V-CARB RB 25 - Daniel Ricciardo

Chapitre 31

J'avais finalement passé tout mon week-end à Paris. Le vol avait été reporté à dimanche, en fin de matinée. J'en avais profité pour jouer les touristes au maximum, m'habillant au plus chic et visitant tous les monuments, une baguette sous le bras. Puis j'avais fait mes valises pour aller jusqu'à l'aéroport Charles de Gaulle, où le jet privé m'attendait sagement.

Je profitais du vol, et du merveilleux Wi-Fi intégré gratuitement, pour rouvrir mes réseaux sociaux après de longues semaines. Je les avais passés en privé, avant de tous les supprimer sauf Instagram, trop attachée à celui-ci pour m'en séparer. Ah, technologie quand tu nous tiens. J'avais aussi fait du tri dans mon abonnés, bien que je n'en ai à la base qu'une cinquantaine, maintenant il n'y avait plus que Rosie et mes amis pilotes. Je réalisais d'ailleurs qu'ils étaient les seules personnes à partager ma vie, et je vacillais entre l'idée de trouver ça triste ou non.

Le décollage s'était fait à midi pétantes, et il ne restait maintenant que trente minutes avant d'arriver au petit aérodrome non loin du circuit de Zandvoort. Le stress montait doucement en moi, j'avais l'impression d'être passée à un tout nouveau chapitre de ma vie, comme si j'étais maintenant prête à accepter le bonheur que me procurait cette vie dans le monde de la Formule 1. C'était ce qu'il se passait, au final. Je n'avais plus aucune attache négative avec mon passé, et je me sentais prête à écrire un tout nouveau livre, uniquement rempli de joie et de bons souvenirs, avec des nouvelles personnes chères à mes yeux.

Le jet se posa dans une légère secousse, et je remerciais l'équipage avant de quitter l'appareil. Le circuit était vraiment collé à l'aérodrome, les pilotes eux-mêmes y atterrissaient. En vingt minutes, j'avais passé la sécurité en scannant mon badge, et j'avais rejoint le garage Red Bull où tout le monde se préparait au lancement de la course. Les pilotes étaient alignés sur la grille, attendant le lancement du tour de formation. Adrian Newey était là, aux côtés des ingénieurs de course dans le petit bureau isolé dans une partie du garage. Je le rejoignis, et il m'accueillit d'un grand sourire.

_ Victoria ! Alors, dis moi tout ! Il me serra fort dans ses bras, et je sentis les larmes me monter aux yeux.

_ J'ai gagné Adrian, j'ai gagné !

_ Félicitations ma puce !!

Il me souleva dans ses bras pour me faire tourner dans les airs un court instant. Je me laissais faire, émue, avant de lui donner un dernier câlin.

_ File voir Christian, il vient de s'installer au pitwall.

J'acquiesçais et courais presque à l'extérieur, attrapant au passage un casque et une veste Red Bull que j'enfilais. J'attachais mes cheveux en traversant la pitlane, vérifiant bien que j'en avais l'autorisation, et je pointais discrètement aux côtés de mon patron, qui était concentré comme jamais sur les écrans devant lui. J'avais allumé mon casque sur la fréquence du muret, et alors que j'allais poser mes mains sur les épaules de Christian, la voix de Daniel me parvint en un doux grésillement.

_ Toujours pas de nouvelles de Victoria ?

_ Non. Concentre toi Daniel, deux minutes avant départ.

Un grognement mécontent fut sa seule réponse, et je me branchais alors sur la fréquence me reliant uniquement à Christian.

_ Apparemment elle vient d'arriver sur le circuit. Vous l'avez vue, vous ?

Il se tourna vers moi à une vitesse ahurissante, un air béat sur le visage. J'éclatais de rire et sautais presque dans ses bras, alors qu'il m'y serrait fort. Cette fois-ci, quelques larmes ne purent s'empêcher de couler sur mes joues, et j'eus un nouveau rire trempé de pleurs de joie.

_ J'ai réussi Christian, j'ai gagné le procès.

Je cru voir ses yeux se mettre à briller eux aussi, et j'essuyais mes joues avec un reniflement.