Chapitre 8

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Un instant passa, puis quelques secondes de plus, mais ils ne sentirent toujours pas de lames les transpercer.

« C'est donc ça la douceur de la mort? »

« Sommes-nous déjà au paradis ? » se demandèrent-ils.

Ils finirent par ouvrir les yeux et s'aperçurent que leurs bourreaux étaient étalés au sol, affalés l'un sur l'autre.

En effet, vous n'êtes pas encore au paradis. Malheureusement et le long chemin de la vie reste encore à parcourir.

Yoga se tenait là, ses yeux brillants d'une détermination féroce. Les enfants, encore secoués par la confrontation avec les gardes, se ruèrent vers lui, leurs pas lourds et maladroits, mais leurs visages remplis de gratitude et de soulagement.

« Vous nous avez sauvés ! » s'exclama Fayane, les larmes aux yeux, la voix brisée par l'émotion.

Yoga les regarda avec une expression à la fois douce et déterminée. « Nous devons partir rapidement avant que d'autres gardes n'arrivent, » dit-il fermement. « Suivez-moi. »

Le petit groupe se remit en marche, suivant Yoga à travers la forêt dense. Les arbres semblaient se refermer sur eux, et l'obscurité restait pesante malgré l'aube naissante. La lumière de la lune filtrait à travers les branches, dessinant des ombres menaçantes autour d'eux. Les enfants, bien que fatigués et épuisés, trouvaient la force de continuer, encouragés par la présence protectrice de Yoga.

Après plusieurs heures de marche, ils atteignirent enfin une petite clairière où un sentier se dessinait, menant à l'extérieur de la forêt.

« Nous sommes presque sortis d'affaire, » dit Yoga, un sourire encourageant éclairant son visage malgré la fatigue. « Encore un dernier effort. »

Alors qu'ils avançaient prudemment sur le sentier, une sensation de liberté commençait à les envahir, mêlée à une étrange mélancolie. Le ciel commençait à s'éclaircir, annonçant l'aube d'un nouveau jour, promettant une nouvelle chance.

Ils débouchèrent sur un petit village, un lieu calme où aucun villageois n'était en vue. Après tout, c'était encore l'aurore et le soleil venait à peine de se lever.

Will ralentit brusquement, ses yeux s'écarquillant en reconnaissant les lieux. « C'est ma maison. Je la reconnais. Vous voyez ! » s'exclama-t-il, la voix tremblante, les larmes de joie et de douleur mêlées coulant sur ses joues. Sans attendre, il partit en courant vers sa maison. Tous les enfants, emportés par son élan, se mirent à courir avec lui, comme si la distance les séparant de cet endroit familier les consumait.

« Attendez ! » tenta de les arrêter Yoga, mais ils étaient déjà partis, emportés par l'espoir et la nostalgie.

Arrivés devant la maison, Will ouvrit la porte avec frénésie en criant : « Maman ! Papa ! Anielle ! »

Le silence fut sa seule réponse. L'intérieur était ravagé : des meubles renversés, des souvenirs brisés, et une épaisse couche de poussière qui recouvrait tout, comme un linceul posé sur les restes d'une vie autrefois heureuse. Will resta figé, essuyant les larmes qui menaçaient de submerger son regard. La réalité de l'absence se fit alors cruellement sentir lorsqu'il se souvenue qu'il ne reverrait plus sa famille.

Yoga entra doucement derrière lui, refermant la porte pour les protéger du monde extérieur. « Ça va aller, mon garçon ? » demanda-t-il doucement, posant une main réconfortante sur l'épaule de Will. « Mais que s'est-il passé ici ? »

Will prit une profonde inspiration, ses épaules se voûtant sous le poids du souvenir. « Je m'en souviens encore, » commença-t-il, sa voix cassée par l'émotion. « Nous vivions au village, paisiblement, à trois lieux de Luxoria. Mes parents étaient pauvres mais nous chérissaient. Mon père travaillait un petit lopin de terre pour nous faire vivre. Notre chaumière, bien que modeste, était pleine de joie. Ma mère souriait toujours quand elle nous regardait. Les éclats de rire de mon père quand elle le taquinait... Ils étaient heureux, et nous aussi. »

L'aube d'un nouveau monde Où les histoires vivent. Découvrez maintenant