Prélude

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  La vieille horloge, figée sur le meuble de bois, s'était arrêtée depuis des lustres, mais persistait à afficher une heure unique.

  Tic, tac. Tic, tac. Tic, tac.

  Le même son, lancinant. La grande aiguille oscillait, avançant puis reculant, prisonnière entre deux chiffres, produisant un cliquetis sinistre, miroir de mon esprit troublé. Un esprit tourmenté, hanté par la peur et une lâcheté qui ne semblait jamais vouloir me quitter.

  Sept heures six... ou peut-être six heures et soixante-six minutes. Était-ce un jeu du hasard ? Une simple hallucination née de ma paranoïa ? Ou bien l'œuvre d'une force plus sombre, un présage infernal ?

  Repliée sur moi-même, dans une position presque fœtale, je m'adossais contre la porte, écoutant le silence environnant. Personne ne venait troubler ma solitude. J'étais seule, définitivement seule, peut-être en guerre contre le monde entier.

  Je n'aurais jamais pu l'imaginer.

  N'est-ce pas ainsi que l'on définit la trahison, par son imprévisibilité, par ce coup qui vient frapper au moment où l'on s'y attend le moins ?

  La pièce baignait dans une pénombre oppressante, encombrée d'objets du quotidien. Pourtant, dehors, le jour rayonnait d'un éclat insupportablement lumineux. La seule lumière qui parvenait à percer dans cette geôle provenait d'une petite fenêtre, encadrée de barreaux de fer, symbole muet de ma captivité.

  Autrefois, j'avais connu la joie, j'avais su faire preuve de courage. Mais en cet instant, tout n'était plus que malheur et désespoir.

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