Chapitre 32

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#Jacky

Je me sens comme une orange pressée, comme un bac à ordure , un urinoir dans lequel des déchets ont été déversés.

Martin est allé au-delà de mon imagination. Sa cruauté était sans limite, sa torture lente m'a fait réaliser avec clarté dans quel bourbier je m'étais inséré.

Après avoir retrouvé un semblant de dignité, je suis restée allongée dans ma chambre. Je ne voulais pas sortir de peur de le croiser. Il m'avait dépouillé de ma dignité, de ma nature humaine.

Ma haine pour lui était de plus en plus grandissante. Je suis sortie de cette prison en gardant en tête que j'allais un jour lui faire payer ces atrocités.

Plus tard, Erein m'a apporté mon repas. Même si elle ne disait rien, son regard en douce qu'elle glissait à haque fois sur moi en disait long. Elle devait se demander quel genre de contrat j'avais signé avec son patron.

Pourquoi nous ne profitions pas de notre lune de miel comme un couple normal ? Le souci c'est qu'il n'ya rien de normal chez lui, cet être dépourvu d'humanité est aussi abject qu'un vase vide.

Je me suis contentée de consommer mon repas tout doucement en nageant dans mes pensées. À force d'avoir passé ces jours sans manger, j'avais la sensation que mes intestins s'étaient noués. Une gorgée de soupe aux courgettes était un supplice. La douleur m'a empêché d'aller jusqu'au bout pourtant j'étais affamé.

J'ai dû abandonner mon repas et je me suis allongée à nouveau. Ça n'a pas tardé et la porte de ma chambre s'est ouverte. Je n'ai pas bougé mais je n'ai non plus eu besoin de le faire. L'odeur de l'eau de Cologne qui flottait dans l'air était assez significative.

C'était lui. Martin.

Le diable en personne.

Qu'était t'il venu faire ? M'achever ? Me punir une nouvelle fois ou vérifier si ses actes de barbarie avaient porté des fruits.

Il s'est approché de moi et s'est assis sur le lit.

_ Jacky !

Je n'ai pas répondu.

___ Je sais que tu ne dors pas !

Il m'a touché et de manière involontaire, je me suis mise à trembler.

_ Qu'est-ce qui t'arrive ? Est-ce à cause de moi que tu te trouves dans cet état ?

Ma rage est montée, j'ai voulu me relever  pour l'insulter, pour libérer le fond de ma pensée mais je suis restée muette. J'avais décidé de ne plus entrer dans son jeu ainsi je verrai avec qui il jouera encore.

Il comprendra bien assez tôt, qu'il aura en face de lui une nouvelle personne.

_ Jacky, tu ne veux pas me parler ?

_ ....

_ Très bien, dans ce cas je vais devoir te renvoyer dans cette cage.

Mon sang s'est glacé.

La seconde d'après, je me suis retournée et je lui ai fait face.

____ Voilà, c'est mieux ainsi. Comment tu te sens mon amour ?

_ À ton avis ?!

Dis-je en me braquant.

Il a soulevé la main et a caressé mon visage. Son geste a créé en moi des sentiments mitigés. Une part de moi le haïssais, la seconde ressentait du plaisir face à ce toucher sans arrière pensée.

Comment est-ce possible ?

_ Tu vas te reposer et quand tu iras mieux , je vais te faire vivre de beaux instants afin d'effacer ceux que j'ai créé dans son esprit.

Ses promesses vagues ne m'ont pas ému. Je l'avais vu dans toute sa noirceur si bien que je me demandais s'il y avait une once de douceur en lui.

_ Quand est-ce qu'on va rentrer ?

Demandé-je ensuite.

Si je devais mourir, je souhaitais que cela se fasse au moins auprès des miens.

Il a sourcillé et m'a fixé d'un air confus.

_ Tu es pressée de rentrer ?

_ Je veux voir ma famille.

Il a ri aux éclats.

_ Ta famille c'est moi, faudra t'y habituer.

_ Mais...

_ Oublie les tiens. Ils n'ont même pas été capable de te garder près d'eux et t'ont vendu pour rien du tout.

Ma colère a refait surface. J'étais furieuse de l'entendre se moquer des miens même si au fond je savais qu'il disait la vérité .

_ Même s'ils m'ont vendu, ils demeurent ma famille et je voudrais les revoir. S'il-te-plaît...

_ S'il-te-plaît ?

Dit-il d'un air béat avant d'enchaîner....____C'est la première fois que tu me supplies. Si tu te comportes bien, je verrai peut-être si je peux remédier à cela.

_ Merci.

Ça me faisait de la peine de devoir m'humilier devant cet homme cruel pourtant je savais que je n'avais pas le choix.

_ Repose toi maintenant, je vais y aller.

Le fait qu'il songe à me laisser tranquille m'a rassuré. Je n'étais pas prête à une bataille émotionnelle avec lui. Il s'est penché par la suite et a déposé un baiser sur mes lèvres avant de s'en aller.

Dès que la porte s'est refermée, j'ai ressenti un soulagement énorme. Je me suis allongée et j'ai repensé à ma famille. Est-ce que je leur manquais ? Pensaient t'ils à moi ? Avaient-ils des remords ?

Après tout ce que j'avais vécu, j'aurais dû détester profondément mes parents mais j'étais lasse de toute cette rancoeur vis-à-vis d'eux. Enfermée dans cette cage , j'ai crû que j'allais mourir et lorsqu'on traversé certaines épreuves, on voit la vie différemment.

J'ai fermé les yeux à la recherche du sommeil mais il m'avait fuit. Je me suis tournée et retournée à maintes reprises. De fil en aiguille, l'image de mon époux s'est infiltrée dans mon esprit.

Il m'a dit qu'il allait faire des efforts, me montrer le positif. Devais-je le croire ? Je ne savais plus vraiment à quoi m'attendre avec lui.

POURQUOI J'AI TUÉ MON MARI ?Où les histoires vivent. Découvrez maintenant