Chapitre 2 : L'Atelier d'Écriture

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Léa tapotait distraitement le stylo sur la table, les yeux rivés sur le carnet ouvert devant elle, sans vraiment lire les mots griffonnés sur les pages. Elle était nerveuse. Non, plus que ça. Elle avait le ventre noué d'appréhension à l'idée de participer à cet atelier d'écriture. Ce n'était pas tant l'atelier qui l'effrayait, mais l'idée de partager ses textes. Ses histoires étaient une échappatoire, un monde secret qu'elle n'avait jamais vraiment osé montrer à quelqu'un d'autre.

La salle de la bibliothèque municipale était lumineuse, avec des fenêtres donnant sur le jardin en contrebas. Quelques autres participants, la plupart plus âgés qu'elle, étaient déjà installés, feuilletant leurs carnets ou pianotant sur leurs ordinateurs portables. Léa, elle, était plongée dans ses pensées.

Elle n'était pas sûre d'où lui était venue cette idée de s'inscrire à un atelier d'écriture. Peut-être un besoin de validation, de rencontrer des gens qui, comme elle, vivaient avec des idées d'histoires qui bouillonnaient dans leur tête. Mais aussi, c'était un espace où elle pouvait être elle-même, loin de ses parents qui n'arrêtaient pas de lui rappeler que l'écriture ne lui rapporterait rien. Ils étaient si concentrés sur ses résultats scolaires, sur l'idée qu'elle devienne quelqu'un de « sérieux », qu'ils en oubliaient parfois qui elle était vraiment.

Léa jeta un coup d'œil à sa montre. L'animateur de l'atelier allait bientôt arriver. Elle n'avait jamais entendu parler de lui, mais selon l'affiche de l'atelier, il s'agissait d'un écrivain local nommé Marc Durand, spécialisé dans la fiction contemporaine.

La porte s'ouvrit soudainement, et Léa tourna la tête. Un homme entra, un sac en cuir usé jeté négligemment sur l'épaule. Il n'avait rien de l'écrivain austère qu'elle s'était imaginé. Il était grand, avec des cheveux bruns légèrement ébouriffés qui lui donnaient un air décontracté. Ses yeux étaient vifs, brillants de la passion qu'il portait visiblement pour son art. Son sourire chaleureux mit tout de suite les participants à l'aise, y compris Léa.

« Bonjour à tous, et bienvenue à cet atelier d'écriture. Je m'appelle Marc Durand, et je vais vous accompagner aujourd'hui dans cette aventure créative », dit-il d'une voix grave mais apaisante. « J'espère que vous êtes prêts à explorer les mondes que vous portez en vous. »

Léa sentit une vague d'excitation monter en elle. Sa nervosité ne s'était pas entièrement dissipée, mais il y avait quelque chose dans l'aura de cet homme qui la rassurait. Elle ouvrit son carnet, prête à prendre des notes, mais surtout à écouter attentivement tout ce qu'il allait dire.

Marc commença par une courte introduction sur l'écriture, insistant sur le fait que l'écriture n'était pas seulement un talent, mais une discipline qui se perfectionne avec le temps. Chaque mot qu'il prononçait semblait toucher quelque chose de profond en Léa. Il parlait des histoires comme d'un moyen de se comprendre soi-même, d'explorer les émotions et les idées qu'on n'ose parfois pas affronter dans la vie quotidienne.

« L'écriture est un voyage personnel », dit-il en regardant les participants un à un. « Ce que vous écrivez, c'est une part de vous-même que vous laissez sur la page. »

Léa hocha la tête, complètement absorbée par ses paroles. À mesure que l'atelier avançait, elle se sentait de plus en plus captivée par cet homme, pas seulement à cause de son apparence - bien qu'elle ne puisse s'empêcher de remarquer son charisme. Il y avait une connexion entre ses mots et ce qu'elle ressentait au plus profond d'elle-même.

Quand vint le moment de lire les textes à voix haute, Léa hésita. D'autres participants s'étaient déjà lancés, partageant leurs récits avec confiance, tandis qu'elle sentait son cœur battre plus fort. Finalement, encouragée par la douceur avec laquelle Marc réagissait aux textes des autres, elle leva timidement la main.

« Je... je peux lire mon texte », dit-elle, la voix légèrement tremblante.

Marc lui adressa un sourire sincère. « Bien sûr, vas-y. »

Elle prit une profonde inspiration, elle se présenta d'abord puis commença à lire. Son texte parlait d'une jeune femme perdue dans un monde trop bruyant, cherchant un endroit où elle pourrait enfin être elle-même. À mesure qu'elle lisait, elle sentit son anxiété se dissiper, remplacée par la fierté de voir ses mots prendre vie.

Lorsque Léa termina, il y eut un instant de silence avant que Marc ne prenne la parole.

« C'est un très beau texte, Léa », dit-il d'une voix grave mais douce. « Tu as une voix authentique, et c'est la chose la plus difficile à trouver. Continue d'écrire, et n'aie pas peur d'explorer encore plus profondément ce que tu ressens. »

Léa rougit légèrement sous le compliment, mais elle sentait son cœur gonfler de fierté. C'était la première fois qu'un adulte reconnaissait vraiment son talent pour l'écriture.

Après l'atelier, Léa traîna dans la salle, espérant avoir une chance de parler à Marc en privé. Les autres participants quittaient la bibliothèque un par un, et bientôt, il ne restait plus qu'elle. Rassemblant son courage, elle s'approcha de lui.

« Monsieur Durand ? », dit-elle, sa voix hésitante.

Marc se tourna vers elle, l'air surpris mais pas désagréablement. « Léa, c'est ça ? », dit-il en souriant. « Ton texte m'a vraiment impressionné. »

Elle sourit timidement. « Merci. L'écriture, c'est... c'est tout ce que j'aime. »

Marc hocha la tête, son regard se faisant plus sérieux. « Continue à écrire. Tu as vraiment un talent pour ça et ne laisse personne te faire croire le contraire. »

Ces mots résonnèrent profondément en Léa. Elle savait que cette rencontre allait changer quelque chose en elle, mais ce qu'elle ne savait pas encore, c'est que cette admiration innocente allait bientôt se transformer en des sentiments bien plus complexes.

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