Chapitre 1 : Sous un nouveau toit

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Avalon Miller

Si quelqu'un m'avait dit il y a quelques mois que je finirais par poser mes valises dans une maison de gangsters, j'aurais éclaté de rire. Et pourtant, me voilà ici, plongée dans ce nouveau monde sous les regards perçants de personnes dont les motivations m'échappent encore. Chaque mouvement, chaque parole semblait dictée par un code que je n'arrivais pas encore à déchiffrer. Mais tout ça, c'était pour Peyton. On s'était promis de rester ensemble quoi qu'il arrive. Si cela signifiait vivre sous le toit de son frère et de ses compagnons dangereux, je m'y plierais, au moins pour un temps.

Peyton et moi, nous avions une histoire bien à nous. Nous nous étions rencontrées à l'université, deux âmes en quête de quelque chose, peut-être de stabilité, peut-être de rébellion. Nos chemins s'étaient croisés de façon presque prédestinée, et rapidement, nous étions devenues inséparables. Peyton avait toujours eu un goût pour l'aventure, alors que moi, j'étais celle qui la retenait, attachée à nos études et à une route plus stable. Mais les événements de ces derniers mois avaient tout bouleversé : une menace grandissante, une dette impossible à rembourser, et nous voilà, deux jeunes femmes prises dans un monde plus sombre que nous n'aurions jamais imaginé.

La maison de gangsters résonnait d'une effervescence particulière, une tension prête à éclater à chaque instant. Peyton me guidait à travers les pièces avec une aisance déconcertante, naviguant dans ce monde avec une fluidité presque irréelle, tout en gardant un œil protecteur sur moi.

— Avalon, voici Scott Sawyer, dit-elle en désignant un homme imposant au regard perçant, un sourire faussement chaleureux accroché à ses lèvres. Scott, c'est Avalon Miller.

La poignée de main de Scott était ferme, presque trop, avec une pression qui transmettait un message : ici, il n'y avait pas de place pour la faiblesse. Ses yeux me scrutaient, analysant chaque fibre de mon être. Puis, son sourire devint plus authentique, et il hocha la tête.

— Bienvenue, Avalon.

Si tous les membres du gang étaient comme Scott, peut-être que les choses ne seraient pas si terribles. Mais à peine avais-je commencé à me détendre qu'un homme que je n'avais pas encore aperçu fit irruption dans la pièce, son regard sombre et perçant fixant la scène. Il avait une présence magnétique et dérangeante. Peyton le présenta calmement.

— Aelion, voici Avalon.

Il ne répondit pas immédiatement, se contentant de me fixer de ses yeux perçants, comme s'il scrutait mon âme. Un frisson me parcourut l'échine et je fus soudainement très consciente de chaque mouvement, chaque respiration. Aelion semblait mesurer chacun de ses mots avant de prononcer enfin :

— Nous n'avons pas de place pour les indésirables ici.

Sa voix était basse, presque un murmure, mais elle portait une menace silencieuse. Je sentis mon cœur battre plus fort et malgré moi, je pris une profonde inspiration pour essayer de calmer mes nerfs.

— Aelion, intervint Peyton avec un soupir exaspéré, elle est avec moi. Tu sais très bien pourquoi elle est ici.

Il détourna son regard et haussa légèrement les épaules, signe nonchalant qu'il acceptait ma présence à contre-cœur. Mais l'avertissement était clair : je n'étais pas la bienvenue dans son univers.

L'ambiance se fit plus lourde, une tension palpable s'installant entre nous. Aelion s'éloigna sans un autre mot, me laissant avec un mélange de soulagement et de frustration. Je devais me rappeler pourquoi j'étais ici et ne pas laisser ce type me déstabiliser dès le premier jour.

Mais une partie de moi restait piquée par cette rencontre. La fascination étrange que je ressentais pour lui me perturbait. J'avais du mal à comprendre pourquoi une personne aussi hostile et menaçante pouvait éveiller chez moi une curiosité presque malsaine.


Cette nuit-là, alors que je tentais de trouver le sommeil dans cette maison inconnue, les bruits ambiants m'entouraient, mêlés de conversations feutrées et de rires graves provenant des étages inférieurs. Il y avait un parfum de tabac et de cuir qui flottait dans l'air, contrastant fortement avec les senteurs familières de ma vie d'avant.

**Flashback**

Je repensais à l'époque où Peyton et moi avions fait ce pacte. Nous étions en dernière année d'université, assises sur un banc en bois vieillissant, contemplant les jours à venir avec une légère appréhension. Peyton avait relevé un défi que nous nous étions lancés : "Si jamais l'une de nous se retrouve dans un pétrin, l'autre sera là, peu importe les circonstances." Nous avions scellé cette promesse avec une poignée de main symbolique, un geste qui, à ce moment-là, semblait n'avoir aucune conséquence réelle.

Ce soir-là, Peyton m'a avoué la dette monumentale de son frère, une force sombre et omniprésente qui planait au-dessus de lui, poussant notre monde tranquille et studieux vers l'inimaginable.

**Retour au présent**

Les jours suivants furent un étrange mélange de normalité et de chaos. Tous les matins, je me réveillais aux cris et aux éclats de voix, les visages sérieux des membres du gang me rappelant constamment où je me trouvais. Aelion, toujours distant et impassible, semblait particulièrement absorbé dans ses propres affaires secrètes.

Un matin, alors que j'errais dans la cuisine, je croisai Riven Darkwood, un jeune homme dont le visage respirait une innocence qui détonnait avec le reste du gang. Ses cheveux bruns en bataille semblaient toujours à deux doigts de basculer dans l'anarchie, tout comme lui.

— Hey, Avalon, dit-il avec un sourire espiègle tout en étalant du beurre de cacahuète sur une tranche de pain, besoin d'un guide pour survivre dans ce zoo ?

Je ne pus m'empêcher de sourire face à son élan de sympathie. Riven eut la gentillesse de m'expliquer des subtilités de la maison, m'indiquant quels endroits éviter et qui aborder avec précaution.

— Et si jamais tu croises Aelion, ajouta-t-il en baissant la voix, essaie de rester à distance. Il a déjà assez de problèmes sans qu'on vienne les multiplier.

— Oui, j'ai remarqué, répondis-je en soupirant.

Les jours passèrent, et un soir, un dîner fut organisé dans le grand salon. Scott Sawyer, avec sa présence imposante, se tenait en bout de table, observant chaque mouvement avec une vigilance tranquille. Mara Lawson, une jeune femme au visage angélique, engagea la conversation avec moi, me mettant à l'aise. Elle me parla de son rôle au sein du gang, de ses doutes et de ses propres défis.

Mais c'est lors de ce dîner que je pus observer Aelion de plus près, ses traits sévères et ses gestes mesurés, comme s'il était en constante alerte. Il y eut une bousculade involontaire, et nos regards se croisèrent un instant. Ses yeux bleus glacés semblèrent pénétrer les recoins les plus profonds de mon âme.

— Avalon, murmura-t-il, surprenant tout le monde en s'adressant à moi directement, comment te sens-tu ici ?

— Ça va, répondis-je maladroitement, essayant de maintenir la façade d'une confiance que je ne ressentais pas. Ce n'est pas... ce à quoi je suis habituée.

— Et à quoi es-tu habituée ? répliqua-t-il, l'ombre d'un sourire ironique animant ses lèvres.

Son ton n'était ni hostile ni amical, mais emprunt d'un intérêt captivant. Je réalisai que cette question était destinée à comprendre où je me situais dans ce nouvel environnement.

— Les bibliothèques silencieuses et les soirées paisibles, répondis-je avec un petit rire nerveux.

Aelion hocha la tête, ses yeux me scrutant avec une intensité qui me mit mal à l'aise, mais réveilla en moi une curiosité insatiable. Que se passait-il derrière ce masque de froideur ? Quelle lourdeur portait-il sur ses épaules ?

Quelques semaines plus tard, l'ambiance dans la maison changea radicalement. Une tension nouvelle flottait dans l'air, plus lourde et plus menaçante que jamais. Un gang rival venait de faire une incursion sur leur territoire, et les plans de représailles étaient en cours. Peyton, plus préoccupée que jamais, essayait de me protéger des tumultes, mais je ne pouvais m'empêcher de sentir l'angoisse monter en moi.

Un soir, alors que je tentais de lire dans un coin tranquille, Aelion entra dans la pièce, ses vêtements tachés de sang. Il semblait épuisé, ses traits marqués par une douleur non dite. Je me levai instinctivement, mon cœur battant la chamade.

— Aelion ? Est-ce que ça va ? demandai-je, la voix tremblante.

Il eut un rire sans joie, jetant son regard las sur moi.

— Pourquoi ça t'intéresse, Avalon ? Tu n'as rien à voir avec tout ça.

— Parce que je suis ici, répliquai-je en un souffle. Et même si c'est contre mon gré, je me soucie des personnes qui partagent ce toit.

Aelion sembla pris au dépourvu par mes mots. Il s'approcha de moi, son expression dure faiblissant légèrement. Il avait vraiment des yeux captivants, d'une profondeur qui trahissait toutes les batailles intérieures qu'il livrait.

— Tu es plus forte que ce que tu laisses paraître, remarqua-t-il doucement.

Un silence lourd s'installait entre nous, un moment de vulnérabilité partagé que je n'aurais jamais anticipé. Des bruits de pas et des voix éclatantes se firent entendre dans le couloir, rompant ce moment fragile.

— Avalon, fit-il en reculant légèrement, ne laisse jamais l'un de nous t'affaiblir. Et surtout pas moi.

The Scott HouseOù les histoires vivent. Découvrez maintenant