𝒞𝒽𝒶𝓅𝒾𝓉𝓇ℯ 4

74 20 16
                                    

Mexico-Mexico City
05 Août
Villa de los Riveras
00:53





PDV: RUBY


Ça fait maintenant une bonne vingtaine de minutes que je fixe le plafond. Le sommeil me fuit, même si je me sens épuisée. Les pensées tourbillonnent dans ma tête, rendant impossible l'apaisement dont j'ai besoin. Demain, je dois être prête à 5h00 pour l'entraînement, pas une minute de plus.

Cette pression me pèse, et chaque minute qui passe me rapproche de l'heure fatidique. Je sais que je ne peux pas me permettre de faiblir, de laisser la fatigue prendre le dessus. L'entraînement est essentiel pour ma survie, un moyen de me préparer à affronter ce qui m'attend. Je tourne encore une fois dans mon lit, tentant de trouver une position confortable, mais l'angoisse de demain me garde éveillée.

Depuis mes 10 ans jusqu'à présent, ça a toujours été comme ça, et ça ne concerne que moi. Fernando, lui, n'a jamais voulu se battre ou blesser qui que ce soit, et le pauvre, il se faisait tabasser jusqu'à en perdre connaissance...

Il est même resté un mois dans le coma car, en plus d'être tabassé, on le privait de nourriture. Il n'avait que 9 ans. La patronne s'est peut-être dit que, comme c'est un garçon, il reprendrait les rênes.

Mais après cet incident, elle s'est montrée beaucoup plus distante avec Fernando. Il ne le dit pas, mais je sais qu'il en souffre. Cette froideur entre eux a creusé un vide dans son cœur, un écho de désespoir. Ce qu'il désire plus que tout, c'est que la patronne l'aime comme une mère aimerait son fils.

Il ne cherche pas de la pitié, juste une connexion, une affection qu'il a toujours connue et qui lui échappe maintenant. Chaque geste, chaque silence entre eux renforce sa solitude. Je le vois essayer de cacher sa douleur derrière un sourire, mais dans ses yeux, la tristesse est évidente. Ce manque d'amour le ronge, et je me demande combien de temps il pourra supporter cette distance avant que cela ne le brise vraiment.

Mais comme on le dit, la vie est injuste : on ne peut pas tout avoir.

De toute façon, moi, je n'ai jamais rien eu dans ma vie, et c'est mieux comme ça.

Je décide de me lever et d'aller dans la chambre de *mi hermano*. Je vous parie qu'il va me chasser, mais il ne peut pas résister quand je fais mes yeux de biche, et je suis certaine qu'il lit encore ses BD.

La chambre de Fernando n'est pas loin de la mienne. Il y a juste les toilettes et la première chambre d'hôte qui nous séparent. Cette chambre est à présent occupée par le chien du bras droit de ma mère depuis qu'il a sorti l'excuse que son ancien habitat était trop éloigné de la villa.

À ce qu'il paraît, ce pédophile aurait fait des blagues plutôt déplacées sur une mineure alors qu'il a plus de trente ans. Il fut emprisonné, mais ça n'a même pas fait deux heures qu'il a été libéré. Je me demande grâce à qui.

Alejandro Castillo, je ne vais pas mentir, je le hais. C'est un homme élancé, plutôt musclé, qui dégage une certaine prestance. Sa peau est blanche, et il a toujours les cheveux attachés en chignon, un style qui lui va bien. Je ne vais pas le nier, il est très beau, mais ça n'a aucun sens si tu n'as rien dans la tête.

Sa beauté n'efface pas son arrogance, ni le mépris qu'il peut afficher. Chaque fois qu'il croise mon regard, je sens une tension insupportable. Je sais qu'il est intelligent, mais son attitude hautaine me met hors de moi. Pour moi, il représente tout ce que je déteste dans ce monde : la superficialité et le manque de profondeur. Il a tout pour plaire, mais il ne comprend rien aux véritables luttes qui se jouent autour de nous.

RubyOù les histoires vivent. Découvrez maintenant