Le crépuscule tombait sur le petit village isolé, enveloppant les maisons de bois dans une lumière rougeâtre.
Au centre de la place, une foule s'était rassemblée, silencieuse, leurs visages illuminés par les flammes naissantes du bûcher.
Au sommet de la pile de bois, une jeune femme, pieds et mains liés, restait étrangement calme. Son visage, baigné par la lumière vacillante, trahissait une résignation teintée de défi.
Accusée de sorcellerie, Élise, avec ses cheveux roux très longs tombant en cascade sur ses épaules, n'avait jamais cherché à se défendre.
Ses yeux vert clair perçaient à travers la nuit, captivant quiconque osait les regarder. Sa grande silhouette, vêtue d'une robe noire simple mais élégante, semblait presque irréelle, défiant l'image que les villageois avaient de l'innocence.
Les rumeurs, nourries par la peur et l'ignorance, avaient suffi à sceller son destin. Les champs mourants, les enfants malades, tout ce qui échappait à la compréhension des villageois, avait trouvé en elle un coupable idéal.
Pourtant, même au bord de la mort, elle ne pliait pas.
Les premières étincelles grimpèrent le long des bûches, et un murmure traversa la foule, oscillant entre l'exaltation et l'inquiétude.
Alors que la chaleur montait, les yeux d'Élise, fixés sur le ciel assombri, brillèrent d'une étrange lueur.
Un sourire imperceptible se dessina sur ses lèvres pâles.
La jeune femme balaya la foule de ses yeux verts perçants, observant un à un les visages des villageois. Elle entendit les cris qui s'élevaient de la masse :
— SORCIÈRE !
Les mots glissèrent sur elle sans l'atteindre. Le visage figé dans une expression de défi, elle s'écria :
— Attendez mon retour ! Je vais revenir, et vous connaîtrez tous le même sort.
Sa voix s'éleva, plus forte, résonnant dans le silence qui suivit.
— Vous allez tous le payer ! Que ce village brûle avec moi, et que cette histoire reste gravée dans cet univers !
Un silence lourd s'abattit sur la place.
— Que tout brûle avec moi.
Au même moment, les flammes l'engloutirent, et, avec elle, le village s'éteignit.
— Après ?demanda une petite voix.
— Après, la sorcière mourut et le village brûla.
— C'est tout, mais était-elle méchante ou gentille ?
— Nous ne le savons pas. L'humanité est cruelle... Fais-moi la promesse d'être forte.
Les mots de ma mère m'endormaient doucement.
— Oui, maman...
— Je t'aime...
Ces mots furent les derniers que j'entendis.
...
***
Je vis avec mon oncle et ma tante dans une petite maison en périphérie de la ville.
Depuis la mort de ma mère , ils sont devenus ma famille.
La maison est modeste, mais elle est toujours pleine de chaleur grâce à ma tante et son jardin fleuri.
Pourtant, malgré leur gentillesse, je me sens souvent seule.
Tous les matins, je prends le bus pour aller à l'école, et chaque jour, c'est le même cauchemar.
Dès le premier jour, j'ai été la cible de moqueries et de rires cruels.
Mes vêtements, un peu démodés, et mes cheveux que je peigne avec soin sont devenus des prétextes pour les autres élèves pour me rabaisser.
Les garçons m'appellent des noms, et les filles chuchotent dans mon dos, riant à chaque fois que je passe.
J'essaie de me faire discrète, de me fondre dans la foule pour éviter les confrontations.
Mais chaque jour, l'angoisse de la rentrée scolaire me pèse de plus en plus lourd.
Les mots acerbes et les gestes hostiles ont fini par ébranler ma confiance.
La solitude que je ressens à l'école contraste tellement avec la chaleur et la sécurité que je trouve chez mon oncle et ma tante.
En rentrant chez moi, je me réfugie souvent dans ma chambre, pleurant en silence.
Mon oncle et ma tante ont remarqué que quelque chose avait changé en moi, mais je suis trop honteuse pour leur parler de ce que je vis.
Les sourires forcés et les réponses évasives sont devenus mon quotidien.
Aujourd'hui, en rentrant de l'école, mon cœur est lourd, et mon esprit est tourmenté par une nouvelle vague de cruauté.
En franchissant la porte de la maison, je me demande si un jour je trouverai un répit à mes souffrances..
...
— Je suis rentrée.
Ma tante accourut vers l'entrée pour me serrer dans ses bras, comme si elle cherchait à effacer une partie de ma journée.
— Alors, ta journée ? demanda-t-elle avec une lueur de préoccupation dans les yeux.
— Comme d'habitude. Je vais aller faire mes devoirs.
Ma tante me laissa passer sans poser de questions supplémentaires, comprenant que je n'avais pas envie d'en parler.
Elle savait que je détestais ces interrogatoires.
Je montai rapidement les escaliers vers ma chambre, mon esprit encore tourmenté.
En entrant, je trouvai Kira, ma chienne, allongée sur mon lit.
Dès qu'elle me vit, elle se réveilla, remuant la queue avec une vigueur joyeuse.
Woof !!
— Salut toi, bien dormi ?
Je lui adressai un sourire, caressant doucement son pelage. Kira, un labrador encore chiot que nous avions trouvé dans la rue, avait apporté une lueur de réconfort dans ma vie.
Nous l'avions renommée "Kira" et elle avait même été reconnue comme chien de thérapie, un véritable "chien d'assistance" pour mon anxiété.
Elle était toujours là pour moi, apportant un soutien silencieux et réconfortant dans les moments difficiles.
Après lui avoir donné quelques caresses apaisantes, je me dirigeai vers mon bureau, saisissant mon cahier.
En ouvrant mon cahier, je me perdis dans l'écriture de mes devoirs.
Kira se coucha à mes pieds, et sa présence tranquille m'aidait à me concentrer.
Les rires cruels et les moqueries de la journée semblaient s'éloigner un peu, comme si l'atmosphère calme de ma chambre pouvait atténuer leur impact.
Alors que la soirée avançait, je trouvai une forme de paix dans ce moment simple, entourée de l'affection de Kira et des tâches scolaires qui, malgré tout, restaient une constante réconfortante dans ma vie.
VOUS LISEZ
the curse of the witch
SpiritualElizabeth vit avec son oncle et sa tante depuis la mort de ses parents. Sa vie quotidienne est marquée par le harcèlement à l'école, où elle est régulièrement moquée par ses camarades. Ses vêtements et ses cheveux deviennent des cibles pour les crit...