Chapitre 38 : La surprise

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SHANA :

Je me réveille avec une migraine terrible et la sensation que mon corps s'est fait rouler dessus par un camion de déménagement. J'essaie d'étirer mes muscles mais m'arrête bien vite en poussant un gémissement de douleur. 

À la place j'ouvre doucement les yeux et... Tout me revient dans la face comme un boulet de canon. Le cauchemar, les hallucinations, les bandages, Alex et l'appel. Je sursaute en réalisant qu'Alex est en fait juste en-dessous de moi. Son torse s'abaisse et se lève en même temps que sa respiration à un rythme lent et régulier. Son visage est tellement paisible que ça m'apaise. 

C'était un cauchemar. C'était un cauchemar. C'était un cauchemar. C'était un cauchemar. C'était un cauchemar.

Je me le répète encore et encore jusqu'à ce que ça soit ancré dans mon esprit. Rien de ce qu'il s'est passé hier n'est réel. Max n'était pas là. Max ne m'a pas... 

J'avale difficilement ma salive et baisse les yeux sur mes bras meurtris. C'est eux qui ont le plus dégusté, mes jambes n'en sont pas à ce stade là. Je me suis fait ça moi-même.  

Je roule sur le côté et me redresse en essayant d'étendre mes membres. Je grimace une fois de plus. J'ai mal comme si ma chair était à vif. Ce qui est en réalité le cas. Je me force à m'étendre les muscles pour vérifier l'ampleur des dégâts. C'est très douloureux mais rien qui m'empêche de bouger. 

Encore heureux...

Je me lève lentement et manque de trébucher sur les habits d'Alex laissés par terre. J'ouvre lentement la porte et jette un coup d'œil derrière moi. Mes yeux s'attardent sur les lèvres de mon colocataire. Entrouvertes. Je déglutis. 

Je me détourne et ferme la porte derrière moi. La maison toute entière est plongée dans l'obscurité totale. Je me demande quelle heure il est ? Peut-être cinq heures du matin ? Quelque chose comme ça.

Mon corps se stoppe devant la fameuse chambre. Ma main sur la poignée, je prends une grande inspiration et ouvre. Une odeur de cuivre m'agresse les narines mais je ne m'arrête pas pour si peu. J'allume la lumière et découvre l'horreur du spectacle qui s'offre à moi. Les draps du lits sont en pagaille, couverts de sang par endroits. La taie d'oreiller est complètement froissée. 

Je reste stoïque en restant dans l'embrasure de la porte. 

C'est moi qui ai fait tout ça ? 

Les paroles d'Eli me reviennent en tête. 

«J'ai l'impression que dès que ça va mieux, elle rechute »

Le poids de ses mots me tombe dans l'estomac. J'essaie tellement de guérir. J'essaie tellement... 

Tous les jours j'essaie d'oublier ce qu'il s'est passé, de le reléguer dans un coin de ma tête et de ne plus jamais y penser. Mais ces souvenirs semblent vouloir me hanter jusqu'à la fin de ma vie. Ils restent silencieux et s'attaquent à moi dès que je m'y attends le moins. Me prenant par surprise. Me poussant à faire des choses... folles. 

Je m'avance vers le lit et le défait avec rage. Mon estomac se tord. Ça sent le sang séché à plein nez. 

Mes doigts s'accrochent au tissu et le tirent sèchement. J'enlève violemment la taie de l'oreiller et la jette par terre. 

J'ai halluciné. Je suis allée jusqu'à m'imaginer que Maxime m'avait coupé alors que c'était juste moi. Mon propre cerveau me joue des tours. 

Je grince des dents. Je ne suis ni triste ni fatiguée. Je suis en colère. Contre moi-même, contre le monde, contre tout. Dans un mouvement trop brusque je me fais mal au bras. Des larmes de douleur et de frustration me montent aux yeux. 

The Gazelle's HuntOù les histoires vivent. Découvrez maintenant