Chapitre 6

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Je marche d'un pas rapide dans les couloirs imposants du palais, le poids de mes pensées alourdissant chaque pas. Mon esprit est un champ de bataille où se mêlent la colère, la culpabilité, et une angoisse que je ne parviens pas à dissiper. La trahison d'Azura, née de la peur, a failli coûter la vie à Emirya et aurait pu coûter la mienne. Le visage d'Emirya, marqué par la douleur et la vulnérabilité, hante mes souvenirs, attisant en moi une colère que je ne comprends pas entièrement. Est-ce lié au lien que nous partageons par la morsure ?

Arrivé devant la porte de la chambre d'Emirya, je m'arrête un instant pour calmer les battements frénétiques de mon cœur. Je prends une profonde inspiration, puis frappe doucement. Une petite fée ouvre la porte, ses ailes scintillantes reflétant la lumière des chandeliers, et m'indique d'un geste que je peux entrer. Je la remercie d'un signe de tête et m'avance lentement vers le lit. Emirya est allongée, ses paupières légèrement fermées, mais elles s'ouvrent à mon approche. Malgré la fatigue évidente, une détermination féroce brille dans ses yeux.

— Comment te sens-tu ? murmuré-je, prenant une chaise pour m'asseoir à ses côtés.

— Mieux, répond-elle faiblement. Les brûlures guérissent, mais je me sens encore terriblement faible.

Je hoche la tête, incapable de dissimuler l'inquiétude qui me ronge. L'idée qu'elle ait enduré une telle souffrance me révolte. Je ne la connais que depuis peu, mais je ne peux m'empêcher de me sentir responsable. Si j'avais été plus prudent, rien de tout cela ne serait arrivé.

— Tu te tortures l'esprit, je le ressens, dit-elle soudain. Ce n'est pas de ta faute, je vais bien. J'ai connu pire, n'oublie pas que je suis une princesse en cavale.

Un sourire joue sur ses lèvres, mais il est empreint de fatigue.

— Tu as dû endurer bien des épreuves, avant et après notre rencontre. Je suis désolé de t'avoir mal jugée, dis-je avec sincérité.

— Ne t'en fais pas, je comprends ta réaction. Depuis que les sangs de glace ont pris le pouvoir, les sanguins sont vus avec méfiance. J'aurais probablement réagi de la même manière.

Elle marque une pause, son regard se perdant dans le passé.

— Je me souviens encore de ce petit prince effrayé, couvert de sang, qui croyait parler au diable.

Un sourire moqueur se dessine sur ses lèvres, et je ne peux m'empêcher de rire, un rire bref qui laisse rapidement place à la gravité de la situation.

— Finalement, tu as été ma sauveuse. Je serais mort dans ce trou sans toi, dis-je avec sérieux.

Elle pose sa main sur la mienne, ses yeux plongent dans les miens, remplis d'une intensité troublante.

— Tu m'as sauvé aussi ce jour-là, Cassian. Tu ne le réalises peut-être pas encore, mais tu tiens mon destin entre tes mains. Je ne pourrai pas reprendre mon trône sans aide. Je ne t'ai pas mordu ce jour-là uniquement pour te sauver, mais pour me sauver aussi. J'ai vu en toi un moyen de récupérer ce qui me revient de droit.

Touché par ses paroles, je sens un sourire naître sur mes lèvres, mais la gêne me pousse à retirer ma main.

— J'ai parlé à Azura, dis-je pour changer de sujet. Elle est responsable de ta capture... Elle pensait agir pour protéger ma famille.

Emirya reste silencieuse, son regard scrute le mien, essayant de lire mes émotions. Je laisse échapper un soupir avant de poursuivre.

— Elle avait peur de ce que tu pourrais faire, de ce que ta nature représente. Je ne cherche pas à excuser ses actes, mais je voulais que tu le saches.

Le peuple de l'air : La Princesse OubliéeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant