𝐏𝐑𝐎𝐋𝐎𝐆𝐔𝐄

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Toujours assise au même endroit, à la même heure, je regarde ma montre et vois que les aiguilles indiquent 22h55. Il ne me reste plus que 5 minutes avant le départ du bus. La pluie tombe en trombe sur mon visage et mes vêtements deviennent de plus en plus mouillés.

Je commence à ressentir des douleurs thoraciques et des sensations d'étouffement se manifestent. J'enfonce mes ongles dans ma main pour me rappeler que je suis toujours là et que je ne perds pas le contrôle, mais plus les palpitations s'intensifient, plus je sens que je suis en train de céder. Soudain, un bruit sec et percutant attire mon attention et me fait sursauter.

— T'as raté ton bus, me dit une personne en me montrant du doigt le bus qui est en train de partir. Je suis son geste et réalise qu'en effet, il est en train de s'éloigner.

— Je sais, lui réponds-je.

Je tourne légèrement la tête pour apercevoir la personne qui me parle, mais je ne vois que ses yeux. Il porte un sweat à capuche noir, la capuche sur la tête, et un cache-cou noir qui recouvre sa bouche et son nez.

Je commence à vouloir me lever du banc lorsqu'il reprend la parole :

— T'es dans un sale état, dit-il en me jaugeant de la tête aux pieds. Si j'étais toi, j'éviterais d'attendre le prochain bus.

Je mordille ma lèvre inférieure, incertaine de la façon dont je dois interpréter ses paroles.

— Merci pour votre analyse, mais...

— Ce n'est pas un endroit pour une gamine comme toi. Alors rentre chez toi, me coupe-t-il la parole.

Je reste un moment sans bouger, perplexe face à son ton brusque. Finalement, je prends une profonde inspiration et tente de garder mon calme.

-Un endroit pour une gamine comme moi ? Répété-je, perplexe.

Il me fixe intensément, comme s'il pesait chaque mot avant de répondre.

— Les quartiers d'ici ne sont pas sûrs la nuit, et je suis certain que tu le sais déjà.

Je le regarde, hésitante. Il a raison, bien sûr. Entre les histoires de trafic de drogue, d'argent, et autres, je sais que ces quartiers ne sont pas sûrs. Mais ce sont les seuls endroits où les bus passent tous les jours et à toutes les heures.

Je me lève du banc, luttant contre les frissons et l'humidité, et commence à marcher vers la sortie. Avant de partir, je jette un dernier coup d'œil à l'inconnu. Il reste là, immobile, me regardant partir.

Mes pas résonnent dans le silence de la rue déserte alors que je prends le chemin du retour, essayant d'ignorer la pluie qui s'intensifie.

Il a peut-être essayé de me faire peur cette nuit-là, mais ce n'est pas pour autant que je renoncerai. Je reviendrai comme la plupart des soirs.

ECLIPSEOù les histoires vivent. Découvrez maintenant