~ Trois mois plus tard ~Depuis que j'avais pris la décision de garder notre bébé, Martin s'était éloigné de moi. La nouvelle avait été un choc pour lui, et je savais que cela n'allait pas être facile, mais je ne m'attendais pas à ce qu'il se ferme autant. Quelques semaines après cette annonce, il a décidé que nous devions faire chambre séparée, et cela a été la goutte de trop. Depuis ce moment, nous vivions comme des étrangers, échangeant à peine quelques mots au quotidien.
Il rentrait tard, prétextant le travail, et partait souvent en déplacement sans même m'aviser. Cela me rongeait de l'intérieur. J'avais parfois l'impression de vivre avec un fantôme. Un soir, je l'ai surpris dans le salon, chuchotant au téléphone, dans une conversation qui semblait durer des heures. Quand je l'ai confronté, il a rapidement mis fin à l'appel, prétendant que c'était une urgence liée à son travail. Mais je savais que quelque chose clochait.
Je me sentais seule, perdue dans cette maison qui, autrefois, était un refuge de bonheur. L'idée d'élever notre enfant dans ce climat de froideur me terrifiait. Mon esprit vagabondait parfois vers des pensées sombres, mais au fond de moi, je savais que je devais être forte, ne serait-ce que pour mon bébé.
J'avais besoin de réponses, de savoir si Martin était encore là, quelque part derrière cette façade d'indifférence, ou si notre relation était irréversiblement brisée.
Lasse de cette situation, j'ai fait venir ma sœur quelques temps après pour qu'elle me tienne compagnie. Avec Flora à mes côtés, l'atmosphère était plus chaleureuse et moins pesante. Flora avait ce don de rendre les choses plus simples, même lorsqu'elles étaient compliquées. Elle me rassurait, me rappelant que je devais me concentrer sur moi-même et sur le bébé.
Un après-midi, alors que nous discutions dans la cuisine, Flora m'a regardée droit dans les yeux.
— Tu ne peux pas continuer comme ça, Jacky, m'a-t-elle dit. Tu mérites des réponses, et Martin te doit la vérité.
Je savais qu'elle avait raison. Rester passive dans cette situation ne ferait qu'empirer les choses. Alors, le soir même, j'ai décidé d'avoir une conversation franche avec Martin.
Lorsqu'il est rentré, tard comme à son habitude, je l'ai attendu dans le salon. Il avait l'air épuisé, mais je ne pouvais plus reculer.
— Il faut qu'on parle, Martin, ai-je dit calmement.
Il s'est figé un instant, puis a hoché la tête, sachant que cette conversation était inévitable.
— Pourquoi tu t'éloignes de moi ? Qu'est-ce qui se passe ? ai-je demandé d'une voix presque tremblante.
Martin a soupiré et a passé une main sur son visage. Il semblait chercher ses mots, comme s'il pesait chaque phrase.
— Tu n'en as pas marre ?
__ Martin !!!
Il m'a traversée du regard et est allé dans sa chambre.
Son attitude était insupportable. En pleurs, je suis allée dans ma chambre et j'ai évacué mes larmes jusqu'à ce que le sommeil ne m'emporte.
Au cours de la nuit, j'ai ressenti le froid. Mon corps était endolori, j'avais la tête lourde et, me sentant mal, j'ai quitté ma chambre pour me rendre dans celle de ma sœur et j'ai frappé avant d'entrer.
La pièce était faiblement éclairée et j'ai dû réajuster ma vue pour essayer de la trouver. Après quelques instants, je me suis rendue compte qu'elle n'y était pas. Confuse, je suis ressortie et j'ai refermé la porte pour me rendre dans celle de mon époux.
J'avais besoin d'aide. Je voulais qu'il prenne soin de moi comme avant. Dès que je suis arrivée devant la porte de sa chambre, j'ai entendu des sons étranges. Des bruits que j'aurais reconnus parmi tant d'autres, car ils faisaient partie de ma vie avant.
Le cœur battant, j'ai pris mon courage à deux mains et j'ai ouvert la porte doucement. La seconde suivante, mes yeux se sont posés sur une scène que je n'aurais jamais pu imaginer. Mon époux était allongé sur le dos et ma sœur se trouvait au-dessus de lui. Elle le chevauchait et criait comme une bête.
Je suis restée figée, le souffle coupé, incapable de comprendre ce que je voyais. Mon esprit refusait d'accepter l'horreur de la scène. Chaque fibre de mon être se contractait de douleur, une douleur si intense que j'en avais presque envie de vomir. Comment pouvaient-ils me trahir ainsi ? Martin, mon mari, et Flora, ma propre sœur ?
Un cri de détresse monta en moi, mais je le réprimai. Je ne pouvais pas leur donner la satisfaction de me voir brisée. Mes jambes tremblaient, mais je trouvai la force de refermer doucement la porte. Le monde semblait s’effondrer autour de moi. Chaque pas que je faisais pour m’éloigner de cette porte me semblait une éternité.
Je suis retournée dans ma chambre, le cœur en morceaux, incapable de trouver la moindre explication rationnelle à cette trahison. Comment Flora avait-elle pu me faire ça ? Comment Martin avait-il pu tomber si bas ? Mes pensées tourbillonnaient, confuses, me poussant dans des abîmes de colère, de douleur et de trahison.
Je m’effondrai sur mon lit, des larmes brûlantes coulant sur mes joues. Le monde que j'avais connu, que j'avais construit avec Martin, s'était effondré en un instant. Tout semblait soudain si vide, si dénué de sens.
Mais au milieu de ce chaos, quelque chose grandissait en moi. Une force inattendue, née de la douleur, de la trahison. Je savais qu'à partir de ce moment, plus rien ne serait pareil. Je ne pourrais plus jamais regarder ni Martin, ni Flora de la même manière. Mais je devais être forte. Pour moi, pour le bébé que je portais.
Il me restait à décider de ce que j'allais faire.
Le lendemain matin, je me réveillai avec les yeux gonflés et le cœur lourd. La trahison de la nuit précédente pesait sur moi comme une enclume, mais je savais que je ne pouvais pas fuir la réalité. J'avais besoin de prendre une décision, de trouver la force d'affronter ce qui m'attendait.
Martin et Flora étaient toujours là, dans cette maison devenue un lieu de mensonge et de douleur. Mais moi, malgré ma souffrance, je savais que je ne pouvais pas rester passive. Je me levai lentement, me regardai dans le miroir et me murmurai à moi-même :
— Je dois le faire pour moi. Et pour mon enfant.
L'idée de les affronter me terrifiait, mais je savais que je ne pouvais plus rester dans cette situation toxique. Je n’avais plus rien à perdre.
En silence, je préparai mes affaires en me répétant que c’était la meilleure chose à faire.
Ce matin-là, tout allait changer.