Réhabilitation de cauchemar [MHA]

36

Face au locaux du centre pénitencier, Nozomi sentait ses jambes s'alourdir alors qu'un poids toujours plus grandissant se faisait sentir dans sa poitrine. Elle inspira un grand coup pour se donner du courage et elle entama son mouvement. Un pas après l'autre, elle s'avança vers les portes. C'était bien la première fois qu'elle les passait de son plein gré. Elle était seule alors qu'elle se dirigeait vers la gardienne chargée des admissions des visites.

— Nom. Prénom.

— Saito Nozomi.

La gardienne leva son regard sur Nozomi. Elle l'observa, la jaugea un instant, comme surprise de sa présence là. Qu'est-ce qu'une ancienne détenue faisait là ? Jamais au cours de sa carrière elle n'avait vu un ancien prisonnier revenir en tant que visiteur dans sa prison. Était-ce un moyen de narguer ses camarades ? Elle n'espérait pas. Elle savait ce que ça pouvait faire aux détenus une telle visite. Elle ne posa cependant aucune question. Le nouveau directeur de la prison avait prévenu et autorisé la visite la veille au soir.

— Dépose tes affaires dans un bac.

Nozomi obtempéra sans le moindre mot. Puis la fouille corporelle commença. Aussi rapide fut-elle, ce fut avec une rapidité encore plus grande qu'elle arriva dans la salle de visite. Elle s'assit, attendant qu'une autre gardienne aille chercher Shion pour la guider jusqu'à elle.

Elle sentait la pression toujours aussi grande en elle. Elle ne put rester assise très longtemps. Elle se leva et se mit à faire les cents pas autour de la table. Elle n'arrivait pas à se calmer et pour autant, lorsqu'elle entendit des pas s'approcher de la porte, elle se tourna vers celle-ci, le calme retombant sur elle comme une massue. Droite comme un i, le visage se faisant neutre, elle observa la porte s'ouvrir sur sa camarade.

Elles se jaugèrent de leur regard, attendant la réaction de l'autre avant qu'un sourire en coin n'apparaisse sur le visage de Shion. Elle s'approcha lentement, croisant ses pieds l'un devant l'autre. Elle se pencha vers Nozomi qui ne bougeait pas d'un iota.

— Tiens tiens, une revenante. Encore, minauda-t-elle.

Elle se redressa et tourna autour de Nozomi qui suivit le mouvement sur place.

— Tu viens pour nous narguer ?

— Tu me crois vraiment capable de faire ça ?

— Qui sait. On ne connaît pas vraiment nos camarades après tout. Qui aurait pu dire que tu aiderais au départ d'Ikida ?

— Je n'ai rien fait.

— Tu as des relations chérie. C'est trop tard. Tu as passé la ligne qui nous sépare.

— Comment ça ?

Shion se stoppa juste en face de Nozomi, à quelques centimètres de son visage. Elle ne souriait plus. Les iris de la détenues posait un regard sans équivoque. Ses paroles allaient être crues, Nozomi le savait.

— Tu ne fais plus partie de notre monde, Nozomi. Tu n'es plus des nôtres.

Elle ne put répondre aux paroles prononcées. Elles disaient vrai. Nozomi ne faisait plus partie du monde auquel elle avait appartenu entre ses murs. Elle commençait sérieusement à penser que venir était une erreur.

— On a pas besoin de ta pitié. Dégage, lui cracha-t-elle au visage sans vergogne.

Nozomi s'y attendait. Elle comprenait ce que pouvait ressentir Shion et les autres. Elle-même n'aurait pas apprécié. Pourquoi n'y avait-elle pas pensé avant ?

Comme si Shion lisait dans ses pensées, son regard s'adoucit et un petit sourire naquit sur ses lèvres. D'une voix plus douce, elle murmura :

— ça m'a fait plaisir de te voir, Nozomi. Et même si on ne doit jamais se revoir, sache que j'ai adoré t'avoir comme ami.