Chapitre 7

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Le lendemain, après cette soirée assez simple, Althaïr était parti à l'aurore, laissant Aline entre les mains de Mehran.

Alors qu'elle se leva, un sentiment de vide l'envahit à l'idée qu'Althaïr n'était plus là. Son absence créait un trou dans son estomac, une angoisse sourde qui ne cessait de croître. Elle se sentait vulnérable sans sa présence, sans son ombre pour protéger la sienne. En descendant les escaliers, elle aperçut Mehran qui se dirigeait vers le garage.

"Allez, on se bouge, j'avais dit 7h," lança-t-il, agacé. Il était 7h06.

Aline n'était pas certaine de pouvoir supporter Mehran seule. L'idée qu'il pourrait profiter de cette situation, de sa vulnérabilité, la glaçait d'effroi. Elle déglutit, essayant de masquer son appréhension.

"C'est bon," dit-elle agacée.

Elle suivit Mehran avec une distance prudente. Ils entrèrent dans le garage, et l'absence de la Brabus, cette voiture impressionnante qui avait marqué les débuts de sa rencontre avec Althaïr, la blessa. À la place, il ne restait qu'une Subaru BRZ grise.

Mehran, remarquant le regard d'Aline sur la BRZ, se mit à sourire. « Monte, » ordonna-t-il.

Aline hésita un instant. L'idée de prendre place dans cette voiture, en compagnie de Mehran, l'inquiétait, mais elle se força à avancer, se glissant à l'intérieur de la Subaru.

L'intérieur était bordélique ; deux bouteilles d'eau, à moitié pleines, roulaient sur le sol, tandis que des cendres étaient éparpillées un peu partout. Sur le tableau de bord, des pendentifs tibétains et d'autres amulettes religieuses pendaient, allant des symboles de protection aux talismans de chance. Cette juxtaposition entre le désordre matériel et les objets spirituels déstabilisait Aline. Mal à l'aise, elle évitait de croiser le regard de Mehran.

« C'est de la livraison, c'est ça ? » demanda-t-elle.

« Oui... » dit-il en démarrant.

La voiture sortit du garage. La main fine de Mehran glissa sur le volant, les perles de ses bracelets s'entrechoquant alors qu'il passait les vitesses rapidement. Les pneus crissèrent légèrement sur l'asphalte, et le moteur rugit alors que la Subaru s'élança sur la route dans une accélération brutale. Aline fut projetée contre le dossier du siège. Elle agrippa la poignée de la portière. Il semblait prendre un plaisir malsain à pousser la voiture au maximum. Chaque virage était pris à une vitesse folle, la Subaru glissa dangereusement à chaque coup de volant. Mais Mehran se surprit à voir Aline garder son calme. D'ordinaire, les filles avaient peur de la vitesse, mais elle semblait, bien que rigide, confiante.

« Tu kiffes ? Avoue ! » lança-t-il, ralenti par une voiture qu'il ne pouvait pas doubler pour le moment.

Aline tourna lentement la tête vers lui. « Ça m'impressionne pas...» répondit-elle.

« Alors c'est comme ça, on va voir ce que t'as dans les tripes. » Il appuya sur l'accélérateur, faisant rugir le moteur et doubla finalement la voiture.

Mehran pila brusquement pour éviter un camion qui arrivait en trombe sur leur gauche. Mehran braqua violemment le volant, faisant déraper la voiture en un virage serré. Le véhicule chassa du côté, mais Mehran garda le contrôle d'une main ferme. Les pendentifs tibétains qui s'entrechoquèrent au gré des secousses brutales.

« Ça va ? » demanda-t-il avec un sourire.

L'estomac d'Aline était encore en train de se retourner mais elle fit comme si de rien n'était. "Tu es pas censé livrer des colis, plutôt que d'essayer de me faire peur ?" répliqua-t-elle.

Althaïr ( VF )Où les histoires vivent. Découvrez maintenant