Chapitre 1 - La Danse des Ombres

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Aujourd’hui, c’est une belle journée. Enfin, une belle journée pour moi, Nina, tueuse à gages sans remords ni regrets. Si je suis née sans âme, comme j’aime bien le dire, c’est sûrement grâce à cette histoire sordide que j’ai découvert un peu tardivement : née d’un viol, issue de la souffrance. Oui, ça sonne comme une punchline dramatique, mais moi, ça me fait surtout rire. Une ironie piquante. Et aujourd’hui, comme tous les autres jours, je danse, je me déhanche au rythme de la musique qui remplit mon appartement. Parce que si j’ai bien une passion, c’est ça : la danse. Et la musique. C’est un peu ce qui me reste de mon humanité, je crois.

Mon appartement, c’est mon cocon. Enfin, un cocon… qui a un petit côté macabre si on y pense deux secondes. Les murs sont gris et rose poudré. C’est épuré, sobre, avec cette touche féminine qui détonne. J’aime bien que tout soit à sa place. Et non, ce n’est pas une obsession maladive, c’est juste… un besoin de contrôle. Un grand salon s’ouvre au bout d’un long couloir, avec des baies vitrées immenses qui donnent sur la vue magnifique d’Ottawa. Ah, la capitale… Ça a quelque chose de poétique quand on pense que j’y fais disparaître les gens aussi facilement que la lumière du jour derrière un nuage. Mais bon, ce n’est pas vraiment le moment de sombrer dans la poésie.

Tout à coup, mon téléphone sonne. Pas un téléphone ordinaire, bien sûr. Un truc infaillible, intraçable, une perle technologique. Autant dire que si ce machin sonne, c’est que j’ai une nouvelle mission. Je saute sur la télécommande et baisse le son de ma playlist. Pas envie de rater l’appel du siècle.

— Allô ? 
— Allô, je voudrais parler à Monsieur Perez.

Là, déjà, je lève un sourcil. Sérieusement ? Ils ne peuvent pas se passer le mot ? Perez, ça fait des années qu’il a "disparu", enfin… disons que c’est surtout que je l’ai fait disparaître. Je prends une voix faussement douce et amusée, parce que bon, autant s’amuser un peu avec ce crétin.

— Il n’y a pas de Monsieur ici, juste une demoiselle !

Je lance un coup d’œil à mon débardeur, et plus précisément à ce qui dépasse du col. Sérieusement, pourquoi tout le monde pense que la plus grande tueuse à gages de la région est un homme ? Un cliché idiot.

— Oh, pardon, je dois m’être trompé de numéro.

Et il raccroche. Ok… pas de Perez, pas de mission. Pour l’instant. Mais à peine ai-je le temps de soupirer que mon téléphone se remet à sonner.

— Allô ? 
— Oups, non, je me suis trompé à nouveau. Désolé.

Et raccroché. Encore. Mais c’est quoi ce cirque ?

— Ok, crétin, jure-je en fixant l’écran de mon téléphone, prête à le balancer à l’autre bout de la pièce.

Pas le temps pour ces bêtises. Je regarde l’heure. Oh non. Si je ne me bouge pas, je vais être en retard pour ma prochaine mission. Un homme politique corrompu, infidèle à souhait, que je dois séduire puis tuer. Simple, efficace. Une nuit romantique qui se termine avec quelques coups de couteau bien placés et un joli petit rapport envoyé à mon client. L’affaire sera dans le sac.

Je me dirige vers ma collection d’outils de travail. Je passe en revue mes couteaux et mon sabre, aiguisant chaque lame avec un soin presque maniaque. Quand on fait ce genre de boulot, on apprend que les détails comptent. Une lame mal affûtée et c’est la catastrophe. Tout est bien rangé dans son étui, chaque pièce prête à servir.

Ensuite, direction la salle de bain. Je me déshabille et me glisse sous la douche. L’eau brûlante glisse sur ma peau, me ramenant au calme. Cinq minutes plus tard, je sors, me sèche rapidement, puis m’attaque à mes cheveux. Longs, bruns, toujours impeccablement lisses. J’ajoute une touche de maquillage léger, juste ce qu’il faut pour avoir l’air innocente. Un peu de fond de teint, une ombre rose poudré sur les paupières pour faire ressortir mes yeux bleus, un mascara volumineux et une pointe de gloss nude. Voilà, parfait.

Je choisis une robe noire, simple mais terriblement efficace. Bretelles fines, coupe courte juste au-dessus des cuisses, histoire de garder une certaine mobilité. Je glisse mes couteaux dans mes cuissardes — un vrai avantage de la mode, ces cuissardes. Mon sabre prend place discrètement dans son étui. J’attrape mon sac à main, ferme la porte de mon appartement à clé, et me voilà prête.

Direction un restaurant chic du centre-ville. Ah, ces lieux pompeux avec leurs chaises en velours rouge et leurs nappes couleur chocolat foncé… C’est toujours la même ambiance. L’hôte m’indique que mon rendez-vous est déjà arrivé. Je le remercie d’un sourire et m’avance vers la table.

Mon client pour la soirée, Louis, est assis, affichant un sourire charmeur à en faire fondre n’importe quelle femme. Il est beau, c’est indéniable. Musclé, une mâchoire carrée, les lèvres bien dessinées… Dommage, il va finir comme tous les autres.

— Ahhhh, quel gâchis, murmuré-je en m’approchant de lui.

Il se lève, me prend la main et la porte à ses lèvres. Ces lèvres douces, fermes. Si seulement il savait… Il tire ma chaise pour que je m’assoie, un vrai gentleman.

— Nina, je présume ? 
— Louis, je suppose ? rétorqué-je avec un sourire, un brin d’humour dans la voix.

Nous échangeons quelques banalités. Aujourd’hui, Louis est l’archétype de l’homme infidèle. Sa femme — ou plutôt, ses femmes — ne se doutent de rien. Moi, je suis là pour m’assurer qu’il disparaisse de la scène de la manière la plus tragique qui soit. Un accident de voiture, par exemple. Rien de plus simple.

Il me drague ouvertement, son regard se perdant sur ma tenue. Je sens sa main glisser sur ma cuisse. Je me crispe légèrement, mais je garde mon calme. C’est le jeu.

— Pas tout de suite, Louis, murmuré-je en effleurant délicatement sa main. Prenons notre temps.

Il sourit. Un sourire qui se veut séducteur. Puis il me fait une proposition tout aussi prévisible que lassante.

— J’ai réservé une chambre d’hôtel… On pourrait y aller après, si ça te dit.

Je souris à mon tour, mais mon sourire s’efface aussitôt. Mon regard se fixe sur une silhouette accoudée au bar, juste derrière Louis. Des cheveux bruns en bataille, une carrure imposante, et ces yeux… Ces foutus yeux bleu acier. Mon pire ennemi, mon ancien amant. Matheo Mendoza, le mec le plus tordu de tout le Canada. Et bien sûr, il a choisi ce restaurant, ce soir, pour réapparaître.

— Excuse-moi un instant, Louis, je vais aux toilettes, dis-je en me levant précipitamment.

Je passe devant Matheo, marchant d’un pas décidé, mes hanches dessinant une courbe presque insolente. Regarde bien, Matheo, ce que tu as perdu. Nos regards se croisent brièvement. J’ajoute un petit coup d’œil par-dessus mon épaule. Ouais, admire bien… espèce de connard.


Voilà le tout premier chapitre...
J'espère qu'il va vous plaire...
A suivre....

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⏰ Dernière mise à jour : Sep 09 ⏰

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Corps à cœur contre l'âme à lameOù les histoires vivent. Découvrez maintenant