#Martin
La trahison de ma femme m'avait touché bien plus que les coups que j'avais reçus jusqu'à présent dans ma vie. Je navigue dans un monde où ce genre de comportement est inacceptable.
Après qu'elle ait accepté de me quitter sans même une once de regret, cette petite lueur qui naissait en moi à son endroit s'est éteinte. J'ai été brutal avec elle, mais cela n'a fait que la rebeller davantage. J'ai essayé la douceur, mais elle a toujours voulu s'en aller.
À cause de mes stupides sentiments à son égard, j'avais renoncé à la règle d'or de mon clan : Honneur ou pendaison ! Je devais normalement la tuer pour ce qu'elle m'a fait, mais je n'osais pas me défaire d'elle. Au lieu de cela, j'ai préféré l'isoler. Je ne savais pas si c'était une bonne idée, mais Jacky avait besoin d'une bonne leçon. J'avais une petite idée en tête : pour commencer, il fallait qu'elle comprenne que ses actes avaient des conséquences.
Je pouvais sentir la tension dans chaque fibre de mon être alors que je m'apprêtais à mettre mon plan en œuvre. L’idée de lui faire comprendre la gravité de sa trahison me hantait, mais la notion de respect et d’honneur était profondément ancrée en moi.
Pour l’instant, j’avais choisi de la mettre à l’écart, loin de tout ce qui pouvait lui apporter du réconfort ou des distractions. Je voulais qu'elle soit confrontée à ses propres erreurs, sans échappatoire. La solitude devait être son châtiment, une épreuve qui lui ferait peut-être réaliser l’ampleur de son acte.
Plus tard, je suis parti.
Je l'ai enfermée dans cette maison et j'ai mis des hommes à sa surveillance pour qu'elle ne songe même pas à s'échapper. Je suis retourné à la villa le cœur lourd, regrettant de lui avoir accordé ma confiance, d'avoir cru qu'elle serait à la hauteur.
De retour à la villa, je me sentais déchiré entre le devoir et le regret. Les murs de la maison me semblaient étouffants sans elle. La solitude de Jacky était une partie du plan, mais elle était aussi le reflet de ma propre solitude intérieure.
Enfermée et surveillée, elle devait comprendre que ses actions avaient des répercussions, mais chaque minute que je passais à ruminer sur la situation me rapprochait de ma défaite personnelle. Je savais que je devais rester ferme pour respecter les règles de mon clan, mais chaque décision que je prenais semblait me pousser davantage vers une culpabilité croissante.
Les jours suivants, je passais mes journées à m’occuper des affaires du clan, mais mon esprit vagabondait sans cesse vers Jacky, vers cette maison où elle était retenue. Je redoutais le moment où je devrais faire face à cette réalité insupportable. Peut-être qu'une partie de moi espérait encore un signe de repentance, un retour à la raison qui me permettrait de réconcilier mes sentiments avec mes obligations.
Le dilemme intérieur continuait de m’assaillir, et le poids de la trahison, non seulement de Jacky mais aussi de moi-même, restait lourd sur mes épaules.
*
~ Trois mois plus tard ~
#Jacky
Des jours, des semaines et des mois s'étaient écoulés sans que je ne voie à nouveau la silhouette de mon époux. Martin m'avait abandonnée dans cette maison, m'ayant isolée de toute forme de civilisation. Le sentiment de rejet que j'éprouvais était plus douloureux que tout ce qu'il avait pu me faire jusqu'à présent.
Chaque semaine, l'un de ses hommes m'apportait des provisions et s'en allait sans chercher à savoir si j'allais bien. Je n'avais pas de portable, rien pour faire passer le temps, et je ne savais même pas quel jour il était.
Je vivais la vie d'une condamnée, et chaque fois que je demandais à ses hommes de lui passer un message de ma part, je ne recevais aucune réponse en retour.
M'avait-il oublié ? S'était-il entiché d'une autre femme ? La jalousie prenait place quand j'y pensais, mais je ne pouvais rien faire. Le fait qu'il refuse de m'avoir à ses côtés signifiait qu'il ne m'avait pas encore pardonnée.
Ce matin-là, je fus réveillée par des coups contre ma porte. J'ai deviné qu'il devait s'agir de la livraison hebdomadaire habituelle, et sans prendre la peine de vérifier, j'ai ouvert.
Je suis restée pétrifiée. Martin était revenu.
Mon cœur s’emballa en le voyant se tenir là, dans l'encadrement de la porte. Il avait l’air aussi impénétrable et autoritaire que toujours, mais je pouvais voir une lueur d’épuisement dans ses yeux, comme si les mois d’isolement m’avaient affectée autant que lui.
Je tentai de parler, mais ma voix se brisa, la solitude m’ayant laissé peu de force. Martin, pour sa part, semblait ne pas se laisser affecter par ma présence désorientée. Il entra lentement dans la pièce, son regard scrutant chaque recoin comme s’il essayait de comprendre ce qui s’était passé pendant son absence.
_ Jacky, dit-il finalement, sa voix étant un mélange d'autorité et de fatigue.__ Comment te sens-tu ?
Je voulais réagir, exprimer toute la douleur que j’avais ressentie, mais les mots me manquaient. Au lieu de cela, je restai là, les yeux rivés sur lui, incapable de comprendre ses intentions.
Martin s’avança encore, fermant la porte derrière lui.
_ Je suis venu pour parler. Nous avons beaucoup de choses à régler.
Sa présence avait réveillé en moi un tourbillon de sentiments confus : de l’espoir, de la colère, et une profonde tristesse. Il ne semblait pas y avoir de retour à la normalité tout de suite. Au contraire, il y avait un long chemin à parcourir pour comprendre ce que ces mois d’isolement avaient réellement signifié pour nous deux.
Il me fallut un moment pour retrouver ma voix.
_ Pourquoi maintenant ? Pourquoi revenir après tout ce temps ?
Martin se dirigea vers une chaise, visiblement affecté par la dureté de la question.
_ Parce que j’ai compris que cette épreuve n’a pas seulement été pour toi. Elle a aussi été pour moi, pour nous deux. Il est temps d’affronter ce qui s’est passé et de décider ce que nous allons faire ensuite.
Je voulais croire en ses mots, mais le poids des mois passés seule et la douleur de la trahison rendaient toute tentative de réconciliation difficile. Pourtant, l’opportunité de parler, de comprendre ce qui avait conduit à ce point, semblait être un petit réconfort dans cet océan de confusion.