Phran était assise d'un côté, Aster de l'autre. Aucun d'eux ne parlait, mais le sommeil ne venait pas. L'agitation intérieure était trop forte. Finalement, Aster brisa le silence, sa voix résonnant dans le crépitement des flammes.
« Tu comptes vraiment me haïr toute ta vie ? » demanda-t-il, sans détour. Son ton n'était ni provocateur ni moqueur cette fois, mais sérieux.
Phran serra les poings, le visage fermé. Elle ne voulait pas lui répondre, mais elle sentait la colère bouillonner en elle, incapable de rester contenue.
« J'ai mes raisons, » répondit-elle sèchement, sa voix trahissant l'émotion qu'elle essayait de cacher.Aster soupira, visiblement agacé par cette réponse évasive. Il se tourna vers elle, son regard durci par la fatigue et l'agacement.
« Tu sais, Phran, t'es pas la seule à avoir perdu des gens. Tu crois que t'es la seule à avoir des raisons de haïr ce monde ? »Phran se redressa légèrement, sa colère grimpant encore d'un cran.
« Tu m'as pris Tom. Tu m'as pris ma vue. Alors ne viens pas me faire la leçon. » Sa voix était presque un grondement, et ses mots, acérés.Aster la fixa un instant, ses yeux brillant d'une lueur dure. Il n'était pas du genre à se laisser démonter facilement, mais il savait que ce terrain était glissant.
« Pour ta vue...Je n'ai jamais voulu ça, » dit-il simplement, presque en chuchotant.Phran serra les dents.
« Peu importe ce que tu voulais ou non. Le résultat est le même. »Un silence retomba, cette fois encore plus pesant. Les flammes crépitaient doucement, projetant des ombres dans la petite pièce. Phran fixa le sol, évitant de se laisser submerger par la tristesse. Elle ne voulait pas pleurer. Pas devant lui.
Aster soupira une nouvelle fois, se passant une main sur le visage. « Tu crois vraiment que me haïr va arranger quoi que ce soit ? »
Phran ne répondit pas, se contentant de détourner la tête, mais à l'intérieur, ses émotions tourbillonnaient, mêlant rancune et tristesse.
Le silence, déjà lourd, devint plus oppressant encore à mesure que les heures passaient. L'obscurité était maintenant totale, le désert plongé dans une nuit profonde et insondable. Aster, allongé sur le dos, somnolait, prêt à s'endormir. De son côté, Phran, adossée au mur, s'efforçait de calmer son esprit. Mais malgré la fatigue, le sommeil restait hors de portée.
Alors que leurs corps tentaient de se détendre, un bruit soudain, léger mais distinct, fit dresser Phran d'un coup. Ses muscles se tendirent instantanément, son cœur battant plus vite. Elle n'avait peut-être plus la vue, mais elle entendait ces bruits avec une acuité qui lui fit froid dans le dos. Des pas. Et ces pas n'étaient pas ceux d'un humain.
« Psst... Aster ! » murmura-t-elle, sa voix à peine un souffle.
Elle répéta son appel plusieurs fois avant qu'Aster ne réagisse, se redressant brusquement, visiblement agacé par cette interruption.
« Quoi, putain ? » grogna-t-il, la voix encore endormie, mais teintée d'exaspération. Le ton sec d'Aster ne fit qu'agacer davantage Phran, mais l'urgence de la situation la retint de répliquer immédiatement.
« Il y a des bruits, connard. J'aurais dû te laisser te faire attaquer par... peu importe ce que c'est. » répondit-elle, la voix froide, teintée de sarcasme.
Aster se frotta les yeux, maudissant intérieurement la paranoïa de Phran. Il se redressa davantage et scruta les ombres autour d'eux. Le feu avait faibli, n'éclairant plus qu'une petite zone autour d'eux. Après plusieurs secondes d'observation silencieuse, il repéra enfin quelque chose : deux petits yeux globuleux et rouges, scintillant à moitié cachés derrière un muret. Un mutant. Il soupira, presque soulagé, et se rallongea aussitôt.
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Ostru: Fragments d'un Monde Déchu
Aventură25 ans après une apocalypse, l'humanité a basculé dans le chaos. Cette apocalypse, issue d'une guerre, a balayé la civilisation, laissant derrière elle des ruines et des terres ravagées. Avant cette chute, la majorité des êtres humains possédaient...