Chapitre 1 - MOON *

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Mon propriétaire frappe comme un bourrin à la porte d'entrée de ce qui sera bientôt plus mon appartement, si je ne lui verse pas son fichu loyer du mois. Aujourd'hui dernier délai.

- Mademoiselle Dechinel ! hurle-t-il derrière la porte. Je sais que vous êtes là. Je vous préviens, je vais appeler les huissiers. Vous avez quinze jours de retard pour le paiement !

Je lève les yeux au ciel. Combien de fois devrais-je lui rappeler que mon nom de famille, ce n'est pas Dechinel mais Deschanel. Moon Deschanel.

- Quel con ! dis-je avant d'ouvrir la porte d'un geste brusque, une enveloppe remplie de cash à la main, plus de la moitié de mes économies du mois. L'argent qu'il me reste servira à payer deux autres factures et à faire une course, en n'achetant que des produits alimentaires de sous marques, bourrés d'additifs en tout genre. Manger cinq fruits et légumes par jour, idéalement bio, n'est pas à ma portée. Heureusement que les pâtes existent, même si je ne peux plus me voir cet aliment en peinture.

Je tends l'enveloppe à mon propriétaire, qu'il s'empresse de récupérer, l'air gêné.

Merde, je suis en sous vêtement ! Quelle cruche !

Trop exaspérée par son vacarme, j'ai oublié d'enfiler ma petite robe noire, posée sur mon lit, dénichée sur un site de vêtements de seconde main. Ma tenue du jour pour aller travailler, assortie d'une paire de bottines. Pour ces deux articles, j'en ai eu pour moins de dix dollars, frais de livraison compris. Une bonne affaire, je trouve, vu l'état des vêtements qui, certes, ne sont pas neufs, mais en bon état. Mon armoire ne contient que des vêtements d'occasion, trouvés sur ce site ou dans des friperies. Mon budget vêtement est très limité, et certains mois, inexistant.

Étant presque à poil, je cherche un prétexte en observant mon propriétaire, avec son look de mafieux des années quatre-vingt-dix.

- Quoi ?! Vous n'avez jamais vu une femme en lingerie ? dis-je, feignant d'assumer le peu de tissu qui recouvre ma chair. Alors qu'en réalité, j'aimerais lui claquer la porte au nez, à cause d'une énième crise d'angoisse que j'arriverai à calmer après plusieurs minutes de cohérence cardiaque. - Faut dire que vous frappiez si fort à ma porte que j'ai cru qu'elle allait s'effondrer sur le sol. Il fallait donc que je choisisse rapidement entre, vivre dans un appartement sans porte d'entrée ou m'habiller !

Je déteste ma vie !

J'ai l'impression que c'est juste une succession d'épreuves difficiles et de régularisation de factures avec des dates d'échéances. Pourtant, c'est l'appartement le moins pourri dans lequel j'ai vécu, alors je ne tiens pas à être expulsée.

Après m'avoir reluquée des pieds à la tête, il commence à parler, mais je peine à comprendre cet imbécile qui bégaie. Et puis, aujourd'hui, comme hier et tous les jours précédents, je n'ai envie de voir personne. La première obligation qui m'oblige à sortir est ce travail merdique que j'ai réussi à dénicher à plus d'une heure de chez moi en métro : un job de serveuse dans une cafétéria, située dans un quartier d'affaires chic de Manhattan, où il n'y a que des pingouins de financiers avec leur costume sur mesure. La deuxième raison est alimentaire. Enfin, la dernière, qui n'est pas vraiment une obligation, est pour voir ma meilleure amie, Olivia, qui habite dans l'immeuble d'en face.

Olivia connaît "presque" tout de ma vie, et je sais tout de la sienne. Elle est la sœur que je n'ai jamais eue, un peu moins lorsqu'elle me parle de ces missions occasionnelles, qu'elle appelle... les "extras de luxe". J'ai déjà fait ces fameux "extras" quand je n'avais plus trop le choix, par crainte de me retrouver à la rue. Mais cette année, je ne veux pas retomber dans ce genre de travers.

MOON AND THE STARS - T1 SOMBRER (En Réécriture) Où les histoires vivent. Découvrez maintenant