Chapitre XVII: Ta femme

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(Démarrez la vidéo, baissez le volume et détendez vous. Bonne lecture)

Acte 2🟤: lutte intérieur et les non dits



Life is what happens to us while we are making other plans.
Allen Saunders









Ryan.



Debout près de la porte, je l'observe s'allonger machinalement. Cela me ramène à notre nuit de noces froide, distante, comme chaque interaction entre nous depuis.
Je prends une profonde inspiration avant de m'avancer vers le lit.
Elle s'est allongée tout au bord, malgré l'immensité de ce lit qui pourrait accueillir six personnes de sa carrure. Un seul mouvement brusque, et elle retrouverait au sol. Les mains dans les poches de mon pyjama, je la dévisage, scrutant chaque détail. Son corps est immobile, figé comme une statue.

Notre relation n'est pas idéale, loin de là, mais voir qu'elle est toujours effrayée à l'idée de se retrouver seule avec moi me pince légèrement. Ce n'est pas une douleur franche, mais une gêne ou une culpabilité sourde que je refoule aussitôt.

Elle a pourtant pris ses marques ses temps ci , joue à la perfection le rôle de l'épouse lors des dîners et événements mondains. Elle a appris à sourire, à répondre sans trembler, à porter ce masque d'assurance. Mais tout cela s'effondre lorsque nous sommes seuls. Je deviens d'une certaine manière, je suis son prédateur, et elle... une proie.

Un sourire, fin et mesquin, m'échappe à cette pensée.

Je finis par soupirer, éteignant la lampe de chevet avant de m'allonger à mon tour sous la couverture. Un léger sursaut trahit son faux sommeil.

– Éteins ta lampe. Je n'est pas les mains baladeuses dans mon sommeil.

Elle obéit, éteignant la lumière sans un mot. Je lui tourne le dos. Le sommeil ne me vient que dans l'obscurité totale, mais ce soir, je sais que l'obscurité ne suffira pas.

Les pensées se bousculent dans ma tête. Les événements de la soirée défilent : mon passage chez Alice, qui a dégénéré, la visite surprise de ma mère, et cette alliance... ce foutu anneau qui semble me serrer le doigt comme un étau.

D'un geste irrité, je retire la bague et la pose bruyamment sur la table de chevet.

«Putain de métal», criant je au fond de moi


Je reste éveillé, les yeux ouverts, jusqu'aux premières lueurs du matin. C'est à ce moment-là que je sens son poids quitter le lit. Elle s'est levée, emportant son oreiller avec elle, et quitte la chambre.

Elle n'a pas dormi une seule seconde. Moi non plus. Et ça m'agace.

Lorsque le jour est complètement levé, je me résigne à me lever. Une douche froide, comme d'habitude pour éloigner la fatigue. Je m'habille d'un costume impeccable, sans cravate ; c'est un lundi, après tout.
Je récupère mon alliance sur la table de chevet, la glisse à mon doigt, et enfile, par-dessus, mon masque d'époux parfait, dissimulant soigneusement les pensées qui me rongent et classant mentalement mes priorités de la journée.

Je dois régler cette histoire de dispute, et mon frère doit sûrement en savoir quelque chose.

Je descends rapidement les marches, traversant le salon d'un pas pressé, quand j'entends la voix de ma mère m'interpeller depuis la cuisine. Je m'arrête net et fais demi-tour.

Elle est assise sur l'un des tabourets, une tasse à la main.

– Bonjour, maman, dis-je avec le peu de politesse qu'il me reste.

Juste 5ansOù les histoires vivent. Découvrez maintenant