Chapitre 12

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"Tu te fous de ma gueule ?" cria une voix sévère, tranchante comme une lame. La femme à l'origine de ce ton glaçant, était d'une beauté époustouflante, presque irréelle. Ses longs cheveux noirs, lisses comme de la soie, encadraient un visage d'une perfection troublante. Ses traits fins et délicats auraient pu appartenir à une déesse, mais ce qui frappait le plus, c'était ses yeux. Deux perles noires, insondables, dans lesquelles on pouvait se perdre, mais aussi y déceler une profondeur de menace silencieuse. Ils captaient la lumière de la pièce d'une manière étrange, comme s'ils absorbaient toute l'énergie environnante.

Elle portait une tenue élégante, à la coupe impeccable, mettant en valeur un décolleté plongeant qui, loin de paraître vulgaire, soulignait la grâce naturelle de son corps. La robe, d'un tissu finement brodé, semblait épouser chaque courbe, accentuant sa silhouette élancée. La douceur de ses vêtements contrastait violemment avec le ton strict et impitoyable qu'elle employait. Elle n'était pas là pour s'amuser.

Face à elle, se tenait un jeune homme, presque recroquevillé sous l'intensité de son regard. Il portait un masque en forme de bec de corbeau, cachant la majorité de son visage, un chapeau couvrant le reste de sa tête, et une longue tenue noire, qui aurait pu être élégante en d'autres circonstances. Mais là, elle ne faisait que souligner la fragilité de sa position.

L'homme, tremblant légèrement, tourna un regard apeuré vers Munje, espérant y trouver un quelconque soutien. Munje se tenait aux côtés de la jeune femme, l'air grave mais résigné.

"Jumun, écoute..." commença-t-il, essayant de détendre l'atmosphère étouffante qui régnait dans la pièce. Mais avant qu'il ne puisse terminer sa phrase, la jeune femme, Jumun le coupa d'un ton encore plus tranchant.

"Toi, la ferme." dit-elle violemment.

Et au même instant, la gorge de Munje se serra brutalement, comme si une main invisible l'étranglait. Ce n'était pas une simple métaphore. Le pouvoir de Jumun, lié à son Essens, était celui du Commandement absolu. Chaque ordre qu'elle donnait se transformait en une loi inaltérable, une contrainte à laquelle personne ne pouvait échapper. La force de cette contrainte était telle que Munje, pourtant habitué aux situations les plus extrêmes, sentit son souffle se couper immédiatement.

Jumun n'avait même pas levé la main. C'était sa voix, seule, qui avait infligé cette punition. Ses ordres étaient irrévocables, et Munje, malgré sa stature et sa puissance, ne pouvait qu'obéir. Il porta instinctivement une main à sa gorge, ses yeux s'écarquillant sous l'effet de la douleur soudaine et de l'asphyxie.

L'homme en tenue de corbeau, voyant cela, devint encore plus pâle, si c'était possible. Il savait que face à cette femme, la moindre erreur pouvait lui coûter bien plus que sa fierté.

Jumun, quant à elle, ne semblait même pas prêter attention à l'effet de son ordre. Son regard, toujours aussi perçant, ne quittait pas l'homme masqué. La tension dans la pièce était palpable, une énergie lourde, oppressante, pesant sur chacun des participants à cette scène.

Elle s'avança d'un pas, et ce seul mouvement, bien que gracieux, semblait charger l'air d'une menace encore plus grande.

Jumun se tenait devant le jeune homme, Le reflet de la lumière des chandeliers en cristal accrochés au plafond dansait sur ses cheveux d'ébène, créant une aura presque éthérée autour d'elle. La pièce où elle se trouvait était d'une splendeur à couper le souffle, une parfaite alliance de luxe et de puissance.
D'un côté, un bureau imposant en bois sombre, orné de gravures délicates et surmonté d'une pile de documents impeccablement rangés. Une lampe ancienne, aux détails dorés et au verre finement ciselé, projetait une lueur douce sur les papiers, révélant l'ordre rigoureux dans lequel Jumun menait ses affaires.

Ostru: Fragments d'un Monde DéchuOù les histoires vivent. Découvrez maintenant