Chapitre 12

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"Mon dieu..." Me dit Léa, complètement sous le choc. Je hoche doucement la tête, trop embarrassée pour la regarder dans les yeux. "Pourquoi ne m'as-tu rien dis ?" Elle me demande après un court silence.

"J'crois que j'avais juste trop honte pour en parler à quelqu'un. J'avais juste l'impression d'avoir mal fait quelque chose ou d'être trop excessive par rapport à son attitude. J'suis désolé d'être restée silencieuse pendant si longtemps..."

Elle m'attrape par le menton et plonge son regard dans le mien. "Je t'interdis de t'excuser." Elle me commande sur un ton ferme. "Ce qu'on va faire maintenant, c'est qu'on va rentrer, se reposer un peu, se remettre un de nos émotions et aller porter plainte."

Mon sang se glace lorsqu'elle me fait cette suggestion. "P-porter plainte ? C'est pas un peu... extrême ?"

Elle ouvre grand les yeux, abasourdie par mes propos. Elle finit au bout de quelques secondes par froncés des sourcils, clairement énervée. "Mais qu'est ce qu'il t'as foutu dans la tête pour que tu puisse dire des trucs comme ça ce type ?"

"Il m'a rien dit, c'est juste que j'ai peur de rendre tout ça publique, c'est tout..." Je finis par avouer.

Elle ferme les yeux et soupire, surmenée par tous ces évènements. "Tu me désespère vraiment parfois..."

"Désolé..."

Elle met son doigt sur ma bouche pour me couper et me regarde à nouveau dans les yeux. "Quand je dis « pas d'excuse », ça veut dire aucune excuse." Je ne réponds pas, je ne trouve plus rien à dire. Elle continue : "Écoute, je ne peux pas déposer plainte sans toi. Si tu ne te sens pas prête, on ne le fera pas. Par contre, dés que tu auras trouver assez de courage, promet moi de m'appeler pour qu'on y aille ensemble. D'accords ?"

Je hoche lentement la tête et elle retire son index de mes lèvres. N'ayant plus rien à ajouter, Léa se lève et va s'asseoir sur le siège conducteur. Alors qu'elle me ramène, je lui demande si elle peut passer la nuit avec moi, je ne veux pas dormir toute seule, pas après tout ça. Elle accepte légèrement à contre cœur, préférant surement le confort de son propre lit. Mais, elle n'a pas vraiment le choix non plus. Après tout, quel genre d'ami.e refuserait une chose aussi futile après toutes ces révélations ?

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Le réveil a été dur pour nous deux. On manquait clairement de sommeil après cette nuit rempli d'émotions et avons eu du mal à sortir du lit. Heureusement, un café nous a permis de démarrer correctement la journée et j'ai pu allé au travail. Je savais que ça voulait dire que j'allais devoir le revoir, mais il le fallait, il faut que je lui parle. C'est pour ça que je lui ai donné rendez-vous (anonymement) à 18h, dans une salle de classe vide.

La porte s'ouvre, il est là. "Bah, tiens, qu'est ce que tu fais là ? C'est toi qui m'as dis de venir ici ?" Me demande-t-il, à la fois content de me voir et surpris par l'expression ferme que j'affiche.

Je joins les doigts pour me donner un air encore plus stricte, comme quand mes élèves sont trop bruyants et que je veux les calmer sans trop crier. "Je dois te parler de quelque chose, c'est important."

"C'est ce que j'ai cru comprendre avec le mot que tu m'as laissé, oui." La joie jusqu'à, présent encore visible sur son visage, a désormais complètement disparu, laissant ainsi place au stress, à la peur, à l'anxiété, des sentiments se mêlant parfaitement à sa confusion initiale.

Je me lève de ma chaise qui grince contre le bois de l'estrade sur laquelle se trouve mon bureau pour me rapprocher de lui. "J'aimerais comprendre ce que je suis pour toi exactement ?"

"Bah, ma copine... ?" Répond-il avec hésitation, craignant que ma question ne soit un piège.

"Vraiment ? Tu ne te foutrais pas un peu de ma gueule là ?" Il veut rétorquer mais j'enchaine avant qu'il ne le puisse. "Tu me laisse en plan, sur le canapé, comme un objet juste après avoir abusé de moi. C'est comme ça qu'on traite sa copine peut-être ?" Je commence déjà à hausser le ton. Je comptais rester calme et froide, mais apparemment ça ne va plus être possible.

"Alors, déjà, j'ai jamais « abusé » de toi." Il fait des guillemets avec ses doigts lorsqu'il dit le mot « abusé » pour me montrer qu'il ne prend pas mes accusations au sérieux du tout. "Ensuite, je ne t'ai pas « laissé en plan » non plus, je voulais juste faire en sorte de ne pas te réveiller."

"Qu'est ce que t'en as à foutre que je me réveille si c'est pour me rendormir dans un lit, au chaud ?!"

"Je sais pas, excuse moi de me soucier de ce que tu peux ressentir." Il me dit avec ironie, signe que lui aussi commence à se chauffer.

"C'est un sketch, c'est pas possible..." Je m'asseye sur la chaise la plus proche, abasourdis par ses paroles. « Je me soucie de ce que tu ressens »... D'un côté c'est ce que j'ai toujours cherché à lui faire dire et, de l'autre, ce sont des mots qui n'ont rien à faire dans cette dispute. "Tu me traite comme ta chose, et c'est maintenant que tu me dis ça ?" Je reste énervée, mais je ne crie plus comme avant.

Voyant que je me calmais un peu, son expression s'est adoucie et il a baissé d'un ton. "Je te l'ai déjà dis, tu n'es pas ma « chose », mais ma copine. Je t'aime Maxine, tu devrais le savoir."

C'est trop pour moi. Je sens les larmes coulées sur mes joues alors que j'entends ses mots. J'en avais tellement besoin, et il a fallu qu'il me les donne maintenant. "Alors pourquoi tu m'as laissé dormir sur le canap comme si j'étais qu'une moins que rien ?" Je lui demande avec quelques sanglots.

"Tu veux la vraie raison ?" Je hoche doucement la tête, n'osant même plus le regarder. "Le fait que tu t'endorme pendant l'acte m'a vraiment vexé."

J'arrête de respirer pendant plusieurs secondes, choquée. Quoi, c'est tout ?! C'était juste pour un truc de merde comme ça ! Je sers les dents. Je viens de me souvenir pourquoi je voulais le confronter et je ne vais pas le laisser s'en sortir comme ça. "Peut-être que je resterais consciente si j'étais sobre, tu penses pas ?" On peut toujours sentir les tremblements dans ma voix, mais j'ai repris du poil de la bête.

Il roule des yeux. "Dis pas ça comme si on ne le faisait que quand t'es intoxiquée."

"C'est pas ça le problème..." Je marmonne pour éviter que ma colère ne ressorte comme tout à l'heure.

Il se met à genou devant moi pour me regarder dans les yeux. "Alors dit moi ce que c'est." Me dit-il sur un ton beaucoup plus calme. "Tu n'étais pas consentante ?"

Je prends deux secondes pour réfléchir. "Si mais... C'est toujours pas ça le probl-..."

Il me coupe. "Si t'étais d'accord, si tu ne le regrette pas, il n'y a pas de problèmes." Je ne réponds pas. Il pose sa main sur mon épaule de manière réconfortante et me dit doucement. "Je comprends que tu trouve mal ce que j'ai fait. Je sais que des femmes soit drogué puis violé, je l'entends parfaitement. Mais, ce qu'on a fait tout les deux, c'est différent." Je le regarde, les yeux embués de larmes alors qu'il continue de m'expliquer gentiment. "Oui, c'est vrai, je l'avoue, ça m'excite de le faire avec une fille un peu inerte. Mais, jamais, ô grand jamais je ne coucherais de cette façon avec une fille autre ma copine et que je sais consentante."

Je sais vraiment plus quoi lui répondre. D'un côté, sa petite tirade me donne de gros frissons de gêne. Sa manière de me déclamer tout ça est vraiment creepy et je ne sais pas comment me sentir par rapport à tout ça. D'un autre côté, même si il faisait un peu peur, je peux voir qu'il à l'air sincère. Je ne veux plus être seule, alors le quittée pour quelque chose qu'il ne pensait pas mal serait absurde. Et puis, c'est peut-être moi qui invente des problèmes, j'étais sûrement trop à cran pour m'en rendre compte.

Voyant mon désarroi, Théo glisse sa main sur ma joue gauche et me chuchote. "Je t'aime bébé."

Je lui souris et lui murmure en retour "Je t'aimeaussi."

Appelle moi Maxine !Où les histoires vivent. Découvrez maintenant