Lorsque j'ai terminé, j'ai pris la direction de la chambre de mon époux et, sans signaler ma présence, je suis entrée. Martin était endormi, tenant ma sœur dans ses bras. Une douleur lacérante m’a envahie. Cette trahison était horrible.Je suis restée là, figée sur le seuil de la chambre, incapable de bouger. La scène devant moi était irréelle, comme un cauchemar dont on ne peut s’éveiller. Une vague de colère et de tristesse m’a envahie. Je me suis approchée lentement, chaque pas résonnant comme un tambour dans le silence oppressant. Je cherchais à comprendre, à trouver un sens à ce tableau de désolation, mais tout semblait chaotique et confus.
J'ai senti mes jambes faiblir sous le poids de la trahison. Le murmure de mes pensées était comme un cri silencieux, un tourbillon d’incompréhension et de douleur. Martin, avec son visage serein dans le sommeil, était le symbole même de l'abandon et du déni. Quant à ma sœur, elle paraissait si paisible, si innocente dans ses rêves, et pourtant, elle était complice de cette trahison déchirante.
En essuyant une larme furtive, j'ai inspiré profondément et, la seconde suivante, comme par instinct, il s'est réveillé et m'a fixée sans dire un mot. Il n'y avait aucune gêne ni honte dans son regard. Mon cœur était en miettes.
La réaction de Martin était glaciale, presque indifférente. Son regard, dépourvu de la moindre trace de culpabilité, me faisait sentir comme si j’étais une spectatrice d’un drame dont je ne comprenais pas entièrement les enjeux. La douleur dans ma poitrine était si vive qu’elle me coupait presque le souffle. La situation semblait irréelle, un cruel reflet de mes pires craintes.
Ma sœur, encore endormie, était comme un symbole de cette trahison que je n’arrivais pas à accepter. Je me suis sentie trahie non seulement par Martin, mais aussi par celle qui était censée être ma confidente, ma complice dans cette vie. La tristesse se mêlait à une colère sourde, une rage silencieuse que je peinais à contenir.
— Pourquoi ? ai-je murmuré, à peine audible, ma voix brisée par l’émotion. Les mots semblaient impossibles à former, comme si la simple question était trop grande pour être prononcée.
Martin a lentement retiré sa main de ma sœur, se redressant dans le lit avec une lenteur presque calculée.
— Que fais-tu dans ma chambre ? a-t-il finalement dit, sa voix dépourvue de chaleur. La banalité de ses mots contrastait douloureusement avec l’énormité de la situation.
Les larmes coulaient librement maintenant, chaque goutte exprimant la déchirure de mon cœur.
Ses mots ont résonné dans ma tête comme une claque. "Ma chambre." Il l'avait dit avec une telle indifférence, comme si je n’avais jamais fait partie de cet espace, de sa vie. L’idée qu'il puisse même formuler cette question alors que ma sœur était encore blottie contre lui me rendait folle.
Je me suis avancée un peu plus, mes poings serrés le long de mon corps, mon souffle court et irrégulier. Une partie de moi voulait hurler, le frapper, faire exploser cette bulle d'indifférence qu'il s'était construite autour de lui. Mais au lieu de cela, ma voix est sortie plus froide, plus dure que je ne l’aurais cru possible :
— Ta chambre ? ai-je répété, le venin coulant dans chaque syllabe.
Il me regardait toujours, les yeux plissés, comme s'il ne comprenait pas pourquoi je me tenais là, pourquoi je me permettais de lui poser des questions.
Ma sœur commençait à bouger à côté de lui, sa respiration devenant plus consciente, ses paupières tremblantes. Elle allait se réveiller, et je n'avais aucune idée de ce que je ferais ou dirais lorsque ses yeux se poseraient sur moi. Mais à cet instant, tout ce que je voyais, c’était Martin, ce masque de froideur qu’il avait arboré, cette distance insupportable qu'il avait mise entre nous.
— Pourquoi ? ai-je répété, la gorge nouée. Pourquoi m’as-tu fait ça ? Pourquoi elle ? Pourquoi nous ?
Mais aucune réponse ne venait. Seulement ce silence lourd, oppressant, comme s’il ne jugeait même pas nécessaire de se défendre. Et c’est à cet instant que j’ai compris : il n’y avait peut-être jamais eu de réponse à attendre.
La tension dans la pièce était palpable, chaque seconde s’étirant comme une éternité. Martin ne bougeait pas, son regard figé sur moi avec une froideur glaciale. Il n'y avait ni excuse, ni regret dans ses yeux, seulement une indifférence que je ne pouvais pas comprendre.
Ma sœur, désormais pleinement éveillée, cligna des yeux et se redressa lentement, ses mouvements hésitants trahissant la confusion. Elle regarda d'abord Martin, puis moi, avec une expression qui se transformait rapidement en une prise de conscience douloureuse. Je pouvais voir dans ses yeux la réalisation de ce que cette situation signifiait pour nous trois.
Je me suis sentie trahie, non seulement par Martin, mais aussi par elle. La douleur m’étouffait, rendant chaque respiration difficile. Les larmes coulaient sans arrêt, et je les essuyais d’un geste machinal, incapable de stopper leur flux.
Enfin, j’ai détourné les yeux de Martin, incapable de supporter davantage son regard. Mon cœur était lourd, écrasé par un sentiment d’impuissance et de déception. Je savais que rester ici ne ferait qu’amplifier la douleur.
Les mots se déversaient de moi comme une rivière en crue, brutale et incontrôlable. Chaque syllabe était chargée de désespoir et de confusion, chaque question une percée dans l'obscurité de la trahison.
— Tu aurais pu choisir n'importe quelle femme, pourquoi ma sœur ? Tu veux me briser, c'est ça ? Que t'ai-je fait, bon sang ?
Martin ne bougea pas, son visage toujours aussi implacable, presque dénué de toute humanité. Ma sœur, à côté de lui, semblait se fondre dans une honte profonde, ses yeux cherchant désespérément une échappatoire, mais trouvant seulement le vide.
La réponse à ma question était un gouffre béant de silence. Martin demeurait de marbre, incapable ou indifférent à l’incompréhension et à la douleur que j’exprimais. Sa froideur était comme une cloison impénétrable entre nous.
Ma sœur, les larmes aux yeux maintenant, essaya de se lever, les gestes maladroits et hésitants. Sa voix, tremblante, tentait de justifier l'injustifiable :
— Je… je ne savais pas comment te le dire… Je suis désolée…
Mais ses excuses semblaient si insuffisantes face à l’ampleur de la trahison. Le poids de la situation était trop lourd, trop dévastateur pour être apaisé par des mots. Le fait qu'elle ne puisse pas comprendre, ou ne veuille pas affronter l’ampleur de sa faute, n’en faisait qu’ajouter à ma douleur.
J'ai pris une grande inspiration, essayant de rassembler les fragments brisés de mon calme. Une partie de moi voulait hurler, tout casser, tout effacer. Mais l'autre partie, plus sage et épuisée, savait qu'il était temps de partir, de laisser cette scène derrière moi, aussi dévastatrice soit-elle.
— C'est fini, je suis fatiguée, Martin. J'abandonne.
Sans un autre mot, je me suis tournée, me dirigeant vers la sortie avec un pas lourd, chaque mouvement empreint de la douleur de cette nuit. La porte se referma derrière moi, et je me retrouvai dans le couloir sombre, les larmes continuant à couler, et le poids de la trahison pesant lourdement sur mes épaules.