Le vent soufflait doucement sur les hautes tours du château royal de Valenora, la capitale imposante du royaume d'Eldralis. La ville s'étendait comme un joyau scintillant sous le ciel crépusculaire, ses rues animées de vie et ses marchés bruissant des échos de mille conversations. À l'intérieur des murs austères du château, une jeune fille observait ce spectacle depuis une fenêtre étroite et ornée, son regard fixé sur l'horizon comme si elle cherchait à percer les secrets du monde au-delà.
Iselda, la cadette du roi Alaric, se tenait là, les mains pressées contre le rebord de pierre froide. Ses cheveux châtain clair, tirant vers l'or sous les derniers rayons du soleil, cascadaient autour de ses épaules. Elle avait l'habitude de rester en retrait, de se perdre dans ses pensées, tandis que la vie du palais tournoyait autour d'elle comme un bal incessant où elle n'était jamais invitée à danser.
À cinq ans de plus qu'elle, sa sœur aînée, Elara, incarnait tout ce qu'une princesse devait être : gracieuse, cultivée, forte et déjà adulée par les nobles et le peuple. Sous l'œil attentif de leur père, elle apprenait l'art de gouverner, l'épée à la main et les mots tranchants comme des lames. Chaque matin, les deux sœurs partageaient un repas dans la grande salle du trône, mais chaque mot échangé entre Elara et le roi Alaric résonnait comme une note claire dans une symphonie où Iselda n'était qu'un écho lointain.
Elle ne savait pas pourquoi son père la négligeait ainsi. Peut-être était-ce simplement la préférence naturelle d'un roi pour son premier-né, celui qui devait hériter du trône d'Eldralis. Ou peut-être y avait-il une autre raison, plus sombre, que personne n'osait murmurer. Iselda, quant à elle, se souvenait à peine de la chaleur des bras de son père, de la douceur d'un sourire paternel. Elle n'avait que des souvenirs vagues d'un temps où elle n'était pas invisible à ses yeux.
Malgré cela, Iselda n'était pas amère. Elle savait que la cour avait ses propres règles, ses propres jeux cruels où l'amour était souvent une monnaie rare. Elle trouvait sa compagnie dans les livres poussiéreux de la bibliothèque royale, dans les jardins silencieux du palais où elle pouvait rêver en paix, et dans les quelques amis loyaux qui voyaient en elle plus qu'une ombre d'Elara. Elle aimait sa sœur, même si leur relation était marquée par des silences trop longs et des mots trop rares. Mais au fond de son cœur, une question brûlait : pourquoi son père ne pouvait-il pas la voir comme il voyait Elara ?
Ce soir-là, alors que les lumières de Valenora commençaient à s'allumer une à une, Iselda fit un vœu silencieux. Elle jura que, d'une manière ou d'une autre, elle découvrirait la vérité. Qu'il s'agisse d'une malédiction ancestrale, d'un secret enfoui ou d'un choix cruel de son père, elle était déterminée à percer le mystère de l'indifférence glaciale qui pesait sur elle.
À cet instant, une étoile solitaire perça le voile du crépuscule. Et bien que personne ne la vit, une lueur d'espoir naquit dans les yeux de la jeune princesse.
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Ombres de la couronne
RomanceDans le royaume de Valenora, la princesse Iselda aspire à échapper aux attentes de sa famille et à découvrir sa propre voie. Lorsque la famille royale de Vyreldor arrive au château, Iselda est troublée par sa rencontre avec le mystérieux prince Théo...