Nefeli
Notre thé répand son doux parfum dans la pièce de vie alors que je m'agite à trouver d'anciens vêtements à moi. La petite fille, assise sur mon canapé, tente de couper ses cheveux devenus si longs au fil des mois. Après avoir trouvé ce que je cherchais, je les lui dépose en face d'elle et lui demande de les essayer une fois son thé fini. Ignorant ma demande, je m'assis près d'elle, attrape mon appareil photo et tris les clichés que j'ai pris ce matin. Des ruelles remplies de cadavres. Des familles misent à la porte, cherchant un peu de nourriture dans les poubelles de la cité. Des êtres ne faisant qu'un avec les murs sur lesquels ils sont collés, avec comme seuls amis les mouches, dévorant à petits feux leurs chaires. Obnubilé par ma tâche, je ne remarque pas la fillette collée à mon épaule, observant elle aussi mes photos. Seuls les mèches coupées tombant sur moi me font remarquer sa présence si proche.
— C'est pour quoi tout ça ? Cassant le silence qui s'était instauré dans la maison.
— Des photos, répondis-je, toujours concentré sur les images.
Se remettant droite, elle me regarde comme si je venais de dire une bêtise.
— Je sais, ajoutant à sa phrase un rictus. Mais qu'est-ce que tu vas en faire ? Des cartes postales ? Reprend-elle en se moquant de moi et en pointant l'appareil.
Levant mon regard sur elle, j'observe le carnage qu'elle a fait dans ses cheveux et lui prend la paire de ciseaux des mains pour arranger ça. Je me lève et vais derrière le canapé pour avoir plus de facilité à cisailler sa touffe alors qu'elle tapote du doigt sur le sofa, montrant son irritation face à mon ignorance réciproque à sa question. Je passe ma main dans sa crinière et y sens tellement de nœuds que je refuse de couper dans tous les sens au risque d'y faire une seconde bêtise.
— Lève-toi et va à la douche, lui imposai-je sur un ton doux mais autoritaire.
— Je pensais que tu étais pauvre à tout dépenser dans des tenues et que tu voulais me priver d'eau en vue de la future facture, me lache-t'elle d'un ton las, en se levant difficilement du long fauteuil.
Cette fois encore, je ne réponds pas.
Je viens en quelque sorte de lui sauver la vie, alors je ne lui dois pas de réponse.
Pendant qu'elle ouvre chaque pièce de la maison pour trouver la salle de bain, j'amasse ses mèches sur le parquet, puis ramasse la tasse où son thé n'a pas fait long feu. Rangeant le tout dans la petite poubelle et dans l'évier, j'entends l'eau couler. Ça lui fera du bien cette douche. Pendant le lavage de la vaisselle, mon esprit vagabonde dans des souvenirs.
Un bébé sortit du ventre de la mère. Soudain, une, puis deux larmes, et c'est finalement à grand pleur que la mère fêtait cet évènement. Elle venait de mettre au monde un enfant, et j'étais là, je l'ai aidée à accoucher, et à la rendre fière de ce qu'elle avait accompli.
Le nourrisson avait les mêmes traits que ceux de sa mère, et ceux de son père, pourtant, il manquait à l'appel. Trop occupé à fuir ses responsabilités, depuis qu'il savait qu'elle était enceinte.
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Le Couteau d'Athéna
FantasiDéesse de la sagesse, des arts et des sciences, protectrice d'Athènes et déesse guerrière munit de son égide, et quelque fois d'un couteau, Athéna perdit, avant de disparaitre, son arme que tous le monde convoites depuis le nouveau règne. Entre cré...