Je me suis redressée à la seconde qui suivit, cherchant à maintenir une distance entre nous, mais il était tenace. Il m'a retournée vivement, m'obligeant à lui faire face. Ses yeux étaient féroces et terrifiants.Il a pris place près de moi et a enchaîné :
_ Tu es tellement stupide, Jacky, tellement putain. Tu t'es dit qu'il serait facile de te défaire de moi ainsi ? À quel moment as-tu essayé de mettre ton cerveau en marche ?
Je tremblais littéralement.
_ Je...
_ Tu quoi ? Tu es désolée ? Non, poupette, ça c'est pour les imbéciles. Je vais te faire comprendre une chose, et j'espère pour toi qu'après cela, tu ouvriras réellement les yeux et te serviras de ce foutu cerveau pour faire quelque chose de vraiment censé pour une fois.
Je n'arrivais plus à soutenir son regard, pourtant la colère qui émanait de sa voix était palpable.
_ Ton frère Dik et moi avons passé un accord. Il a rempli sa part du marché et est reparti avec une coquette somme.
Mes yeux se sont ouverts grandement à l'écoute de ses mots.
Un accord ? Mon frère ? Nonnnn...
Je me suis mise à secouer ma tête vigoureusement pour essayer de chasser cette funeste vérité de mon esprit.
_ Si, vois-tu, quand tu m'as fait part de ton désir de revoir ta famille, j'ai voulu me rassurer de leur moralité, même si ton père nous avait déjà prouvé qu'il faisait partie de ces personnes qu'on peut soudoyer avec de l'argent. Je leur ai donné une seconde chance et ils ont accepté de m'aider. Je voulais que tu comprennes que tu n'as personne, juste des loups prêts à tout pour de l'argent.
_ Non, c'est faux ! Ma famille n'aurait jamais pu faire un truc pareil.
_ Ah oui ? Tu crois vraiment ça ? _ Il éclata d’un rire glacé qui me fit frissonner. _ Ouvre les yeux, Jacky ! Ta famille t'a vendue sans la moindre hésitation. Ton frère a pris l’argent et a disparu sans laisser de trace. Il t’a laissée entre mes mains. C’est ça, la vérité. Ils n’ont jamais voulu de toi, ils ne t’ont jamais protégée. Mais moi… moi, je t’ai toujours protégée. Et c’est comme ça que tu me remercies ?
Je restais sans voix, mon esprit tourbillonnait, incapable de traiter l’information. Mes jambes se mirent à trembler, et je me sentais comme piégée dans un cauchemar dont je ne pouvais pas sortir. Tout ce que je croyais être vrai s’effondrait.
_ Je... je ne peux pas croire que Dik... _ balbutiai-je, la gorge serrée.
_ Eh bien, il va falloir que tu t'y fasses, _ grogna-t-il en se levant brusquement. _ Et maintenant, tu vas arrêter de jouer les petites victimes et tu vas écouter. Je t’ai donné tout ce dont tu avais besoin. Maintenant, c'est à toi de jouer ta part.
Il me fixa de ses yeux perçants, son ombre imposante me dominait complètement. Je savais que je n'avais pas d'autre choix que d'écouter, même si tout en moi hurlait de fuir.
Il fit quelques pas, tournant en rond dans la pièce, comme un prédateur qui s’apprête à bondir sur sa proie.
_ Voilà ce qui va se passer, _ dit-il finalement d'une voix glaciale. _ Tu vas arrêter tes petites rébellions et tu vas rester ici, jusqu'à ce que je décide que tu peux retourner vivre à la villa. Tu crois vraiment que tu peux me fuir comme ça ? Après tout ce que j'ai fait pour toi ?
Je sentis une vague de désespoir m’envahir. Chaque fibre de mon être voulait hurler, se débattre, s’échapper de cet enfer. Mais je savais qu’il avait raison sur un point : je n'avais nulle part où aller. Ma propre famille m'avait trahie, et lui... lui, il était tout ce qu'il me restait, même si cette pensée me glaçait le sang.
_ Si tu fais ce que je dis, tout ira bien, _ ajouta-t-il, sa voix se radoucissant légèrement. _ Je peux te protéger, te donner tout ce que tu désires. Mais si tu essaies encore de m'échapper... _ Son regard s’assombrit, et son ton se fit plus menaçant. _ Je te promets que tu regretteras de m'avoir défié.
Je baissai les yeux, incapable de soutenir son regard. J’étais piégée, totalement à sa merci.
Le silence qui s'installa après ses paroles était oppressant. Mon souffle était court, et mon cœur battait à un rythme frénétique. Je sentais mes mains moites trembler, et pourtant, je devais garder le contrôle. Si je laissais la panique m'envahir, je serais complètement perdue.
Il s’approcha lentement, et je sentis son souffle chaud contre ma peau. Il prit mon menton entre ses doigts, me forçant à relever la tête et à affronter son regard. Ses yeux, d’un noir profond, semblaient percer mon âme, cherchant à y lire la moindre trace de défi.
_ Comprends bien une chose, _ murmura-t-il, sa voix devenant presque un murmure, _ je ne plaisante jamais. Et je ne tolère pas la trahison. Alors sois sage, Jacky, et tout se passera bien.
Ses doigts se relâchèrent soudainement, et je vacillai légèrement en arrière, comme si son simple contact m'avait maintenue droite. Il tourna les talons et s’éloigna, comme si la conversation était terminée, comme si mon sort venait d’être scellé.
Mais au fond de moi, une flamme minuscule, presque imperceptible, continuait de brûler. L'idée de me soumettre complètement à lui me révoltait, même si la peur me paralysait. Je ne savais pas comment, ni quand, mais une part de moi refusait de céder.
Cette petite flamme, fragile mais persistante, était tout ce qui me restait pour ne pas sombrer complètement. La peur me paralysait, mais la colère commençait à percer ce voile oppressant. Comment en étais-je arrivée là ? Comment cet homme avait-il réussi à me faire douter de tout, même de ma propre famille ?
Je savais que je devais être prudente, calculer mes mouvements. Chaque geste, chaque mot pourrait me trahir si je ne faisais pas attention. Il m'observait constamment, cherchant la moindre faille, le moindre signe que je pourrais encore me rebeller. Mais je ne pouvais pas simplement me résigner. Pas maintenant, pas après tout ce qu'il venait de dire.
Je pris une profonde inspiration, essayant de calmer le tumulte dans ma tête. Pour l’instant, je devais jouer le jeu, me montrer docile, obéissante. Lui faire croire que j’avais accepté mon sort. Ce serait la seule façon d'avoir une chance de m’en sortir.