Chapitre 2

2 0 0
                                    


ROXANNE

Je n'en reviens pas qu'il ait accepté de jouer le jeu. Il ne m'a rien demandé en contrepartie.

— Je n'ai rien de mieux à faire, alors si je peux aider, m'a-t-il dit.

Je me suis relevée et j'ai attaché mes cheveux pour qu'on ne voit pas qu'ils sont en train de déjouer les règles de la gravité.

Il est très élégant donc il marquera directement des points. En plus, il a un bouquet de tulipes et ce sont les préférées de ma mère. Il ne nous reste que quelques minutes avant d'être en retard donc on se met en marche. Je lui ai demandé de me tutoyer. Pour que cela fonctionne réellement, il faut qu'il en sache autant que possible pour contrer les questions de mes parents.

— Je m'appelle Roxanne Springs, 25 ans, je fais de la musique, je suis avocate en droit de la famille. Ma couleur préférée est le rouge, je n'aime pas les fruits de mer, les groseilles, les framboises, même si j'en mange dans les yaourts ou en bonbons. Je suis intolérante au kiwi et à la banane... Et j'adore les ours en guimauve.

— Attends, tu vas trop vite. Respire !

Je souris, complètement tendue. Cette idée est complètement folle et il y a une chance sur deux pour que ça ne fonctionne pas. Mais si mes parents croient à cette fausse réalité, ça résoudra tous mes problèmes. Ils ne seront plus sur mon dos sans arrêt avec cette histoire de mariage et d'héritage.

— Je doute que je passe un interrogatoire au point de devoir savoir que tu ne manges les framboises qu'en yaourt et en bonbon. Le plus important serait déjà que tu me donnes le nom de tes parents, non ?

— Michael et Sonia Springs, réponds-je.

Il hoche la tête, prenant note de l'information. Nous sommes arrivés devant le restaurant. Je respire un grand coup pour me donner du courage.

— Ils risquent d'essayer de nous mettre mal à l'aise. Je m'excuse d'avance. C'est la première fois que je leur ramène quelqu'un...

— J'ai l'impression que tes parents sont des tyrans, dit comme ça. On va improviser, ne t'inquiète pas.

— Donne les fleurs à ma mère, ce sont ses préférées.

— C'était pour mon ex, c'est empoisonné comme cadeau.

— Raison de plus !

Je le remercie encore d'avoir accepté de faire ça et il ouvre la porte du restaurant. Je vois ses yeux détailler la décoration sophistiquée du lieu. Rien que l'ambiance donne une idée du prix des repas. Je ne comprends pas l'obsession de mes parents pour ce genre d'établissement. Je connais des restaurants plus modestes dans lesquels on mange tout aussi bien. Ils devaient se dire qu'il fallait faire bonne figure pour leur potentiel – et faux – gendre. Juste avant qu'un serveur s'approche de nous, je le retiens par le bras. Il se retourne et me questionne du regard.

— Je ne t'ai même pas demandé ton prénom.

— Spencer O'Brien, 26 ans, j'adore le vert et je n'ai pas d'intolérance ou d'allergies.

Il se moque de moi en m'imitant, là ? Je lève les yeux au ciel, amusée par sa réponse. Il attrape ma main et enlace nos doigts. Je lâche un hoquet de surprise. Je ne m'y attendais pas. Spencer prend son rôle à cœur, visiblement. Lorsqu'on s'approche de nous pour demander la réservation, il donne mon nom de famille avec assurance. Jusqu'ici, personne ne pourrait se douter qu'on se connaît depuis seulement une demi-heure. Le serveur nous demande de le suivre. Je lâche sa main et passe mon bras autour du sien pour me rapprocher de lui. Il faut que ça fonctionne. C'est la seule issue de secours qu'il me reste. Je lui lance un regard et il hoche la tête légèrement en souriant. Ce n'est que là que je remarque sa fossette.

Nos Cœurs en clé de solOù les histoires vivent. Découvrez maintenant