de toi.

Louna souffla du nez tant cette phrase ne lui sembla pas sincère, puis tourna les talons pour s'en aller, mais la main de la rousse la retint à nouveau.

— Ne me touche pas ! hurla-t-elle.

— Écoute-moi, s'il te plaît.

— T'écouter pourquoi, lança Louna en lui faisant désormais face. T'écouter dire que tu te fous de moi depuis le début ?

Les lèvres pincées et les yeux devenus humides, Juliette observait son amie, impuissante. Elle lui avait fait du mal, elle le savait et voulait se rattraper, mais Louna n'avait pas l'air ouverte à la discussion.

— J'aurais pas dû te laisser, mais j'avais pas le choix.

Louna rit nerveusement. J'avais pas le choix, se répéta-t-elle à elle-même.

— J'ai fait une erreur, ça se reproduira pas.

— Moi aussi j'ai fait une erreur, dit la brune en la regardant droit dans les yeux, même si des larmes s'échappaient de ceux-ci. Ne me parle plus jamais. Retourne te moquer de moi avec Alex.

Puis elle s'en alla définitivement, sans remarquant que Juliette aussi pleurait.

Juliette : On peut parler ?

Le reste de la journée avait semblé interminable pour Louna. Elle en voulait toujours à Juliette, et elle ne comptait pas lui pardonner. Alors lorsqu'elle vit cette notification s'afficher sur son téléphone, elle le retourna immédiatement.

— Tu manges pas ? dit son père en voyant qu'elle n'avait pas touché au repas qu'il avait préparé avec amour.

— J'ai pas faim.

— Lou, intervint sa mère. Tout s'est bien passé à l'école ?

Un seul hochement de tête comme réponse, ce qui ne suffit pas à soulager ses parents, au contraire.

— Tu peux nous parler, tu sais ?

Juliette : Je suis désolée, je te le promets. J'ai fréquenté Alexia un moment, mais c'est terminé. Je lui ai dit de plus s'en prendre à toi, c'est pour ça que je suis partie avec elle.

Son téléphone ne cessa de vibrer, au point que Maria et Marc se demandèrent de qui il pouvait bien s'agir, et si cette personne était la cause du mal-être de leur fille. Mais sans un mot, Louna attrapa son téléphone et se leva de table. Elle en avait assez d'elle, de Juliette, des questions.

Dans sa chambre, plutôt de finalement répondre à ces messages incessants, elle se glissa sous sa couette et repensa à cette soirée, réalisant deux choses. Premièrement, qu'une fois de plus elle avait été naïve et stupide. Mais, là est le plus déconcertant pour elle, elle comprit qu'elle ressentait quelque chose pour Juliette, et chose bien plus profonde que ce qu'elle tentait de se convaincre. Jamais Louna n'avait été amoureuse de qui que ce soit et, maintenant que c'était le cas, il fallait que ce soit sur une personne qui n'en a rien à faire d'elle et de ses sentiments. Son cœur n'était qu'un égoïste.

Le téléphone continuait de vibrer, mais Louna l'ignora. Elle ne voulait pas lire les messages de Juliette. Elle ne voulait plus rien avoir à faire avec elle.

Plus tard dans la soirée, alors que la maison était plongée dans le silence, Louna décida de répondre à la notification, même si c'était pour exprimer sa colère.

Louna : On n'a rien à se dire. Laisse-moi tranquille.

Quelques minutes plus tard, une nouvelle notification s'afficha.

Juliette : Je voulais pas te faire de mal.

Elle posa son téléphone sur sa table de chevet, épuisée par sa journée. Tout en fixant le plafond, elle se perdit dans ses pensées. Pourquoi fallait-il que cela arrive maintenant, alors qu'elle commençait à se sentir bien parmi ses amis et qu'elle commençait à surmonter ses propres démons.

Le lendemain, à l'école, l'atmosphère était lourde. Les regards curieux des camarades semblaient peser sur Louna. Elle les évitait autant que possible, concentrée sur ses cours et sur l'objectif de maintenir une façade impassible.

Juliette essaya plusieurs fois de s'approcher, mais Louna lui lançait des regards glaciaux, la dissuadant de continuer. Les choses semblaient brisées entre elles.

Au fil des jours, Louna se renferma encore plus sur elle-même. Les Survivants, bien qu'inquiets, respectaient son besoin d'espace. Dan, conscient de la situation, essayait d'apaiser les tensions lors des séances de thérapie, mais il ne pouvait pas forcer Louna à partager plus qu'elle ne le voulait.

Mais, le pire, c'était Juliette. Elle ne s'était pas présentée à la thérapie depuis trois jours maintenant. Et les jours d'avant, son état s'était dégradé pour une raison que tout le monde ignorait.

Apprends-moi à vivreOù les histoires vivent. Découvrez maintenant