Une fois descendus du train, sur le quai de la petite ville de Alausi, on libère nos vélos, on attache nos sacs sur les porte-bagages. Après avoir pris quelques photos souvenir des lettres géantes, sculptures et autres bâtiments originaux de la ville, on en sort à pleine pédale vers notre prochain objectif. Rapidement, notre périple nous fait longer des paysages sauvages, de la végétation basse, des collines et des petits villages. Les routes s'avèrent aussi sinueuses que les chemins de fer mais c'est un plaisir de les parcourir. Le temps est très changeant dans ce pays, et en quelques instants, des nuages noirs se rassemblent au-dessus de nos têtes, une pluie diluvienne s'abat alors que nous cherchons désespérément du regard un abri. Nous sommes forcés de faire halte sous la structure la plus proche: une petite église abandonnée non-loin de la route. On pose les vélos contre le mur sur un côté du bâtiment et on se cache dans un petit renfoncement où la pluie ne peut nous atteindre. Un regard à travers les vitres brisées nous fait découvrir le désordre à l'intérieur de cette église abandonnée.
Blottis l'un contre l'autre à attendre le retour du beau temps, trempés, nous laissons de nouveau la passion nous envahir. Je te plaque contre le mur de pierre froide. Lèvres contre lèvres, nous décidons de donner à ce moment d'attente une toute autre saveur. Le rythme de ta langue m'envoute et je me laisse prendre au jeu. Mes doigts glissent sur tes courbes comme les gouttes de pluie, mes paumes réchauffent ta peau comme les rayons du soleil. J'explore tous les endroits de ton corps secs ou mouillés. La chaleur monte alors que la fraîcheur des éclats de pluie se fait encore plus pressante autour de nous. Isolés derrière le rideau aquatique qui coule du toit, cachés par un recoin de l'église abandonnée, nous nous échappons vers un monde de luxure éphémère. Mes lèvres dévorent ton corps alors que tes yeux parcourent ma peau à la recherche de nouvelles surfaces à caresser. Tu libères ma colonne de désir de sa prison de tissu, pour venir la saisir fermement à peine main. Il n'en faut pas plus pour que mon esprit atteigne le sommet de la montagne. Tu me jettes un regard gourmand avant de t'agenouiller devant moi. Les caresses s'intensifient alors que ta langue rejoint le ballet de tes mains. Bientôt tes lèvres, ta bouche entière s'amuse à goûter à ma considérable envie. Je ne vais pas pouvoir te laisser jouer trop longtemps, ma soif de toi devient trop forte. Alors que des gouttes portées par le vent viennent s'échouer sur nos vêtements, tu remontes enrouler ton corps autour du mien effleurant parfois d'un coté un mur de pierre froide ou d'un autre, un rideau de pluie tiède. Bouche à bouche, corps à corps, nez-à-nez avec une cascade, qui marque une des limites de notre monde temporaire, le temps s'écoule et nous laissons nos peaux s'en abreuver. Perdus dans l'immensité de cette petite alcôve de pierre humide, nos esprits s'échappent de cette prison élémentale, se glissent entre les gouttes s'envolent à travers les nuages : nous ne sommes plus sur terre. Le voyage de nos esprits nous transporte bien loin des limites de nos corps, et nous fait flotter dans un instant de douceur brute.
Notre ascension est brutalement stoppée par une voiture qui passe en trombe juste devant l'église. Heureusement dans ce petit renfoncement nous sommes partiellement à l'abri des regards, mais le rideau de pluie n'est plus qu'une simple succession de gouttes espacées, qui n'occulte plus vraiment la visibilité. Ce rapide retour à la réalité nous tire de force de notre moment d'intimité et nous refroidit bien vite. Après un dernier baiser, nous nous glissons de nouveaux dans nos vêtements, nous reprenons nos vélos et pour repartir sur les routes zigzagantes de l'Equateur.
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Voyage à deux
RomanceLe voyage exotique d'un couple. Version plus "soft" et poétique de "voyages lemon"