Chapitre 10 | 𝒜𝒸𝒽𝓁𝓎𝓈

25 1 0
                                    

- Ça commence toujours de la même manière :

C'est moi, ligoté à cette chaise, entouré de ses ombres plus horrifiques les unes que les autres.

Ce sont mes victimes, les personnes que j'ai tuées, effroyablement.

Je ne peux bouger d'un iota, mon regard est fixe devant moi, mes bras sont attachés à la chaise, et mes pieds sont cloués au sol et liés entre eux.

Une ombre s'élève au-dessus de ma tête.

Elle s'approche progressivement de moi et davantage, je la vois grandir. 

Une seconde ombre se dresse derrière moi. Il ne lui reste plus qu'un seul œil encore dans son globe oculaire, l'autre pend le long de son menton. Sa mâchoire est détruite par l'assaut de mes coups.

Ses bras viennent serrer ma gorge, je tremble, ma respiration se bloque.

Je ne parviens plus à respirer, je suffoque.

J'essaye de bouger pour me libérer de sa prise, mais c'est impossible, mon corps ne m'écoute plus.

Il ne me reste plus que quelques bouffées d'air et c'est à cet instant qu'il relâche, enfin, ma gorge.

Lorsque je tourne la tête à droite, je vois une ombre, sans jambe, son corps lacéré d'entailles.

Comment parvient-elle à marcher ? Elle se tient là, à côté de moi, parfaitement bien debout. Elle s'approche de mes mains et commence par caresser ma main droite, un frisson de dégoût parcourt tout mon corps.

Elle sort de son dos, un outil que j'ai l'habitude d'utiliser sur mes victimes, commence par arracher un premier ongle et je hurle de douleur.

Les ombres se multiplient autour de moi, dès que l'une se met à rire, les autres la suivent.

Leurs rires résonnent comme la cacophonie de ma mort. Elle hurle dans les tréfonds de mon âme.

Plus mes cris de douleur s'intensifient, plus leurs rires s'approfondissent.

Je suis rebuté, j'ai envie de vomir, mais je n'y arrive pas. 

Mon corps est parcouru de tremblements. Je ne parviens pas à contrôler ses spasmes. Elle continue d'arracher chaque ongle, un à un.

Quand elle a terminé de retirer ceux de mes mains, elle passe à ceux de mes pieds. La douleur est insoutenable.

Une ombre, que je pourrais reconnaître parmi mille, le violeur de ma petite sœur, appuie de toutes ses forces sur mes plaies aux vifs.

Je me sens vaciller, j'ai la tête qui tourne.

Le voir sous cette forme me donne, de nouveau, des envies de meurtre alors je me débats comme une bête en cage.

Je veux qu'il souffre, encore, encore et encore. Je veux le détruire comme il a détruit l'enfance de ma petite sœur.

Dès que je parviens à me libérer des cordes qui me lient à la chaise, je tombe la tête la première contre le sol et je me réveille instantanément, trempé de sueur.

- Ça se déroule toujours de cette manière ? lui demandai-je horrifiée par ce qu'il vient de me raconter.

- Dans les grandes lignes, parfois, on m'arrache les dents à la place des ongles, d'autre fois, il n'y a pas le violeur de ma sœur. C'est aléatoire.

Je reste bouche bée, je ne sais pas quoi lui dire, comment le réconforter, comment le rassurer, les seuls mots qui sortent sont :

- Je suis désolée, dis-je d'en un murmure.

Il tourne sa tête vers moi et je peux voir les larmes dans ses yeux.

- Ne le sois pas, ce n'est pas ta faute et puis je ne cherche pas à avoir ta pitié. Ça m'a juste permis de me libérer un peu, comme je le faisais avec Hélios.

Je reste sur place, je n'ose ni bouger ni respirer, pour ne faire aucun bruit.

- Je vais y aller, dit-il. Merci de m'avoir écouté Achlys, ça m'a fait du bien.

Je ne parviens même pas à le retenir, cette fois, je le laisse partir.

Trop d'informations flottent dans mon crâne : le violeur de sa petite sœur, ses ombres, ses victimes vivantes.

Son cauchemar fait écho au mien et cette idée me terrifie.

HécatombéonOù les histoires vivent. Découvrez maintenant