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Pdv H.S
Les trois dernières années ont été les plus longues de ma vie. Je me souviens encore du jour où tout a basculé. Louis venait de rentrer de l’hôpital après une série d'examens pour cette opération que tout le monde pensait être notre dernière chance. On avait évoqué les risques, mais je n'aurais jamais imaginé qu'il finirait dans le coma. C’était surréaliste, comme si la vie s’était arrêtée, figée en une fraction de seconde. Tout était devenu flou, je ne savais plus quoi penser. Je m’étais persuadé que ça n’allait durer que quelques jours. Une semaine, peut-être deux au pire. Il allait se réveiller, j’en étais certain.
Mais les semaines sont devenues des mois. Puis, avant même que je ne le réalise, ça faisait un an. Un an sans entendre sa voix. Un an sans le voir sourire. Et puis, deux ans sont passés. Trois ans. Trois putains d’années. Chaque jour sans lui, c’était comme une éternité.
Au début, je ne pouvais pas m’éloigner de l’hôpital. J’y allais tous les jours, même quand je savais qu’il n’y avait aucune chance qu’il se réveille. C’était devenu comme une seconde maison pour moi. Les murs de cette chambre, les machines qui bipaient doucement dans le fond, tout était devenu étrangement familier. J'avais l'impression que si je m'éloignais, si je ne venais pas une seule journée, c'était comme si j'abandonnais Louis. Comme si je le laissais glisser encore plus loin de nous.
Les médecins nous disaient que son état était stable, mais qu’il n’y avait pas de changement notable. Stable.
Ce mot me rendait fou. Ça voulait dire quoi, stable, exactement ? Qu'il vivait encore ? Qu'il n’était ni mieux ni pire, juste... là. Ça me tuait de le voir comme ça. Son corps, immobile, aussi fragile que la première fois que je l’avais vu à l’hôpital après l’opération. Ses yeux fermés, son visage calme, mais tellement silencieux. Parfois, je le fixais pendant des heures, cherchant le moindre signe de mouvement, le moindre battement de cils qui indiquerait qu’il était encore là, quelque part.
Niall et Liam étaient là, eux aussi. On se relayait, chacun prenant un tour pour passer du temps avec Louis. Niall faisait de son mieux pour garder le moral, essayant de plaisanter ou de nous distraire, mais au fond, je savais qu’il souffrait autant que moi. Liam, lui, était plus discret dans sa douleur, mais je pouvais le voir. Chaque fois qu'il entrait dans cette chambre, il perdait un peu plus de cette énergie qu'il avait d'habitude.
Liam, Niall et moi, on a redoublé cette année-là.
C'était inévitable. Comment aurais-je pu me concentrer sur quoi que ce soit d'autre ? Comment aurions-nous pu continuer nos vies comme si de rien n'était alors que Louis était là, quelque part, entre la vie et la mort ?
Zayn aussi passait de temps en temps. Il n’était pas aussi proche de Louis que nous, mais il était là. Zayn avait ce don, il pouvait toujours alléger l’atmosphère, même dans les pires moments. Il nous faisait rire, essayait de changer les idées quand le silence devenait trop lourd à supporter. Mais même lui, je pouvais voir qu’il sentait le poids de la situation. C’était dur pour tout le monde.
