03. Retour

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Ce n'est pas un moment que j'anticipais particulièrement

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Ce n'est pas un moment que j'anticipais particulièrement. Je savais qu'il arriverait tôt ou tard, et que chaque changement dans ma vie est censé être source d'angoisse lorsque je fais mes premiers pas dans l'enceinte de la fac. Pourtant, je ne m'attendais pas à me sentir aussi indifférente face à tous ces étudiants autour de moi.

Pour la première fois de ma vie, je traverse la foule la tête haute, sans craindre les regards ni redouter les chuchotements. Mon esprit n'est plus envahi par des scénarios catastrophiques. Je me concentre simplement sur mes cours à venir.

Ce qui me paraissait auparavant insurmontable – être aussi sereine que je voulais le paraître aux yeux des autres – est maintenant devenu facile. Aussi facile que de marcher sans jeter un seul regard en arrière. Être aussi confiante me semblait un fantasme plutôt qu'une réalité ; je peine à croire que c'est enfin le cas.

Mes souvenirs m'ont l'air tellement misérables en comparaison, comme si je revoyais toute cette angoisse sans la ressentir. Ce n'est qu'une touche de fond dans mon esprit, aussi minuscule et infime qu'un point noir sur une toile. J'ai l'impression de me trouver dans un autre monde, sur une planète totalement inconnue.

Rien n'a plus de sens dans ma tête ; j'ai du mal à comprendre chacune de mes pensées, mes sensations, mes réactions. Pourquoi serait-il si difficile pour moi de traverser une simple cour ? C'est complètement absurde.

Mais rien de tout ça n'est le plus grand choc. Le véritable choc, je crois, c'est de me rendre à la fac sans la moindre envie d'étudier. Je progresse pas à pas vers ma première salle de cours. Là où je devrais être stressée, je devrais aussi être impatiente. J'adore la neurologie et suis toujours avide de découvrir de nouvelles choses, de comprendre de nouveaux principes, et surtout, de donner du sens à de nouvelles notions.

Habituellement, une vague d'émotions me submerge, mais aujourd'hui, je ne les ressens pas. Aujourd'hui, tout me semble superficiel. Pourquoi serais-je aussi enthousiaste à l'idée de simplement me rendre en cours ? Ça n'a aucun sens. Plus j'avance, plus ma vie me semble dénuée de sens.

Pourquoi me raccrocher à des sentiments aussi futiles quand étudier n'est qu'un moyen d'obtenir un diplôme et de remplir mon rôle dans la société en trouvant un emploi ? Rien de tout ça ne mérite le moindre excès d'enthousiasme.

— Naree ?

Je me tourne en arrivant à l'entrée, souriant poliment à Zaïra qui s'approche avec un immense sourire aux lèvres. Elle passe son bras derrière mon épaule, nous incitant ainsi à poursuivre notre chemin.

— Comment tu vas ? enchaîne-t-elle. Je n'ai pas eu de nouvelles depuis vendredi.

Je hausse les épaules.

— Je vais bien, juste occupée. Et toi ? T'as fait quelque chose d'intéressant ce week-end ?

C'est la question exacte pour la faire parler. Mon amie commence alors à me raconter son séjour dans les laboratoires Cerebrum, où elle a eu l'opportunité de découvrir de près les méthodes utilisées pour comprendre notre cerveau.

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