Ouverture : Les Hommes sont devenus des monstres

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Sous le clair de lune, des larmes roulaient sur les joues de l'adolescente qui, submergée par l'émotion, laissa échapper un son de détresse. Atone, elle se tenait ramassée sur le tapis rêche de la forêt, les épaules secouées de tremblements, tandis que la boue salissait les ongles de ses mains et de ses pieds nus.

— J'ai été mauvaise, sanglota-t-elle, ses bras entourant son corps frêle. Pardon ! Je sais que je suis souillée...

Ses oreilles bourdonnaient au rythme effréné du sang.

— Pourquoi es-tu souillée ? demanda la femme. Dis-nous, Darling.

— Je me suis offerte au péché... Je me suis soumise à Satan, et sa progéniture grandit en moi !

L'adolescente leva les yeux vers la femme qui répondit gravement :

— Tu as raison. Elle se répand en toi comme un cancer.

Celle-ci déposa un baiser sur le front de la jeune fille. Elle sourit, dévoilant ses dents, d'une blancheur surnaturelle, parfaitement alignées sur ses lèvres carmin.

— Pourquoi cet homme t'a-t-il violée ? enchaîna-t-elle. Pourquoi, Darling ?

À quatre pattes, l'adolescente sentit le regard de la foule et baissa les yeux, envahie par la honte. Son cœur tambourinait dans sa poitrine, comme un oiseau pris au piège.

— Parce que... souffla-t-elle.

Un sanglot plus puissant résonna jusqu'à la cime des pins de Jeffrey.

— Maman m'a dit que c'était ma faute... ajouta-t-elle. Tout est ma faute !

La femme pencha la tête, ses yeux bruns scrutant de manière analytique l'adolescente. Elle lui saisit le menton, relevant son visage.

— Je suis fière de toi, susurra-t-elle. Tellement fière de toi, Darling...

La femme se redressa, lissant sa tunique de coton blanc d'un geste de la main. Tous les visages étaient tournés vers elle, retenant leur souffle dans un silence magnétique. La Lune et ses ombres accentuaient son aura, alors qu'elle se tenait là, fière et élancée. Ses cheveux bruns flottaient en vagues sur ses épaules, ses yeux féroces scrutaient la foule pour jauger leur réaction.

— Nous allons sauver cette fille, déclara-t-elle. Ce soir, nous allons aider notre sœur. Nous devons détruire le mal qui ronge son âme ! Nous devons l'anéantir !

Sous les acclamations, la femme se frayait un chemin parmi les fidèles. Les étreintes et les baisers se multipliaient dans un élan passionné. Les yeux brillants, elle longeait les rangs, observant attentivement chaque visage qu'elle avait collecté durant les derniers mois. Certains lui souriaient chaleureusement, d'autres la fixaient sans broncher, et d'autres encore affichaient explicitement leur effroi.

— Je veux que chaque fille jette une pierre à notre sœur, annonça-t-elle. Je veux que chaque garçon aille derrière elle...

Disant cela, la femme retourna vers l'adolescente et souleva la robe qu'elle portait. Elle la remonta sur ses hanches jusqu'à ce que son visage disparaisse dans la masse de tissu fleuri, puis retira sa culotte.

— Je veux que chaque garçon de plus de seize ans vienne ici, reprit-elle en désignant le corps dénudé, et montre un peu d'amour à cette demoiselle.

Le silence se répandit comme une tache d'huile. Les regards inquisiteurs et les murmures remplacèrent les cris d'enthousiasme. Sûrement que certains étaient ravis de recevoir cet ordre. Car, parmi eux se trouvaient de véritables prédateurs. Quand vous appartenez au genre humain, vous connaissez inévitablement des monstres...

— Grâce à la reconstitution, poursuivit la femme, nous allons la libérer de ses peurs. S'il vous plaît, Messieurs, approchez et donnez-lui tout l'amour que vous portez en vous. Accordez-lui la délivrance qu'elle mérite.

L'adolescente tremblait sur la terre battue, ses fesses offertes à la nuit, ne distinguant plus rien que les feuilles sèches et les aiguilles de pins. Elle pleurait, croyant que cette femme essayait de l'aider, qu'elle était l'être humain le plus attentionné qu'elle ait jamais rencontré.

— Toi, lança la femme, tu vas commencer.

Le jeune homme qui venait d'être désigné fit un pas en avant. Il se dirigea vers l'adolescente, sentant sur lui tous ces regards comme des milliers d'insectes grouillants sous sa peau. Il s'arrêta derrière le corps et considéra avec un certain malaise ces cuisses blanches, écartées sous un rayon de lune. Il leva les yeux vers la foule, puis vers la femme, très peu sûr de ce qu'il devait faire.

— Vas-y ! enjoignit celle-ci d'une voix impérieuse. Tu ne veux pas aider ta sœur ?

Le jeune homme acquiesça timidement alors que certains chuchotaient, en transe :

« Aide-la...! Aide-la...! Aide-la...! »

Il étudia une fois de plus les fesses de l'adolescente avant de défaire son jean.

Animaux - Tome 1 (Sous contrat d'édition)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant