Chapitre XV

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Salut à tous,
Bonne lecture ;)

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Le silence pendant le trajet du retour était lourd, pesant sur les deux jeunes femmes comme un voile invisible. Elles n'étaient toujours pas d'accord concernant le choix du donneur, et cette divergence d'opinions créait une tension palpable entre elles. Lenie, le regard perdu dans le paysage qui défilait à toute vitesse, jouait nerveusement avec ses doigts, cherchant une échappatoire au tourbillon de sentiments qui la submergeait. La décision à prendre lui paraissait immense, presque écrasante.

Helena, quant à elle, conduisait de façon automatique, son esprit vagabondant loin de la route. Elle oscillait entre la frustration de ne pas être sur la même longueur d'onde que Lenie et l'inquiétude de savoir qu'elles devaient impérativement trouver un compromis. Chaque kilomètre parcouru les éloignait un peu plus de la légèreté qui caractérisait habituellement leur relation, comme si un mur invisible s'élevait lentement entre elles.

Aucun mot n'avait été échangé depuis qu'elles avaient quitté la clinique en laissant la question du donneur en suspens. La réponse évasive qu'elles avaient donnée au docteur Moreau résonnait encore dans l'air, un aveu de leur désaccord. C'était un sujet sensible, qu'elles savaient devoir affronter avant leur rendez-vous de lundi, mais aucune ne semblait prête à plonger dans cette conversation difficile.

Lorsque la porte de leur appartement se referma derrière elles, le bruit sec de la fermeture résonna dans le silence pesant. Sans un mot, Lenie alla s'asseoir sur le canapé, ses gestes lents et fatigués trahissant l'épuisement mental qui la submergeait. Elle ramena ses genoux contre elle, adoptant une posture défensive, comme si elle cherchait à se protéger de l'inévitable discussion qui planait entre elles.

Helena resta un moment dans l'entrée, hésitant. Devait-elle rejoindre Lenie tout de suite, ou lui laisser un peu de temps pour souffler ? Le silence prolongé alourdissait l'atmosphère, mais forcer une conversation qu'elles redoutaient toutes les deux semblaient risqué. Pourtant, elle savait que continuer à éviter le sujet ne ferait qu'accentuer la distance entre elles.

Après un instant d'hésitation, Helena s'approcha doucement du canapé. Elle s'assit à côté de Lenie, sans un mot, juste assez proche pour que leurs épaules se touchent. Ce simple contact physique, aussi léger soit-il, apportait un réconfort subtil. Bien qu'il n'efface pas le poids des décisions à prendre, il créait un pont fragile entre elles, un rappel de leur lien.

Le silence persista encore un peu, avant que Lenie ne brise finalement l'immobilité en murmurant d'une voix à peine audible : « Je sais qu'on doit en parler... » Sa voix se perdit dans un soupir, comme si formuler ses pensées à haute voix rendait la situation encore plus réelle. « Mais... »

Helena hocha doucement la tête, les yeux toujours fixés devant elle. « Oui... on doit en parler, mais pas tout de suite, » répondit-elle doucement. Sa main chercha celle de Lenie, entrelaçant leurs doigts dans un geste à la fois réconfortant et protecteur.

Lenie soupira à nouveau, sentant une petite partie de la pression se relâcher. « Ça me fait peur, Helena... Cette décision, elle me paraît tellement immense. Je veux qu'on soit sûres. »

Helena tourna enfin son visage vers elle, ses yeux bleus reflétant une douceur mêlée de compréhension. « On le sera, » murmura-t-elle en la serrant un peu plus contre elle. « Ensemble, on prendra la bonne décision. Et surtout... » Sa voix se fit encore plus douce, presque un souffle. « C'est ton corps, Lenie. Tu auras toujours la décision finale. Je te soutiendrai quoi qu'il arrive. »

Lenie ferma les yeux un instant, sentant le poids de ses inquiétudes s'alléger, même si elles ne s'étaient pas encore confrontées à la question du donneur. Pour l'instant, le simple fait d'être là, ensemble, était suffisant.

Les vacances (Helenie) Où les histoires vivent. Découvrez maintenant