𝐂𝐇𝐀𝐏𝐈𝐓𝐑𝐄 𝐈

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« ℰ𝓃𝒸𝑜𝓇𝑒 𝑒𝓉 𝓉𝑜𝓊𝒿𝑜𝓊𝓇𝓈 𝒶𝓊 𝓂ê𝓂𝑒 𝑒𝓃𝒹𝓇𝑜𝒾𝓉 »

𝑵𝒚𝒙

Je suçote ma lèvre inférieure et regarde mes ongles pour passer le temps, tandis que le tic-tac de l'horloge emplit les quatre murs de la pièce. Je sais qu'elle me regarde et analyse chacun de mes mouvements ; même lorsque je me mordille l'ongle, elle le note sur son fichu cahier. Je fais comme toujours comme si rien ne m'atteignait et j'attends que cette fameuse heure se termine.

J'entends sa chaise glisser sur le sol et, à mon grand malheur, je lève les yeux vers elle.

-Bonjour, Nyx, commence-t-elle.

Pourquoi ai-je levé les yeux ? Je réponds avec un sourire poli.

— Ça fait longtemps, poursuit-elle. Je vois que tu t'es coupé les cheveux.

Je regarde la mèche que je faisais tourner autour de mon doigt.

— J'ai juste coupé les pointes, dis-je.

Elle me répond avec un sourire.

— Alors, comment vas-tu depuis la dernière fois ?

Malheureusement pour elle, elle va encore se confronter à un mur. Je baisse les yeux face à ses paroles. Comment vais-je depuis la dernière fois ? Mal, comme tous les jours de ma vie. Si ce ne sont pas les crises d'angoisse qui m'anéantissent, ce sont les cauchemars qui me réveillent en pleine nuit, suivis par les insomnies. Mais comment lui expliquer cela ? Je ne peux pas, et je ne le pourrais jamais. Plus tu parles, plus elle creuse dans chaque centimètre de ton être, et cela me ferait un mal de chien.

Elle continue de m'observer, attendant une réponse que je ne suis pas prête à donner.

Le silence qui suit est lourd, ponctué seulement par le tic-tac régulier de l'horloge sur le mur. J'essaie de rester impassible, mais l'anxiété monte en moi.

— Je suis contente de te voir en forme, dit-elle enfin, rompant le silence. C'est important de prendre soin de soi, même dans les moments difficiles.

Je hoche la tête, feignant un intérêt que je n'éprouve pas vraiment. Je suis lasse des lieux communs, des phrases préconçues.

Tout ce que je veux, c'est que cette séance se termine.

— Je suppose, murmuré-je, cherchant à paraître à l'aise.

Elle prend des notes sur son cahier, ses gestes mesurés et méthodiques. Chaque mouvement semble peser sur l'atmosphère déjà tendue. Je me demande ce qu'elle écrit sur moi aujourd'hui, quel aspect de ma vie elle va décortiquer.

Elle me regarde de nouveau, ses yeux perçants cherchant une brèche dans ma façade impassible.

— Parle-moi de tes dernières journées, insiste-t-elle, avec une insistance qui semble à peine voilée.

Je m'efforce de rester calme, même si la question me semble une intrusion. Mon esprit tourne en rond, incapable de trouver les mots justes pour exprimer ce tourbillon intérieur. Je me tourne légèrement vers la fenêtre, où la pluie continue de battre contre les vitres, comme si elle pouvait m'offrir une échappatoire.

— Pas grand-chose de nouveau, dis-je en me concentrant sur chaque mot.

Elle acquiesce lentement, comme si elle cherchait à déchiffrer une énigme dans mes paroles. Son stylo glisse sur le papier avec un bruit régulier, rythmé par le tic-tac de l'horloge.

— Tu sembles distante, Nyx, dit-elle finalement. Je comprends que cela puisse être difficile. Nous pouvons avancer à ton rythme. L'important est que tu te sentes à l'aise pour partager ce que tu souhaites.

ECLIPSEOù les histoires vivent. Découvrez maintenant