Chapitre 13

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"J'en fais ce que je veux, c'est mon fils, et ce n'est pas toi, sale petite pute, qui va m'empêcher de l'éduquer comme je le désire." La voix de l'homme résonnait dans la pièce avec une froideur qui glaçait le sang. Cet homme, massif et effrayant incarnait tout ce que Tom redoutait le plus. Il était une présence terrifiante, un spectre vivant que Tom revoyait encore et encore dans ses cauchemars.

Tom, alors âgé de seulement six ans, tenait fermement son petit frère dans ses bras. Le dos de ce dernier était marqué par de profondes traces rouges, laissées par la ceinture que leur père utilisait sans la moindre retenue. Tom, impuissant face à la violence de cet homme, tentait désespérément de protéger son frère, couvrant ses yeux pour l'empêcher de voir l'horreur qui se déroulait devant eux.

Son regard était fixé sur leur mère, à genoux sur le sol crasseux de la maison, en train de supplier celui qu'elle avait un jour appelé son époux. Ses mains tremblaient, agrippant le bas de la chemise de l'homme dans une vaine tentative de le calmer. Son visage, autrefois doux et aimant, était maintenant défiguré par la peur et le désespoir. Chaque coup porté à son corps la faisait vaciller, mais elle continuait de se relever, priant silencieusement que cela s'arrête.

Mais il n'y avait aucune pitié dans les yeux de l'homme. Le même homme qui, dix ans auparavant, avait juré de l'aimer et de la protéger pour le reste de sa vie. L'apocalypse avait non seulement dévasté le monde extérieur, mais aussi l'homme qu'elle avait aimé, le transformant en ce monstre qu'elle ne reconnaissait plus.

Chaque coup, chaque cri résonnait dans la maison délabrée, une maison qui reflétait parfaitement l'état de l'âme de cet homme. Les murs étaient tachés, ternis par des années de négligence. Le sol, couvert de détritus, était aussi sale que les pensées qui habitaient cet esprit brisé. Sur la table du salon, des lignes blanches de poudre laissaient deviner l'usage régulier de drogues, tandis que des bouteilles vides s'amoncelaient dans l'évier, débordant des poubelles pleines.

Les fenêtres étaient obstruées par des rideaux déchirés, laissant à peine entrer la lumière du jour, comme si même le soleil avait renoncé à briller sur cet endroit maudit. L'air était lourd, imprégné de l'odeur de la sueur, de la peur et du désespoir. Chaque coin de la maison semblait porter la marque de la violence qui y régnait en maître.

Tom, malgré son jeune âge, ressentait une terreur profonde, une terreur qui le paralysait. Chaque muscle de son petit corps était tendu, son cœur battant à tout rompre dans sa poitrine. Il voulait crier, pleurer, mais il savait que cela ne ferait qu'aggraver la situation. Alors, il restait là, immobile, tentant de trouver la force de protéger son frère du mieux qu'il pouvait, tout en sachant que personne ne viendrait les sauver.

La cruauté de leur père semblait sans fin, chaque coup était porté avec une telle rage, une telle haine, que Tom se demandait si cela s'arrêterait un jour. La peur dans les yeux de sa mère était presque insupportable à regarder, mais il ne pouvait détourner les yeux. Il ne pouvait pas abandonner sa mère, pas plus qu'il ne pouvait abandonner son frère.

Leurs vies, leurs âmes étaient prisonnières de cet homme, de cette maison qui, autrefois, avait été un foyer. Aujourd'hui, elle n'était plus qu'une prison, un lieu de souffrance où chaque jour était une lutte pour la survie.

Tom se demandait comment cette énième dispute avait commencé, semblable à toutes les précédentes qui hantaient leur quotidien. Cette fois-ci, son père avait levé la main sur son petit frère de trois ans, un enfant fragile dont l'esprit innocent était déjà profondément marqué par les traumatismes répétés. Le petit ne parvenait même plus à parler correctement, ses mots se perdaient dans des balbutiements confus, conséquence directe de la violence constante qui l'entourait. Cet état de vulnérabilité semblait attiser encore davantage la colère de leur père, qui ne supportait pas l'idée d'avoir un fils qu'il considérait comme inutile et faible.

Ostru: Fragments d'un Monde DéchuOù les histoires vivent. Découvrez maintenant