chapitre 1

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LE MURMURE DE LA PLUIE

Été 1995, Paris, la nuit était sur le point de s'installer, mais la chaleur persistait, offrant une douceur presque troublante à l'obscurité. La pluie tombe doucement, traçant des perles argentées sur les vitres et murmurant un chant apaisant dans la nuit silencieuse.
J'étais allongée comme à mon habitude sur ce banc en bois, usé et sale, couvert d'une vieille couverture fripée et de quelques coussins décolorés. Mes vêtements sont trempés, la pluie les ayant imprégnés de façon uniforme, collant le tissue à ma peau. Un vieux lampadaire éclaire faiblement mon corps, laissant dans l'obscurité une silhouette à peine visible.
Les passants défilent devant moi, ne remarquant point ma présence sur ce banc. Ils avancent rapidement, les regards fixés droit devant, sans prêter attention à ma silhouette endormie. Je les observe d'un œil fatigué, mais habitué à leur indifférence.
Je m'endors doucement, la fatigue prenant le dessus, bercée par le murmure apaisant de la pluie.
Quelques heures plus tard, je me réveille en sursaut à cause de la voix d'un homme qui résonne près de moi.

- Hé, réveille toi espèce de clocharde, c'est pas un coin pour dormir, dégage avant que je te bouge moi-même.

Malgré la lumière vacillante du vieux lampadaire, qui ne me permettait qu'une faible visibilité, je parviens à distinguer un jeune homme visiblement âgé d'environ 17 ans. Ses cheveux noirs, légèrement en désordre et plutôt longs contrastent avec ses yeux marron. Bien que son visage trahisse une jeunesse indéniable, son corp plutôt imposant révélait une force et une présence qui contredisaient son âge apparent. L'odeur persistante d'alcool, les cernes profondément marqués sous ses yeux laissent deviner qu'il rentre d'une soirée bien arrosée.

Son arrogance ne me touche pas. Je suis habituée aux personnes ivres qui viennent m'importuner simplement pour passer le temps.

- Écoute, lui dis-je, je n'ai pas à recevoir d'ordres d'un ivrogne. Va te faire voir et laisse moi en paix.

L'homme s'est rapproché de moi pour mieux observer ma silhouette, semblant surpris de constater que j'avais l'air d'avoir son âge. Il m'interroge alors, d'une voix curieuse :

- Comment se fait-il qu'à ton âge, tu te retrouves à dormir dehors comme ça ?

Je lui réponds d'un ton sec :

- Et comment se fait t'il qu'à ton âge, tu traînes encore dans les rues pour emmerder les gens ?Franchement, c'est pathétique.

- Pathétique ? Regarde-toi, à dormir dehors comme une sans-abri. Pendant que moi, je vais me coucher dans des draps soyeux, toi, tu resteras là, sur ton banc, dans ta misère.

Sa phrase me frappe comme un coup-de-poing, me laissant sous le choc, mais je ne parviens plus à pleurer. La cruauté de ses mots semble être devenue une constante dans ce monde, une douleur que j'ai appris à endurer.
En voyant mon visage sans expression, le jeune homme devant moi fronce les sourcils, l'inquiétude perçant à travers son ton brusque.

- Tu dors dehors tous les soirs ? T'as pas de famille ou quoi ?? Lance-t-il, sa voix dure masquant à peine son anxiété.

Je le dévisage avec plus d'attention, notant la coupe parfaite de ses vêtements de luxe. Je comprends alors qu'un homme comme lui, baigné dans l'aisance, ignore la portée de ses paroles et n'a jamais effleuré l'ombre de la misère.
Je le fixe encore un instant avant de répondre d'une voix froide :

- Oui, je dors dans la rue presque tous les soirs. Le reste, ça ne te regarde pas.

- Épargne-moi ton numéro de diva, c'est ridicule. Lâche-t-il avec mépris.

Voyant mon visage se durcir, il change de sujet et, avec un soupir, me demande :

- Et ton prénom, c'est quoi ?

- Alya.

- Moi c'est Nicolas. Merci de me le demander, c'est vraiment aimable de ta part.

La situation me paraît presque irréelle, et malgré la confusion qui m'envahit, je ne peux m'empêcher de ressentir un certain mépris à son égard. Je ressens un profond désir de dormir et l'espoir qu'il s'en aille rapidement.
Avec un soupir de dépit, je lui fais remarquer :

- Il se fait tard, tu devrais rentrer avant que papa et maman s'inquiètent pour leur petit fils chéri.

Nicolas acquiesce avec un sourire en coin,
affirmant :

- Absolument, je ne voudrais pas que mes parents s'inquiètent pour moi.

Après un moment de blanc et de gêne, le jeune homme rajoute avec assurance :

- Après, si tu veux, j'ai un lit deux places.

Je suis envahie par une colère brûlante, et ses propos me révoltent profondément.
D'une voix glaciale, je réponds :

- Je préfère crever ici que de mettre un pied chez toi, espèce de connard.

Nicolas éclate de rire bruyamment, se moquant ouvertement.

- C'était juste pour rigoler. Je n'avais pas l'intention de t'inviter. Tu fais pitié et honnêtement, tu es bien trop sale pour venir chez moi. Allez, je me casse.

Je le regarde s'évanouir lentement dans l'obscurité grandissante, sa silhouette se diluant peu à peu jusqu'à ce qu'il ne reste plus qu'un éclat lointain dans le voile de la nuit.
Après cette interaction, je sens la colère bouillonner en moi, rendant le sommeil presque impossible. Le stress me ronge également, car demain révélera le verdict du concours d'admission dans la faculté de mes rêves, la seule chance de m'échapper de ma réalité désespérée.
Après des heures de questionnements et de peurs, je trouve enfin le sommeil, bercée par le calme retrouvé. La pluie s'est arrêtée, laissant place à une sérénité nocturne où chaque goutte s'éteint dans le silence apaisant de la nuit.



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Ce premier chapitre est plutôt court juste pour voir si cela peut déjà vous plaire ou non. Donc n'hésitez pas à donner votre avis en commentaire ! Merci ;)
D'ailleurs, le chapitre 2 arrive dès aujourd'hui !

Entre Or Et ObscuritéOù les histoires vivent. Découvrez maintenant