✓ HYBRIDES, heesun+ jakehoon

06. Rougeurs.

HEESEUNG.

Je ne suis que colère et ressentiment.

L'adrénaline généré par les évènements passés ne s'est pas encore extirpé de mon corps. Ma queue bat à rythme régulier, brassant l'air sur son passage en créant de petites rafales. Les épaules rehaussées, je m'apprête à sauter sur n'importe quelle personne qui prononcerait le mot de trop. Un écart, un mot que je juge comme étant une attaque personnelle me suffira pour passer à l'acte.

Aussi, je ne comprends pas pourquoi on me retiens ici.

Ils sont tous idiots !

La présence de la meute m'irrite. On m'a éloigné de lui, de Sunoo.

Qu'est-ce qu'ils veulent ? Nous séparer ? Me le prendre et se l'accaparer ? Je me battrai. Je suis plus fort que la moyenne. Je suis prêt à me battre contre n'importe qui.

— Heeseung, calme-t—

Je ne réponds qu'avec arrogance et grognement. D'un regard mauvais, je fixe cette main posée sur mon épaule. Je ne parle pas, lui faisant cependant comprendre en silence qu'il ferait mieux de retirer cette main au risque de la voir arrachée à son bras.

Surpris, Lysandre sert la mâchoire. Il s'éloigne en mettant une distance convenable entre nous.

— Qu'est-ce qui ne va pas à la fin ?

— Me parle pas.

— Pourquoi es-tu aussi agressif ?

Je l'étais parce que tout le monde constituait un potentiel danger pour Sunoo. Tant qu'on ne s'approchait pas de lui à plus de trois mètres, je n'avais pas d'envies meurtrières. Je suis plus calme en ce moment, contrairement à ce que mon frère peut penser.

— Tu m'écoutes au moins ?

Je continue ma lente marche à travers ce corridor espacé. Sur les murs, les cadres photos de mes aïeux. Ces vaillants loups de la meute, certains vétérans guerriers, qui ont marqué l'histoire et qui font la fierté des Lee. Aujourd'hui, je ne leurs accorde aucune importance. Ils n'en sont plus digne. Ma meute n'est plus digne de confiance depuis que Lysandre m'a attaqué.

On m'éloigne de lui.

Je devrais être avec lui.

Soudain, une vague de rage me frappe. Elle me fait déborder, me pousse à ouvrir les hautes portes de la salle d'audience avec violence, d'un coup de pieds. Un silence religieux m'accueille. Des coups d'œil en biais qui jugent, d'autres, intransigeants.

Seul ceux de ma sœur se veut bienveillants.

Ce n'est qu'une vaste salle au toit de verre en forme de dôme qui laisse filtrer les rayons de la lune de craie. Les faisceaux blanchâtres heurtent à peine le sol carrelé, réfléchissent contre chaque surface. Des coussins sont installés pour accueillir quelques membres haut gradés de la meute.

C'est la salle d'audience.

Prévu pour juger chaque erreur, punir quiconque aura transgressé les lois de la meute. Aujourd'hui, on m'accuse de m'être battu, non seulement contre des inconnus dans le but d'ôter la vie, mais aussi d'avoir attaqué mon frère aîné.

Au fond de la salle, une estrade et un siège se dresse. Une femme à l'aura puissante, à la chevelure ébène, de peau porcelaine, les rides n'enlevant rien à sa beauté et aux levres charnues rouges sang est installée.

Lee Garam.

— Te voilà, me lance-t-elle de sa voix de velours.

Il n'y a que face à elle que je modère de moitié mes envies de meurtres.