C'était probablement juste parce que c'était une belle journée. La chaleur, intense et lourde, reposait sur les épaules de Thomas. Ses jambes, maigrichonnes et simplement poilus l'aidaient à rester en place, déposant tout son poids sur ses petits pieds ; tout cabossés et pourtant, bien droits. Ses doigts, squelettiques et soignés, possédaient de beaux ongles, vernis par une couleur beige - presque impossible à remarquer, si on ne faisait pas attention.Thomas était un sac d'os très distingué par moment. Sa discrétion n'avait pas de faille. Pas d'égal. Son nez pointu, ses joues rougies par les coups de soleil à répétition.
Thomas regarde les vagues trébucher contre la plage. Cette embrassade, comme il l'envie. Il aimerait devenir un bout de mer, d'eau froide qui - par une belle journée ensoleillée où bien une tempête affamé - s'allonge contre le sable chaud. Ce doit être un câlin tendre. Plus doux que tous les bras qui l'ait déjà pris dans leurs bras.
Ses pattes cabossées prennent le chemin vers l'eau. Il avance, vers cet océan de souvenir et de mémoire. Combien de personnes ont vécu, la où il se tient ? Combien de je t'aime, combien de rupture, combien de noyades, de tragédies, de mariages, de sexe passionné, de drames sont-ils arrivés là, entre ses orteils qui se glissent dans le sable - combien de ses grains ont connu les larmes comme le bonheur des humains ?
La vie n'est pas belle.
C'est que Thomas a toujours voué à penser. Parce que la vie lui a tiré les cheveux jusqu'à ce qu'il les perdent et cache le miroir de sa salle de bain - puis brise celui du salon - et ne retire jamais son bonnet, son béret, ses casquettes, ses capuches. Thomas cache son crâne et son visage comme il cache le reste - misérablement.
La vie lui a arraché ces douces boucles qui parfois, dans son adolescence, coulaient dans son dos - vous empêchait de vous plonger dans son regard et, si vous essayiez tout de même, vous tombiez, alors que deux yeux noirs vous regardait de haut. Thomas n'était supérieur aux autres que par ses deux iris.
Il n'y a qu'un être qu'il n'a pas déstabilisé.
Deux yeux bleus. D'un bleu, aussi clair que la mer dans laquelle ses pieds marchent. Des cheveux blonds, châtain, les deux, Thomas ne sait plus. Une mâchoire en piteux état, des dents avancés, une pseudo moustache ridicule, des piercing de mauvais goût aux oreilles, et une tonne de laque et de parfum. Un profil des plus déplaisant.
Thomas était instantanément tombé sous le charme de ce grand gars qui portait des polos trop grand pour lui. De ses yeux bleus qui avaient cherché Thomas sous sa frange bouclé.
De ce grand gars qui lui avait donné son premier baiser sous un arbre pendant une pluie battante. Parce qu'ils avaient 16 ans et qu'à cet âge rien n'est trop cliché.
De ce grand gars qui avait fui après. Qui avait pris peur quand Thomas en a un voulu un second. « Encore. » avait-il chuchoté, presque inaudible sous cette pluie. Et alors il avait plongé sous l'eau, s'éloignant de Thomas et de l'arbre.
Et là, Thomas a compris qu'il était voué à ce que sa vie de ne soit pas belle. Il était à contretemps. D'une beauté discutable. Le courant de la vie n'avait jamais cessé d'agripper sa belle écharpe rouge.
Il pense toujours qu'il méritait un second baiser, huit ans plus tard. Il n'en a volé aucun autre à personne, n'a donné ni son corps ni son cœur, ni son temps ni ses yeux. Thomas croit au premier amour.
Même si le sien l'a fui.
Thomas laisse une larme couler alors que la mer a atteint ses genoux, sous son grand pull à capuche bleu, il sanglote. Malgré les hurlements qu'il retient dans sa gorge, coincé par ses dents. Des dents plus droites et plus belles que celui de son grand gars.
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Son grand gars
FanfictionThomas regarde les vagues trébucher contre la plage. Cette embrassade, comme il l'envie. Il aimerait devenir un bout de mer, d'eau froide qui - par une belle journée ensoleillée où bien une tempête affamé - s'allonge contre le sable chaud.