Chapitre 2

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De : Sarah
A : Cléo

Il n'y a plus rien à bouffer à la baraque. Prends de l'alcool en même temps, je suis invitée ce soir ! Biz !
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Je grimasse devant le message de ma sœur. Et c'est moi la plus jeune ?
Je soupire en balançant mon uniforme de travail dans le bac à linge sale. On est à peine au début du mois et il ne reste pas grand chose sur mon compte en banque. Je vais encore être découvert.

Ma portière grince quand je l'ouvre. Je dois la claquer pour qu'elle ferme correctement et ma radio ne fonctionne plus. Je prie intérieurement et encourage ma petite twingo pour ne pas qu'elle me lâche entre les mains.

Je déteste les transports en commun.
Je déteste ces connards d'hommes et leurs mains baladeuses.
Je déteste Paris.
Je déteste ma vie.

J'attrape un petit caddie et c'est parti !
Malgré nos revenus plus que faibles du foyer .Que dis-je ? Mes revenus plutôt. J'essaie au maximum qu'on ait une alimentation équilibrée. Légumes surgelés et le peu de viandes que j'achète sont aussi surgelé et en dates courtes. Peu de laitages. Des fruits coupent faim comme la pomme mais ma tutrice de stage m'en donne quand c'est la saison. Elle a deux pommiers dans son jardin.
Je sais qu'on aurait le droit au resto du cœur ou autre association si je fais la demande mais j'ai bien trop honte. Nos parents ne nous ont pas élevés comme ça. Alors que je fais tous ce que je peux pour qu'on s'en sorte. Quand je serai diplômée tout ira mieux.

J'attrape une bouteille de whisky plongée dans mes pensées. On aura deux semaines de courses au prix de la bouteille.

"-Salut mignonne.

Je sursaute lâchant ma bouteille. Le type la rattrape et la pose dans mon caddie. Je le fusille du regard et essaie de partir mais il me suit. Je me plante devant lui, les nerfs à vif.

-Non, tu n'aurais pas mon numéro ni rien d'autre. Et arrête de me coller ou je te castre.
-Mon ex me colle au basque.
-Qu'est ce que j'en est à foutre ?

Il jette un coup d'œil derrière moi.

-C'est une folle. Je te donne cinquante balles si tu m'embrasse vite fait pour qu'elle me lâche.

Je suis sérieusement en train de considérer sa demande ? 50 euros c'est presque notre budget alimentaire au mois. C'est juste une grosse somme d'argent pour moi.

Il jette un autre coup d'oeil inquiet.

-Qu'est ce que tu lui as fait à cette fille ?
-Rien du tout. Je n'ai juste plus envie d'une relation avec elle.
-Tu propose souvent ce genre de deal à des inconnus ?

Il fait un pas vers moi, le regard joueur après avoir zioter quelq'un derrière moi. Je lui tiens tête.

-Ecoute Mignonne. Tu es le seul visage familier et pas dégueu que je connais dans ce magasin.

Je rigole balancent ma tête en arrière.

-Je t'ai juste servi ton repas. Et tu t'es comporté comme un connard avec moi.
-Cent balles.

Mes yeux s'ouvrent en grand. Il réduit encore la distance m'empêchent de respirer correctement. Embrasser un inconnu ? Comme ça ? Dans un magasin contre de l'argent ? J'étais à deux doigts de vendre des photos de mes pieds l'année dernière avec la facture de chauffage...

J'empoigne son pull par le col, le force à s'abaisser pour poser ma bouche sur la sienne. Nos dents s'entrechoquent, ses mains agrippes mes cheveux à l'arrière de mon crâne et mon ventre explose pendant qu'il colle son corps au mien. Quand il essaie de glisser sa langue dans ma bouche, je m'écarte et me retourne pour apercevoir une jolie blonde partir a pas rapide vers la sortie. Je fais face au brun lui montrent ma main. Il me sourit en ce mordent la lèvre. J'aurais peut-être dû lui demander un acompte.

-Je te paye un verre ?
-Plutot crever. Donne moi mon fric ou je te mets mon poing dans la figure."

Il rigole en sortant son portefeuille. Il met cinq billets de vingt dans ma main que je fourre dans ma poche. Je n'ai aucun moyen de vérifier s'ils sont vrais. Je le dépasse s'en un mot. Je sens son regard sur mon dos pendant que je me dirige vers les caisses.

Il fait déjà nuit quand je passe les portes de l'appartement. Il fait toujours aussi froid dans notre trois pièces. Le silence est cassé pour des gémissements et le bruit du lit qui claque contre le mur.
Super.
Ma sœur est en train de se faire tringler. Au moins elle n'a pas honte d'inviter quelqu'un dans notre taudis.
Ça me rappelle à quel point ma vie sexuelle est au plus bas, voire totalement inexistante malheureusement.

Je range les courses pendant qu'ils finissent vu le rythme soutenu que l'homme prend et les cris aigus de ma frangine. Ça ne va plus durer bien longtemps. Heureusement pour moi.

Je l'éclipse sous la douche quand je n'entends plus aucun son. Espérant qu'ils soient partis quand je sortirai.

Une fois lavé je sors rapidement du bac de douche pour mettre un jogging moleté, un gros sweat et des chaussettes fourrées. Le froid qui embrasse mon corps me fais claquer des dents.

Je mets mon oreille contre le bois de la porte. Pas un bruit. Je sors donc. Mais quand je passe l'encadrement de la porte, mon regard croise le sien.

Lucifer.

Et je comprends à quel point ma soeur a merdé. Je retiens ma respiration pendant que Lucien me sourit. Je ne l'avais jamais rencontré mais je sais qui il est. Son père à la monopole de la drogue et d'autres merdes à Paris. Ce type à un panneau danger sur le front. Avec des ampoules lumineuses.

Le brun allume sa cloque et je me retiens de lui dire de ne pas fumer ici. Il s'est assis sur le petit canapé, une cheville posée sur son genou.

"-Bonsoir.

Je lui envoie un petit signe de tête et essaie de m'éclipser.

-Tu n'offre pas un café à ton invité ?

Je ravale ma salive et me dirige finalement vers la minuscule cuisine ouverte. Ma sœur passe au même moment dans le couloir et s'engouffrent dans la salle de bain sans un regard pour nous.

La garce.

Je sens son regard sur moi. Lucien est un bel homme de bientôt trente ans, il me semble. Il peu au moins avoir ça pour lui. Réputation de briseur de cœurs et de connard invétéré avec tout le monde. Il aide son père dans son bizness.
Bordel, j'espère juste qu'il lui brisera le cœur et qu'il en restera là.

J'essaie de contrôler mon angoisse et lui tend le mug de café chaud. Il m'invite à m'asseoir à côté de lui en papotent la place à côté de lui avec sa main.

"-Desolée mais mes révisions m'attendent.

Il encercle mon poignet de sa main, tire dessus pour m'obliger à m'asseoir. Mon poignet me brûle.
Son corps pivote et son bras se pose sur l'arrière du canapé, juste derrière moi. Sa cheville vient se poser sur son genoux. Il m'a coincé dans le coin du canapé.

Il me fait peur.
Et il le sait.

Les rumeurs que j'ai entendues sur lui tournent en boucle dans ma tête.
Alerte ! Alerte !
Ça crit dans ma tête. J'ai le diable devant moi.

-Des révisions sur quoi ?
-Kinésithérapeute.

Il observe mes mains quelques secondes me mettent mal à l'aise. Il boit une gorgée de café toute en me regardant.

-Il est dégueulasse ton café.
-Pas de machine à grain, désolée.

Je me mord la lèvre. C'est sortie tout seule parce que je rêve d'une putain de machine à grain. Chacun ses rêves.  Il sourit me retournent l'estomac.

- Oh putain ! Kevin !"

Nos têtes tournent simultanément sur ma sœur et un homme qui sort de sa chambre. C'est quoi ce bordel ?!

Lucifer Où les histoires vivent. Découvrez maintenant