La pluie s'abattait avec force contre la fenêtre du bus. J'aime bien la pluie, c'est calme, tranquille, doux et permet à l'inspiration mélancolique de se créer. L'odeur de cigarette flottait pendant que mon casque brouillait le bruit assourdissant de la ville. Les douces paroles de
Un long frisson me parcourra le dos, quelqu'un m'observait, j'en étais sûre. Depuis plusieurs jours, je me sentais observé par quelqu'un ou quelque chose, ce n'était pas un bon présentiment. Je regardais discrètement autour de moi, essayant de chercher le regard de ce qui m'observait, mais rien, juste un des tas de chair et dos focalisé sur leurs écrans bleus, enfant, adulte comme vieillard. Cette génération me fille la gerbe.
Le bus se mit soudainement à freiner sec. Me sortant de ma rêverie, je descendis en emportant mon sac avec moi. J'enfourrai mes petites mains rougies par le froid dans les poches de ma large veste et j'enfonçais mon bonnet en laine noir sur mes courts cheveux d'un blanc polaire. Le froid me fait faire de la fumée avec mon souffle court, ce sentiment d'être observé ne me quitte pas jusqu'à ce que le bus part. Aujourd'hui est mon premier jour en seconde. Je n'ai pas envie de foirer, je n'ai pas envie que ce salopard qui sera du même lycée me nique encore une fois mon année scolaire. J'ai assez donné de ma personne et de ma santé mentale. J'avance d'un pas prudent vers la liste, là où tous nos noms sont affichés avec notre classe.
J'ai fini à Clémenceau, un lycée d'une charmante ville nommée Reims, dans le Nord-Est de la France. J'ai passé toute ma sombre petite enfance dans un petit village, me retrouver subitement en ville, entouré de pleins de gens me met mal à l'aise. Ma mère sera là dans 20 minutes pour m'apporter ma valise avec mes affaires pour l'internat, je me mis en route tranquillement vers l'internat qui est hors du lycée. En réalité, il y en a deux, un pour les secondes et les premières qui le partage avec les élèves de Libergé, et un autre dans l'enceinte du lycée pour les terminales et les étudiants en années supérieures.
Bonjour l'enfer de la collocation...