Chapitre 35

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En effet, j’avais dû m’assoupir deux petites heures mais rien de plus. Agacée par mes propres pensées, j’étais sortie de l’hôtel à cinq heures du matin pour faire un long footing, m’arrêtant dans un petit café pour y manger un bout dès son ouverture. A neuf heures, j’étais de retour dans la chambre. J’avais aussitôt allumé une cigarette et pris mon ordinateur, avant de m’installer sur mon petit bureau pour y travailler un moment. Je devais être à l’usine à onze heures pour la première réunion de la semaine, et j’essayais de m’avancer un maximum avant de m’y rendre.

Je passais les portes, saluais Myra, l’hôtesse d’accueil, et filais à mon bureau pour y poser mes affaires. Une fois fait, je gardais les essentiels avec moi et retournais au rez-de-chaussée pour me prendre un café à la cafétéria, puis retournais au premier étage pour la réunion. Celle-ci se passa à merveille, tout le monde était d’accord pour le plan à suivre, des simulations furent faites et se déroulèrent à la perfection, en bref tout était parfait. 

Je décidais de rester à l’usine jusqu’à tard, repoussant l’échéance d’aller me coucher. Bon, il y avait aussi beaucoup de travail à faire sur les monoplaces, mais le fait de me confronter une nouvelle fois à mes pensées et à l’absence de notifications me faisait angoisser.

Une cigarette fumante en main, j’étais focalisée sur les écrans devant moi, observant les modèles 3D, les statistiques des simulations de la journée, et les différents compte-rendus des ingénieurs. Chacun apportait sa pierre à l’édifice, et je me retrouvais avec des dizaines de dossiers à traiter sur les différentes parties de la voiture.

Une notification sur l’écran de mon ordinateur me sortit de ma transe scientifique, et je fronçais les sourcils en ouvrant l’e-mail reçu. L’avocat que Christian avait engagé pour moi, que voulait-il ? Pleine d’appréhensions, je commençais à lire les premières lignes, avant de souffler de soulagement. Il s’agissait du document officiel déclarant l’incarcération du détenu n°498, Arthur Rossi, il y a moins de vingt-quatre heures de cela. 

Un sanglot de soulagement passa mes lèvres, et je pris ma tête dans mes mains dans un long souffle de rédemption. Tout était définitif, il n’allait pas pouvoir échapper à la justice, et j’allais pouvoir vivre ma vie sans me soucier de cette raclure. Un vrai pleur s’échappa, à mon grand dam, car une série s'ensuivit, me lançant dans des sanglots puissants et larmoyants. La fatigue de ces deux dernières nuits n’arrangeait pas les choses, et voilà que je me retrouvais à pleurer comme une idiote.

J’appelais alors Rosie, bien que je sois toujours en pleurs, pour lui partager la nouvelle, et elle explosa de joie. Bien vite, et réussit à me redonner le sourire et me faire rire sur la situation de cet abruti, sur le fait qu’il allait y pourrir pendant un très long moment tandis que, de mon côté, j’allais devenir riche et célèbre.

_ J’espère qu’il se fera assassiner par son collègue de cellule.

Je pouffais, et finis par me lancer dans une conversation très philosophique sur les différents types de pénis des animaux. Allez savoir pourquoi ou comment, toutes les meilleures amies finissent leurs conversations par des choses inutiles du genre.

Une étoile filante passa dans le ciel que je fixais depuis le début de l'appel, me rappelant l'heure tardive.

_ Bon, je te laisse Rosie, j'ai du travail. Bonne nuit !

_ Bonne nuit poulette, travaille bien.

Je raccrochais et me laissais presque tomber dans mon fauteuil, avec un long soupir. Je posais mes coudes sur le bureau pour prendre ma tête dans mes mains, où je restais un instant les yeux dans le vague et le cerveau vide de toute pensée.

V-CARB RB 25 - Daniel RicciardoOù les histoires vivent. Découvrez maintenant