Londres 1820,
Haydée est une jeune femme de 23 ans.
Elle travaille pour l'une des familles les plus aisées de la ville et surtout l'une des plus gentilles, le vicomte et la vicomtesse de Seymour.
La saison des mondanités est prête à débuter et une...
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À peine je viens passer les portes de la cuisine que j'ai affaire aux deux cuisinières.
«Dis-moi que ce n'est pas vrai ? »
«Bonjour à vous aussi mesdames »
J'enlève mon manteau et je pars l'accrocher dans l'arrière cuisine avant de revenir avec mon tablier que j'enfile.
Je me dirige vers la grand table afin de préparer la pâte à gâteau pour le petit-déjeuner du vicomte et de la vicomtesse.
«Haydée»
Je me retourne vers mes deux amies que je regarde.
«Nous avons appris ce matin au marché que tu étais en compagnie du Duc de Cambridge hier après-midi»
«C'est exact »
«Pourquoi faire ? »
«À ton avis Martha ? » dis-je en souriant alors que je me maudis de l'intérieur de réagir ainsi avec elle.
«Il cherche une épouse Haydée »
«Et je crois que je lui plaîs bien »
«Tu ne peux pas faire ça » me dit Hariette.
«Quoi donc ? »
«Te marier avec lui »répond Martha.
«Je sais ce que vous allez dire, que je ne suis personne alors que lui est un Duc. Mais Albert est gentil et il m'a assuré qu'il ne s'intéressait pas au titre, il veut simplement une épouse»
C'est décidé ce soir je m'arrache la gorge pour ce que je viens de dire.
«Il en est hors de question » s'énerve Martha «Tu ne peux pas épouser ce genre d'homme»
Je la regarde et je vois qu'en plus d'être en colère, elle semble blessée de mon comportement.
«Je ne comprends pas ! Il y a quelque temps vous vouliez toutes les deux que je trouve un époux et que je passe mon temps dans de belle robe et maintenant que cela semble peut-être se concrétiser vous me faites un scandale ? »
Je verse la farine un peu trop violament dans le récipient que je viens en mettre partout.
«Tu mérites un homme de ton temps »
«L'âge ne m'importe peu »
«Haydée, ce n'est pas un homme bon » me dit Martha en m'arrêtant dans ma tâche.
Elle me tourne vers elle et je la regarde.
«Deux de ses épouses sont mortes mystérieusement »
«Il n'y a pas de mystère, c'est son fils qui les a tué par peur de perdre le titre de succession qui lui reviendra »
Je me déteste.
Will pardonne-moi.
«HAYDÉE bon sang » s'énerve Matha.
«Je vous demande sincèrement d'arrêter votre cirque et d'être un minimum heureuse pour moi»
«C'est un homme violent » s'exclame Hariette qui était restée muette depuis tout ce temps.
«Je me moque des commérages. Toutes les trois savont pertinemment que la moitié des ragots sont faux »
«J'ai travaillé chez lui quand j'avais à peine 14 ans »
Mon regard se bloque dans celui d'Hariette.
Ses yeux m'ont tout dit, j'ai compris, je sais.
«Il est méchant, cruel et monstrueux Haydée, tu n'as même pas idée » dit-elle au bord des larmes alors que j'essaie de camoufler ma propre émotion.
«30 ans sont passés depuis, il a certainement changé et il serait aussi temps de passer à autre chose et d'essayer d'être heureuse pour moi »
Je fais mine d'aller chercher quelque chose dans l'arrière cuisine et je laisse mes larmes tomber sur mes joues.
Je craque en silence.
J'ai été odieuse et je m'en veux tellement d'avoir réagis ainsi avec elles, mais il faut qu'il n'y ait aucun soupçon.
J'efface mes larmes et je renifle un bon coup avant de revenir dans la cuisine l'air de rien.
Hariette vient d'être ajouté à la liste des personnes que je dois venger.
Je sens le regard des deux femmes dans mon dos, mais je fais semblant d'être vexée.
«Quelle ambiance ici » se moque Jamie.
Je ne répond rien et continue de préparer le petit-déjeuner.
Deux heures plus tard, je m'apprête à apporter le thé en haut et je m'attend déjà aux mêmes remarques que Martha et Hariette.
Je rentre dans le petit salon et immédiatement leur regard se pose sur moi, je lâche un vrai sourire, qui cache derrière une énorme peine.
«Est-il vrai que le Duc de Cambridge et toi étiez en rendez-vous hier après-midi ? » me demande Charles.
«Oui, c'est vrai et je dois avouer que j'aime sa compagnie »
«Mais Will Aegon dans tout ça ? ».
Je regarde Virginia qui semble complètement perdue.
«Il ne sait jamais rien passé avec cet homme, absolument rien. Ce n'est pas la première fois que je passe du temps avec le Duc de... »
«Comment ça pas la première fois » demande Charles.
«Oui, nous nous sommes déjà croisés et nous nous apprécions beaucoup »
Le couple me regarde comme si je venais de dire la grande bêtise qu'il existe sur terre.
Et si ils savaient.
«Je sais qu'il n'est pas l'homme que vous espériez pour moi, mais je suis en quelque sorte attaché à ce gentleman et si dans un avenir proche il me demanderait ma main, je crois que j'accepterai »
Un bruit sourd se fait entendre et nous nous tournons vers Hariette qui vient de renverser son plateau remplit de fruit.
Charles se lève pour aller l'aider à ramasser, mais cette dernière quitte immédiatement la pièce pendant que je me concentre pour ne pas pleurer et garder la tête haute.
Charles et Virginia s'échangent un regard remplis d'interrogation.
Sont-ils au courant de la méchanceté de cet homme ?
«Malheureusement tu es grande Haydée, tu feras tes propres choix, même si ce ne sont pas les nôtres. Nous n'avons rien à te dire là-dessus » me dit le vicomte en me rassurant.
Virginia elle ne dit rien et semble perdue.
Je verse deux tasses de thé avant de laisser la théière sur la table et de quitter la pièce.
Je décide d'aller m'enfermer dans ma chambre avant de retourner en cuisine pour aller pleurer un bon coup.
Je me pose sur le lit et je fixe le tableau devant moi pendant que mes larmes ne cessent de couler.
Il représente deux petites filles qui jouent avec un chien et je me suis toujours dit qu'il s'agissait de Louise et moi.
Je blesse toutes les personnes qui tiennent à moi et que j'aime de tout mon cœur.
Je n'imagine même pas la douleur que je vais éprouver ce soir vis à vis des filles.
